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MOTOGP - Marc Marquez (Honda HRC), la perpétuelle réinvention

Julien Pereira

Mis à jour 24/10/2018 à 13:16 GMT+2

GRAND PRIX DU JAPON – Dimanche, à Motegi, Marc Marquez (Honda HRC) a décroché un cinquième titre en catégorie reine, au bout d'une saison où il aura amorcé une nouvelle métamorphose.

Marc Marquez (Honda HRC) lors du Grand Prix du Japon 2018

Crédit: Getty Images

On pourrait se contenter de l'idée selon laquelle Marc Marquez (Honda HRC) a mûri avec l'âge, en omettant qu'il n'a que 25 ans, et ne voir son évolution que par ce prisme. Ce serait une erreur, bien sûr, puisque le cinquième titre MotoGP enlevé par l'Espagnol à Motegi ne découle pas seulement du temps. Il est le résultat d'autres vertus, bien plus complexes, impossibles à appréhender par monsieur tout-le-monde, ni par un pilote lambda. Marquez n'est ni Freddie Spencer, ni Valentino Rossi, mais il est aussi unique que ces deux-là et que tous les autres génies de ce sport. Il l'est devenu, à sa manière, sans choisir la plus simple.
Marquez, troisième au palmarès MotoGP
Pour comprendre Marquez, il faut d'abord admettre que son rapport au risque n'est pas le même que les autres, et que son style et sa personnalité ont gravité autour de cette propriété. Le Catalan a continuellement cherché les limites en acceptant de les dépasser, et il aurait considéré le "Sepang Clash" et sa dernière remontée argentine comme des jeux s'ils n'avaient pas eu ces répercussions sportives et médiatiques. En piste, le prodige devenu quintuple champion du monde fait ce que les autres ne font pas. Parce qu'ils en seraient incapables. Ou parce qu'ils n'oseraient même pas.

Marquez et le rapport au risque qui n'est pas "humain"

C'est la raison pour laquelle il a été perçu comme un OVNI à ses débuts en MotoGP, avant de découvrir, en 2015, qu'être une exception pouvait aussi se payer au prix fort. Cette année-là, le pilote de Cervera avait eu la main sur le développement de la machine. Le constructeur japonais, "parti dans la mauvaise direction" parce que son leader avait "peut-être fait une erreur pendant la pré-saison" - comme il l'a admis plus tard - avait accentué la nervosité du moteur de la RCV pour coller à l'agressivité du pilotage de son champion. Il avait chuté 6 fois en course et manqué le titre pour la première fois de sa carrière en MotoGP. Une fois pour toutes.
Cet exercice gâché aurait eu des conséquences néfastes sur le pilote s'il n'avait pas eu l'intelligence de se réinventer, sans impacter sa nature. Jusqu'à présent, Marquez n'avait jamais cherché à réduire son nombre de chutes saisonnières, considérant simplement qu'elles n'étaient que les conséquences d'un style unique mais pas infaillible. Alors il a tenté de compenser les brèches, sans les combler. Le Catalan a perdu le contrôle de sa machine à 18 reprises cette saison. A trois manches de son terme, la somme est déjà supérieure aux totaux de ses quatre premières années en catégorie reine.

Compenser le style, sans chercher à le rendre infaillible

Cette compensation est passée par un travail technique colossal, appris sur le tas, en acceptant la part de risque engendrée. Il est, aujourd'hui, le seul homme capable d'utiliser ses bras et ses genoux comme appuis lorsque sa machine n'en a plus. "Cela nous fait tous avoir l'air idiot, lamentait d'ailleurs Cal Crutchlow (Honda LCR), il y a quelques mois. Il est si proche du sol quand il incline sa moto ! Tous les autres pilotes sont plus centrés sur leur machine. On devrait donc apprendre à faire comme lui mais après avoir passé 15 ans à piloter une moto avec un certain style, il est impossible de l'imiter." Il faudrait, aussi, accepter l'exigence physique d'une telle approche. "Il ne fait que s'étirer, toute la journée, ajoutait l'Anglais. Je ne vais pas commencer à enrouler mes jambes autour de mon cou comme il le fait. Mais ce truc devrait faire passer Marc dans un reportage. C'est peut-être pour ça qu'il ne se blesse pas."
Mais Marquez ne se repose jamais sur ses acquis, et ses prochains succès passeront encore par un autre renouveau. Ces dernières semaines, le quintuple champion du monde a répété à l'envi qu'il souhaitait évoluer. "Mon objectif est de changer de style, et de faire en sorte qu'il ressemble plus à celui de Dovizioso : pencher un peu moins la moto pour accélérer plus, précisait-il en Thaïlande. Mais pour le moment, ce n'est pas possible." Ce n'est surtout pas urgent. "Il s'améliore année après année, travaille pour s'améliorer et ne se repose pas sur ses succès, a rapporté l'Italien à nos confrères de Movistar, ce dimanche. C'est ce qui fait de lui ce champion."
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