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Johann Zarco (Yamaha Tech3) connait le chemin de la victoire

Stéphane Vrignaud

Mis à jour 18/03/2018 à 15:40 GMT+1

GRAND PRIX DU QATAR - Johann Zarco a conquis une magnifique pole position samedi qu'il doit désormais transformer en succès. Après avoir surmonté la pression inhérente à son statut de candidat désigné au titre, il lui reste à régler sa Yamaha pour finir le travail commencé à Losail en 2017.

Johann Zarco (Yamaha Tech3) au Grand Prix du Qatar 2018

Crédit: Getty Images

Johann Zarco bouscule le monde de Grands Prix comme rarement un pilote d'une équipe satellite ne l'avait fait, car c'est une véritable sensation qu'il a créée samedi en s'octroyant la pole position du Grand Prix du Qatar. Il faut dire qu'un constructeur comme Yamaha n'aime pas se faire voler la vedette par un pilote d'une équipe B en finissant aux septième et douzième rangs qualificatifs, avec à 0"7 sa star Valentino Rossi et à 1"0 son espoir Maverick Viñales, depuis plusieurs mois méconnaissable vainqueur de l'édition 2017 à Losail.
La firme au Diapason est aussi pour le moins embarrassée d'attaquer l'exercice avec cette situation qu'elle a elle-même fabriquée, et à laquelle elle doit répondre dans le paddock ; se justifier tant bien que mal. Pourquoi diable n'a-t-elle pas accordé au surdoué Français de Tech3 un matériel top class après une saison 2017 de feu ? La logistique doit avoir ses raisons, les finances peut-être aussi, mais l'effort lui aurait au moins offert une pirouette triviale. Le cas de figure d'un Zarco au firmament s'est présenté à la première occasion et avec 19 qualifications et 19 courses à l'agenda de 2018, la saison médiatique de la firme d'Iwata risque d'être longue…

"J'ai essayé de me relaxer. Et j'ai chuté"

Son boss de la compétition, Lin Jarvis, a avancé jeudi que #JZ5 disposait d'une moto finalement proche de celles de Rossi et Vinales, et parfois meilleure. Le natif de Cannes a 500trs/min de plus qu'en 2017 et la puissance n'est pas forcément la panacée, c'est vrai. Le style de pilotage exigé par les différents circuits visités, la capacité à créer un bon compromis en faisant fonctionner sa machine avec les pneus et l'électronique - ce sur quoi butte actuellement Rossi sans parler de Vinales - jouent énormément dans le résultat final. Mais il est difficile de ne pas imaginer un Zarco plus fort avec une panoplie de solutions plus ample. Sans parler de requêtes qu'il pourrait formuler en termes de développement.
Ce qui est formidable dans tout ça, c'est que pour Johann Zarco, Losail a été un point d'orgue là où le naufrage aurait été facile, compréhensible. Il ne s'est jamais désuni. Ni cet hiver en comprenant qu'il n'aurait pas de statut d'officiel Yamaha, ni vendredi ou même samedi, lorsqu'une chute dans le virage n°16 l'a perturbé en essais libres 4. Bien d'autres y auraient laissé une bonne part de sérénité juste avant la qualification. On le voit dans une scène de son retour au box, avec ses premières explications. "J'ai perdu l'avant, comme il est toujours à la limite…", commence-t-il par expliquer à Guy Coulon, le chef mécanicien de Tech3. "J'ai essayé de me relaxer. Et j'ai chuté (…) Avec plus de poids (d'essence) et le pneu usé… waouh, waouh, waouh (il mime un guidonnage…) Je pense que nous avons fait des progrès, puisque nous sommes plus rapides que la dernière fois. Ce n'est pas une moto pour gagner la course", ajoute-t-il.

"J'ai débuté vendredi sous tension"

Qu'en penser ? Le Sudiste est capable de faire très vite "reset" et il reste au maximum positif. Il se dit toujours que rien n'est figé, qu'il est possible de progresser. Pour s'en convaincre, on peut voir à quel point un Jorge Lorenzo a perdu ses moyens à force de s'énerver sur tout et n'importe quoi depuis vendredi. Un test de départ raté, une selle mal réglée, une panne sur sa Ducati, un coéquipier mieux classé que lui…
Dans le money time de la Q2, le tour de pole position de Johann Zarco fut tout bonnement une merveille, et ceux qui comptaient sur lui pour le prendre en point de mire en ont été pour leur frais. Ce qui est bluffant, c'est qu'il est finalement en train de reproduire le schéma de ses deux dernières années de Moto2, celles de ces titres. En 2015, il avait fait un fantastique champion du monde qui avait pris le risque de redoubler, faute de guidon d'usine (chez Suzuki) en MotoGP. En 2016, il avait surtout supporté l'énorme pression de la confirmation, en connaissant quelques difficultés au début. L'année 2017 a été celles de tous les éblouissements, des audaces au milieu de paris stratégiques parfois désastreux mais toujours assumés, et il se savait attendu cette année dans la caisse de résonnance décuplée du MotoGP.
"Depuis jeudi, on m'annonce, 'Ah, Johann il peut jouer le titre'… et je sens que la pression monte", a-t-il relaté après sa pole. "J'ai débuté vendredi sous tension, j'ai fait quelques erreurs et je me suis énervé, mais c'était une manière d'apprendre, encore. Aujourd'hui, j'étais beaucoup plus à l'aise. J'ai fait une chute en FP4… Ça ne m'a pas mis en doute, ce n'ai jamais marrant de chuter. Là, par contre, en pneus neufs et peu d'essence, c'est une sensation que j'aime beaucoup depuis les tests." Et en pilote qui marche au feeling et au naturel (ne pas rouler en force comme son idole Rossi), il s'est laissé porter par sa M1.
On ne l'oublie pas, il a jugé après les essais libres 4 sa machine incapable de gagner, en l'état. La qualification n'ayant pas changé la donne, il aura eu le warm-up pour trouver de la confiance et du confort sur son pneu avant de se lancer dans la course. Avec le souvenir que c'est précisément sur une perte d'adhérence à l'avant qu'il avait achevé son show de six tours l'an dernier. Une expérience qui pourrait s'avérer déterminante dans le résultat final.
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