Jeu en eaux troubles

Durant de longues années, la natation française ne suscitait aucun commentaire. Ni avantageux, ni désagréable. Confinés dans un environnement sans pression, les nageurs français n'existaient que lors d'exploits ponctuels signés Plewinski, Caron ou Esposito. Les temps ont évidemment bien changé. Pour le plus grand bien d'un sport qui a su surfer sur la vague Manaudou.

Depuis, chaque sortie d'un nageur français est scruté de près. En ligne de mire de ce soudain intérêt médiatique, des performances de niveau mondial qui ont replacé les nageurs français sur l'échiquier international. Le sprint masculin en étant sa meilleure vitrine actuelle. Sauf que cette nouvelle exposition suscite désormais des commentaires moins dithyrambiques. La faute aux fameuses combinaisons qui auront empoisonné la semaine des championnats de France.

En marge de la dernière journée de compétition, la fédération a enfin réagi aux propos de certains nageurs qui dénonçaient le grand n'importe quoi né de l'apparition des combinaisons actuelles. Allant même plus loin à l'image d'Amaury Leveaux qui déclarait : "Entre nageurs, nous parlons. Et nous voyons bien que des mecs vont entrer en équipe de France alors qu'on n'aurait jamais pu l'imaginer sans la Jaked.... Et que dire des records qui n'ont plus aucun sens".

Devant le tollé général, le président de la fédération a cherché à jouer la carte de l'apaisement. "Je voudrais m'élever en faux contre cette affirmation qui consisterait à dire qu'aujourd'hui la composition de l'équipe aux Championnats du monde est surfaite par rapport à la qualité des nageurs", a assuré Francis Luyce. "Ce qui nous importe avant tout, ce sont les performances réalisées par les nageurs. Qu'elles soient peut-être facilitées sensiblement ou pas par l'apport d'un certain nombre de type de matériel qu'il suffirait de porter pour nager vite: Non! Ceux qui sont à Rome le sont sur leur valeur, et non par le fait du hasard ou d'une combinaison portée dans une circonstance particulière".

Une manière de reconnaître que les nageurs avec ou sans combinaison ont aussi du talent. Une donnée évidente mais qui ne trouvera réellement confirmation que lors des Mondiaux de Rome fin juillet (26 juillet-2 août).