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Cristiano Ronaldo / LeBron James : mêmes quêtes, mêmes conséquences funestes

Loris Belin

Mis à jour 31/10/2018 à 12:23 GMT+1

L'été dernier, deux légendes vivantes de leur sport se sont lancées dans ce qui devrait être le dernier défi de leur carrière : rejoindre la Juventus pour Cristiano Ronaldo, les Lakers pour LeBron James. Un pari en de nombreux points similaires et qui a déjà offert une coïncidence troublante, leurs anciennes équipes se sont séparées de leurs entraîneurs respectifs à quelques heures d'intervalle.

Cristiano Ronaldo / LeBron James

Crédit: Eurosport

L'été 2018 aura été celui de tous les coups de chaud. Au thermomètre bien sûr, mais aussi dans le monde du sport. En cause, deux transferts qui marqueront l'histoire de leur discipline par l'identité des joueurs impliqués. Rares sont les sportifs à pouvoir prétendre au rang de légendes vivantes. Encore moins fréquents sont ceux qui se sont déjà octroyés une place dans l'Olympe de leur art en étant toujours un des principaux contributeurs. Cristiano Ronaldo et LeBron James sont de cette classe à part.
La star portugaise du football comme le génie américain du basket ont pourtant pris le risque d'altérer l'héritage que laisseront leurs carrières au beau milieu des congés annuels. Ronaldo a mis fin à son règne madrilène pour tenter de séduire la Vieille Dame turinoise. James avait choisi quelques jours plus tôt de faire une deuxième pause dans sa difficile idylle avec les Cleveland Cavaliers. Deux tremblements de terre effectués presque en douceur, annoncés avec une sobriété qu'on ne connaissait ni à CR7, ni à “King” James, plutôt enclins à tout renverser sur leur passage. Pour ce qui est des répliques de ces séismes jumeaux, elles ont déjà causé des dégâts considérables, à commencer par leur épicentre, leur ville de départ.

"Rien de si doux que de triompher de la résistance"

Pas le même sport, pas le même décor, ni tout à fait les mêmes enjeux. Mais ces deux transferts retentissants ont en eux bien des analogies. Après avoir tout raflé avec le Real, dont les trois dernières Ligue des champions, Cristiano Ronaldo en a eu assez. La domination et la réussite ont fini par lasser, même dans ses propres rangs. “Je sentais à l’intérieur du club, surtout de la part du président Florentino Pérez, qu’on ne me considérait plus comme au début, explique-t-il dans le dernier France Football. Il ne m’a jamais regardé que comme une relation d’affaires. Je le sais. Ce qu’il me disait ne venait pas du cœur.” Du cœur, de l'ego, de l'envie, appelez cela comme vous le souhaitez. C'est tout ce que CR7 est allé chercher du côté de la Juventus. Ça, et un irrépressible désir de garnir encore son chapitre dans les annales du football en essayant de ramener la mythique équipe turinoise sur le toit de l'Europe.
LeBron James n'a pas connu autant de titres ces dernières saisons, la faute en partie aux quasi invincibles Golden State Warriors. Mais après avoir atteint huit finales NBA consécutives et avoir apporté à Cleveland la bague de champion qui lui manquait tant, le gamin d'Akron n'avait plus rien à prouver. Pas plus individuellement que collectivement. Son déménagement à Los Angeles était autant une opportunité rêvée d'accroître ses affaires extra-sportives qu'une bouffée d'air frais dans une carrière bien remplie. Choisir les Lakers, c'était aussi se mettre dans les traces de tant d'autres immenses joueurs qui ont porté le maillot pourpre et or au firmament de la balle orange, et tenter de faire briller à nouveau cette franchise historique. A L.A., attendre un titre depuis 2010 est l'équivalent d'une éternité pour l'écrasante majorité des autres équipes de la ligue.
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LeBron James (Los Angeles Lakers) le 24 septembre 2018 à El Segundo

Crédit: Getty Images

Alors Cristiano et LeBron sont partis sous d'autres tuniques, voir ailleurs si les trophées n'y étaient pas. Il leur a fallu un petit temps d'adaptation, assez court pour le footballeur (fanny les trois premières journées de Serie A, 7 buts en 7 matches depuis), un peu plus conséquent pour les Lakers de LBJ, partis de plus loin avec un effectif grandement renouvelé (2 victoires - 5 défaites pour débuter la saison). Mais leur impact n'a pas attendu pour se faire ressentir tant médiatiquement que par leurs prouesses sur le terrain. Ce qui est d'autant plus vrai pour le vide qu'ils ont laissé dans leurs anciennes équipes.

A 25 heures d'écart

Plus rapide que leur adaptation dans leur nouveau chez-eux est la chute de leur ancienne place forte. En quelques heures, les Cavaliers et les Merengue ont annoncé se séparer de leur entraîneur respectif Tyronn Lue et Julen Lopetegui après un début de saison proche d'un cauchemar.
Dimanche, 19h36 heure française. Dans l'Ohio, l'annonce n'a pas surpris grand monde tant le désormais ex-technicien était loin de faire l'unanimité sur le banc des Cavs depuis son arrivée en janvier 2016. Son titre NBA obtenu quelques mois plus tard au terme d'une remontée incroyable contre les Warriors n'aura été que l'écran de fumée de ce que de nombreux observateurs et supporters qualifiaient au mieux d'esbrouffe, au pire d'escroquerie.
Difficile d'être le maître à bord quand le cerveau de votre équipe est LeBron James. Et si Lue a longtemps bénéficié de l'étiquette de "proche" et "ami" de la star, le départ de cette dernière a laissé un tel vide dans le jeu qu'elle a également causé sa perte. Après six défaites en autant de matches, Cleveland a exposé tous les manques tactiques et techniques que le talent de "l'Elu" comblait soir après soir pour lui et pour mettre en valeur ses coéquipiers. Et plutôt que de pratiquer la politique de la terre brûlée, ou tanking de l'autre côté de l'Atlantique, le champion 2016 s'est accroché à ses autres "cadres" sans apporter de réel sang neuf sur le parquet ou sur le banc. Bien mal lui en a pris, alors que les briques d'une possible reconstruction ne sont pas légion entre un effectif vieillissant et un nouveau leader Kevin Love déjà à l'infirmerie pour un mois. Remplacer une pièce qui tient autant du Roi que du Cavalier par une collections de pions et de quelques fous (coucou J.R. Smith) était une véritable utopie. Au moins autant que suppléer Ronaldo, mâle alpha et omega du jeu madrilène, par une œuvre collective a tout aujourd'hui de la fausse bonne idée.

De la difficulté d'un ciel sans étoile

Lundi, 20h58. Le couperet tombe pour Lopetegui, évincé seulement 139 jours après son arrivée. Le Real a cru bon de s'appuyer sur la même base de haut vol, les Modric, Ramos, Isco, Asensio et compagnie pour se lancer dans la quête d'une quatrième Ligue des champions de rang. Mais entre décompression mentale classique d'une équipe aussi longtemps à de telles hauteurs et faillites individuelles à répétition, le crash semblait inévitable.
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Marcelo - Barcellona-Real Madrid - Liga 2018/2019 - Getty Images

Crédit: Getty Images

Lopetegui, à peine débarqué de la sélection espagnole avec fracas, n'a pas su trouver la solution miracle pour sortir les siens de la torpeur et de ces huit heures sans marquer. La Maison blanche tient toujours le ballon mais n'a plus les ressources pour forcer les décisions et mettre la balle au fond. Exactement le genre de situations où les qualités individuelles et la mentalité de gagnant de Ronaldo faisaient merveille. Et manquent donc aujourd'hui cruellement. A ceci s'ajoute la fin de l'ère Zidane, parfait dans un rôle de maestro pour mettre en lumière le talent de ces artistes et les galvaniser au moment d'affronter les projecteurs des plus grandes scènes.
"On n’a pas besoin de lumière, quand on est conduit par le Ciel" écrivait Molière dans Dom Juan. Encore faut-il avoir l'étoile du Berger pour éclairer suffisamment le chemin. Qu'elle se nomme Cristiano Ronaldo ou LeBron James, parties vers d'autres galaxies.
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