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Top 100: Tsonga fait tomber le roi, acte I

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 11/06/2013 à 12:43 GMT+2

Suite de notre Top 100 des grands moments du sport français de ces 30 dernières années. Au programme mardi, Tsonga, l'OM ou encore Renaud Lavillenie.

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75. TSONGA S'OFFRE FEDERER DANS LE TEMPLE DU GAZON
C'était quoi? Trois sets venus d'ailleurs. Un exploit sur lequel personne n'aurait misé. La fin d'une incroyable série.
L'histoire: 179. Roger Federer avait remporté 179 matches de suite en Grand Chelem après avoir remporté les deux premiers sets. Quand le Suisse mène 6-3, 7-6 dans ce quart de finale face à Jo-Wilfried Tsonga à Wimbledon, les chances du Français paraissent donc minces, pour ne pas dire quasiment nulles. Puis Battling Jo a sorti trois sets sortis d'on ne sait trop où. Trois sets d'une qualité ahurissante, spécialement au service. Pas un joueur au monde ne peut le breaker quand il joue comme ça. Mentalement, Federer, devenu impuissant, a fini par plier. Tsonga aligne trois sets limpides, avec à chaque fois un break à la clé: 6-4, 6-4, 6-4. Battre Federer sur le court central de Wimbledon, c'est une performance énorme mais pas inédite. Un an avant, Berdych en avait fait de même, en quarts de finale, déjà. L'exploit, le vrai, c'est d'avoir surmonté un handicap de deux sets face au maitre des lieux. Une première face à Federer en Grand Chelem. En réalité, après avoir concédé le break sur son premier jeu de service, Tsonga n'a plus offert la moindre balle de break de tout le match. Un petit chef d'œuvre.
Quelle portée? Même s'il ne marchait pas sur l'eau comme lors de sa victoire contre Nadal à l'Open d'Australie 2008, c'est probablement la plus grande performance de la carrière de Tsonga. Battre Federer en cinq sets à Wimbledon, en ayant été mené deux sets à rien, c'est tout simplement énorme. JWT est le seul joueur français à avoir battu le Suisse en Grand Chelem, et il a même récidivé la semaine passée à Roland-Garros. Mais cet acte I, dans le jardin du roi, était plus marquant encore.
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74. QUAND L'OM EST DEVENU GRAND
C'était quoi? Un rendez-vous guetté pendant des mois. Une heure de vérité. Presque un rite de passage. Au bout, une réussite majeure, avec juste ce qu'il faut de folie et d'improbable pour rendre la performance inoubliable.
L'histoire: En ce début des années 90, le football français est en mal de rêves de grandeur.  Les Bleus sont au creux de la vague. Ils viennent de manquer l'Euro 1988 et le Mondial 1990. Ils n'ont pas encore fait le deuil de la génération Platini. Quant à ses clubs, ils peinent, et c'est peu de le dire, à peser au plus haut niveau. Un peu à la manière des Verts de Saint-Etienne dans les années 70 (même si le creux de la vague était alors bien plus profond), l'émergence de l'Olympique de Marseille redonne donc des couleurs, au-delà du club phocéen, à tout le football tricolore. D'autant que l'OM bénéficie d'une grosse cote à l'époque. Et son élimination injuste (la main de Vata) en demi-finales de la Coupe des champions 1990 a encore accru son capital sympathie. Lorsqu'il défie l'AC Milan au printemps 1991, en quarts de finale, l'évènement est considérable. Milan, à l'époque, c'est la référence ultime. Double tenant du titre (personne n'a réussi à conserver sa couronne européenne depuis…), le club lombard, dirigé par Berlusconi et entrainé par Sacchi, est surtout sublimé par le talent de ses stars, qu'elles soient italiennes (Baresi, Maldini, Donadoni) ou néerlandaises (Van Basten, Gullit, Rijkaard).
Pour l'OM de Tapie, c'est le test parfait. Les circonstances servent le champion de France. A San Siro, Baresi est blessé, van Basten suspendu. Raymond Goethals a préparé son plan habituel: une énorme couche de béton (huit joueurs à vocation défensive) et le trio magique Pelé-Waddle-Papin devant. A l'exception d'une grosse bourde défensive qui offre l'ouverture du score aux Rossoneri, la stratégie du vieux clopeur belge fonctionne à merveille. Marseille a trop de maîtrise, de certitudes et de talents pour ne pas se relever de sa bourde initiale. Après une combinaison parfaite de son trio majeur, Papin égalise. L'OM rentre au pays avec un nul prometteur (1-1). Au retour, dans un des matches probablement les plus tendus jamais joués en France à ce niveau, il faudra un coup d'inconscience de Chris Waddle pour libérer le Vélodrome. Groggy par un coup de coude de Maldini, l'Anglais ne sait plus où il est. A un quart d'heure de la fin, dans un état second, il tente une improbable reprise de volée du pied droit, lui le gaucher. Elle fait mouche.
Milan, terrassé, perd donc sa double couronne, et les pédales avec. Prenant prétexte de la chute de tension d'un pylône du Vélodrome, les Milanais refusent de finir le match. Fait unique, c'est donc sans eux que l'arbitre, M.Johansson, relance la rencontre après une courte interruption. L'attitude incompréhensible des Italiens leur vaudra aune suspension d'un an. Pour l'Olympique de Marseille, cette qualification, c'est la reconnaissance attendue. Une façon d'être adoubé dans la cour des grands. Il y a comme un parfum de passation de pouvoir qui flotte dans l'air ce 20 mars. Elle mettra pourtant deux ans, et non deux mois, à se matérialiser: il faudra attendre mai 1993, pas mai 1991, pour que l'OM aille au bout de sa folle ambition.
Quelle portée? Pour beaucoup, le grand OM, le vrai grand OM, c'est celui de 1991, pas celui de 1993. Pour beaucoup d'autres, sortir le Milan de 1991, c'était autre chose que de battre le Milan de 1993. Même en finale. Dans les deux cas, il est difficile de leur donner tort. Bien sûr, historiquement, en termes de palmarès, la victoire de Munich pèse cent fois plus que celle-ci. Mais sportivement, la grande performance européenne de l'OM de Tapie, c'est le quart de finale remporté face aux Rossoneri au printemps 1991. Marseille était au-dessus de celui de 1993. Milan aussi. Plus de vingt ans après, cela reste, aujourd'hui encore, comme une référence. Et un des plus grands exploits de l'histoire des clubs français en Coupe d'Europe.
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73. PICCARD ET L'AVENTURE TOP GUN
C'était quoi? Une première pour une grande première. La fin d'une longue attente, aussi. Le début d'un renouveau, aussi.
L'histoire: Personne plus que Franck Piccard ne peut remercier Serge Lang, Toni Sailer et Peter Baumgartner. Les trois hommes sont à l'origine de la création de ce qui allait devenir le Super G, dans les années 80. Compromis entre la descente pour la vitesse et le géant pour son aspect technique, cette course hybride est inscrite pour la toute première fois au programme des Jeux Olympiques de Calgary, en 1988. Franck Piccard a alors 23 ans. Il est en train d'exploser au cours de cet hiver olympique. Il est le chef de file des "Top Gun", les quatre as de l'équipe de France de vitesse, avec Jean-Luc Crétier, Luc Alphand et Denis Rey. Quatre potes qui vont incarner le renouveau du ski tricolore. A leur tête, Serge Guillaume, alias "Bastos". A la fois entraineur et père spirituel. L'attente autour d'eux est énorme. Pour Piccard, notamment, considéré comme le "nouveau Killy" après son titre mondial en descente chez les Juniors.
Une vraie plaie, cette étiquette. Killy, le mythe. Incontournable mais encombrant. On demande beaucoup à cette génération. On lui demande de réussir là où les précédentes ont échoué. Le dernier titre olympique français remonte précisément à l'époque Killy. Vingt ans, déjà. Du groupe, Piccard est le moteur. Le leader. Le plus compétiteur, aussi. Il n'a pas tout à fait la part de folie de ses trois potes, celle qui fera multiplier les passages à l'hosto à Crétier, K-Bou le casse-cou. Lorsqu'il débarque à Calgary en 1988, Piccard n'a pas encore connu la moindre victoire en Coupe du monde. Mais il vient valider l'ambition du Top Gun. Sa médaille de bronze en descente, derrière les Suisse Zurbriggen et Müller, lui donne confiance. Quelques jours plus tard, ce premier Super G olympique de l'histoire est le sien. Avec un exceptionnel sens de la glisse, "Pic" survole l'épreuve, qui parait avoir été créée pour lui. Mais son sacre, il le sait, c'est aussi celui du Top Gun, qui a su le faire sortir de son carcan. Il était le plus fort, mais aussi le plus timide. Au contact des trois autres, Piccard affirme sa personnalité. Si le skieur s'est mué en champion, c'est aussi grâce à eux. Le Top Gun finira par exploser. Les histoires d'amour finissent mal en général. Après les débuts insouciants et euphoriques, le groupe se fissure, les engueulades se font plus nombreuses et plus fréquentes que les poilades. Le ratio s'est inversé dans ce domaine. Mauvais signe. Mais il reste de tout ça une aventure collective unique, qui a contribué à changer la face du ski français. Le titre olympique de Piccard en aura été le plus beau symbole.
Quelle portée? On ne comprend pas l'importance du titre olympique de Franck Piccard sur le ski français si l'on oublie qu'il était le premier depuis vingt ans et les Jeux de Grenoble. En 1968, la France est alors au sommet, dans le sillage d'un Jean-Claude Killy star du Cirque blanc. A Grenoble, le ski alpin a ramené huit médailles dont quatre en or (trois pour Killy, une pour Marielle Goitschell).  Un triomphe. Mais la fin d'une époque dorée, aussi. Il faudra donc attendre l'évènement du jeune Piccard dans cette toute jeune discipline qu'est alors le Super G pour redonner des couleurs au ski tricolore. "Je pense que Franck a redonné confiance à toute l'équipe de France. Il a montré aux gens de notre génération que c'était possible d'être avec les meilleures et d'être les meilleurs" explique Luc Alphand, d'un an le cadet de Piccard, qui émergera beaucoup plus tard que lui mais s'en ira aussi tutoyer les sommets. En décrochant l'or dans l'Alberta, Franck Piccard n'a pas servi que sa propre cause.
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72. LAVILLENIE, TRADITION DOREE
C'était quoi? La perpétuation d'une des plus belles traditions du sport français de ces trente dernières années. Un titre olympique, avec la manière. Et quelle manière.
L'histoire: Au moment de trancher retenir 100 séquences pour cette série, il a fallu procéder à des choix. Forcément douloureux. Parfois presque impossible à effectuer. Prenez le cas des perchistes. Pierre Quinon, Jean Galfione et Renaud Lavillenie ont permis à la France de remporter trois des huit derniers titres olympiques dans cette discipline. Tous trois auraient mérité d'y être. Tuos n'y seront pas. Pourquoi Renaud Lavillenie? Parce que son concours aura été un formidable moment de sport, avec l'excellence de la performance alliée au suspense et à l'émotion. Le Français était le plus fort. Après avoir tout passé au premier essai jusqu'à 5,85m, le Clermontois pense avoir pris une option sur le titre. Puis les Allemands Bjorn Otto et Raphael Holzdeppe franchissement 5,91m à leur première tentative, le second améliorant son record personnel de neuf centimètres. Surréaliste… L'or semble alors se transformer en bronze. Le visage serein et confiant du Français se pare d'une certaine gravité. C'est là, au pied du mur, face à la barre perchée à 5,97m, que Lavillenie va montrer le champion qu'il est. A la toute dernière tentative, il l'efface pour s'offrir une médaille d'or plus éclatante encore que s'il avait dû se contenter de 5,85m.
Quelle portée? Il est évidemment délicat de dire, à peine neuf mois après, ce qu'il restera de la victoire de Renaud Lavillenie à Londres. Reste l'intuition. Celle-ci nous dit que, pour le Clermontois, ce sacre, aussi magnifique soit-il, pourrait bien être le début de quelque chose, plus qu'un aboutissement. Si tout va bien pour lui, il y a de bonnes raisons de croire qu'il n'est pas encore au sommet de cette trajectoire ascendante qui, pourtant, l'a déjà mené si haut.
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2012 Jeux olympiques Londres Lavillenie

Crédit: AFP

71. JACKY DURAND GAGNE LE TOUR DES FLANDRES
C'était quoi ? Un illustre inconnu remporte une des plus grandes courses du monde. Ce pourrait être le scenario improbable d'un film populaire. Pour Jacky Durand, le 5 avril 1992, c'est devenu la réalité. La naissance d'un champion. D'un style, aussi.
L'histoire: Belle comme un conte de fées. Jacky Durand, du haut de ses 25 ans, rêve juste de couper la ligne d'arrivée du Tour des Flandres pour sa deuxième participation. Il va être exaucé. Il va bien franchir la ligne d'arrivée. Mais, petite cerise sur son gâteau, il sera le premier à le faire. Au terme d'une invraisemblable échappée qui surprend tous les favoris, le p'tit gars de Castorama réussit un des plus grands exploits de l'histoire du cyclisme français. Ni plus ni moins. Ce style audacieux deviendra une véritable marque de fabrique. Au point qu'il arrive parfois d'entendre parler aujourd'hui d'une "offensive à la Durand". Ce goût de l'aventure le mènera vers de jolis horizons. Mais il ne l'aura jamais propulsé sur des hauteurs aussi vertigineuses qu'en ce 8 avril 1992. Sa victoire est d'autant plus extraordinaire que le "Ronde van Vlaanderen" comme disent les locaux est, de très loin, la classique qui sied le moins aux coureurs français. C'était vrai avant. Seuls Bobet et Forestier (à la suite, en 1955 et 1956) s'y étaient imposés. C'est toujours vrai aujourd'hui. Durand attend toujours un successeur. Il est en tout cas la preuve vivante qu'il faut toujours y croire.
Quelle portée ? Aujourd'hui, à l'heure où un podium sur une classique majeure fait déjà figure d'exploit majuscule pour le cyclisme français, on mesure mieux avec deux décennies de recul l'impact de la victoire de Durand. Elle a changé sa vie, fait de lui un homme respecté pour l'éternité en Flandre et donné à sa carrière une dimension à laquelle peu de coureurs français peuvent prétendre. D'autant qu'il a ensuite largement confirmé ce coup d'éclat.
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1992 Tour des Flandres Jacky Durand

Crédit: From Official Website

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