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Mondiaux Montréal - Adam Siao Him Fa : "Je sais que la médaille olympique est envisageable"
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Publié 27/03/2024 à 18:10 GMT+1
Adam Siao Him Fa a décroché la médaille de bronze aux championnats du monde après une incroyable "remontada". Passé de la 19e à la 3e place, il a écrit l’histoire du patinage et offert à la France sa première médaille mondiale depuis Brian Joubert en 2010. Il revient pour Eurosport sur ce moment spécial et sur ses ambitions futures, avec en ligne de mire les JO de Milan-Cortina en 2026.
Siao Him Fa : "Je veux apporter quelque chose de nouveau dans le patinage, qui n'a pas été fait"
Video credit: Eurosport
Comment ça va Adam ? Comment se remet-on de telles montagnes russes émotionnelles ?
Adam Siao Him Fa : C’est fou, je suis encore sur un nuage, j’ai encore un peu de mal à réaliser ce qu’il s’est passé, c’était tellement incroyable, surréaliste ! Je suis vraiment super content, et le retour sur terre est un peu dur (rires) !
Surtout après une telle performance… Comment vous êtes-vous senti après votre contre-performance sur le programme court ?
A. S. H. F. : Je me sentais vraiment très déçu, j’étais très en colère contre moi-même. J’étais touché mentalement, j’ai mis beaucoup de temps à digérer, non pas cet échec, car il s’est plutôt transformé en leçon, mais cette contre-performance. J’ai pris le temps pendant les deux jours entre les deux programmes de me reconcentrer et de changer mon état d’esprit pour le programme libre.
Justement, y a-t-il eu des mots particuliers de la part de vos entraîneurs après le court ?
A. S. H. F. : Ils m’ont beaucoup aidé, oui. Ce qui était bien c’est que l’on avait le même ressenti chacun de notre côté, et le fait de pouvoir en discuter ensemble, de rassembler nos idées, c’était beaucoup plus clair pour moi, et rassurant de voir qu’on voyait les choses de la même façon. Benoît (Richaud, l’un de ses entraîneurs, ndlr) m’a dit : "OK, ce qu’il s’est passé c’est dur, ce n’était pas bon techniquement, mais maintenant tu vas te bouger les fesses pour le libre parce que la compétition n’est pas terminée ! Tu dois te battre et aller chercher cette compétition contre toi-même". Et Rodolphe (Maréchal, l’un de ses entraîneurs, ndlr) m’a conseillé d’attaquer mes sauts, avec beaucoup de détermination, mais aussi de penser à m’amuser. Et c’était plus ou moins ce que j’avais en tête, donc l’entendre de la part de mes coachs a confirmé mon ressenti.
Dans quel état d’esprit avez-vous abordé le programme libre ?
A. S. H. F. : Je n’avais qu’une chose en tête : aller sur la glace pour me battre, aller chercher une belle performance. J’étais vraiment déterminé, comme si j’entrais sur le ring pour un combat de boxe, pour me battre contre moi-même ! A ce moment-là, il n’y a plus de peur, un peu de stress mais un bon stress, qui m’a boosté.
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Le programme d'une vie : l'exceptionnelle performance de Siao Him Fa en libre
Video credit: Eurosport
L’attente a été longue après votre programme libre, car vous êtes passé dans les premiers. A quel moment vous vous dites que c’est possible ?
A. S. H. F. : A la fin de mon programme, je sais que je vais remonter au classement. J’ai fait mon travail, je me suis rattrapé, j’ai donné tout ce que je pouvais, maintenant ça ne dépend plus de moi, mais des autres patineurs et du jury. Il n’y a plus qu’à attendre. Honnêtement je savais que j’allais remonter, mais je ne pensais pas que j’allais aussi bien remonter ! Après le programme de Shoma Uno (qui passe de la 1re à la 4e place, ndlr), j’ai été surpris de me retrouver sur le podium !
Avez-vous pensé à Nathan Chen, qui avait fait une superbe remontée aux JO de Pyeongchang en passant de la 17e à la 5e place ? Son exemple vous a-t-il permis d’y croire ?
A. S. H. F. : Oui, Cédric Tour, mon autre entraîneur qui était resté en France, m’en a justement parlé au téléphone en me disant : "Souviens-toi de ce qu’a fait Nathan Chen aux Jeux Olympiques, tu n’es pas le seul à avoir raté ton programme court !" Et cela m’a beaucoup aidé et inspiré. Ça m’a reboosté.
Vous faites un superbe sans-faute, et vous vous offrez le plaisir de refaire votre salto arrière (élément interdit, qui lui coûte deux points de déduction). Avez-vous hésité à le faire ?
A. S. H. F. : A ce moment-là je ne pensais plus aux points, mais à ma performance. Et pour moi, la performance serait plus réussie avec mon backflip qu’avec deux points en plus. Il vaut mieux marquer l’esprit et le cœur des gens plutôt que d’aller chercher des points. Le programme m’a paru extrêmement rapide, et j’étais tellement dans l’instant présent qu’à la fin du programme, je n’arrivais pas à me rappeler ce qu’il s’était passé. J’ai des petites bribes de souvenir, quelques secondes sur les quatre minutes mais le reste je ne m’en souviens pas. Ma mémoire n’a pas enregistré l’information. Impossible de me rappeler ce que je ressentais.
Avez-vous entendu le bruit qu’a fait le public pendant votre programme ? C’était assourdissant, les gens ont hurlé sur toute la fin du programme !
A. S. H. F. : Oui, c’était tellement fou qu’à la fin je n’entendais plus ma musique (rires) ! Quand j’étais dans la zone, concentré sur mes sauts, j’entendais le public mais de loin, je n’entendais pas autant qu’à la fin du programme, quand je me suis détendu. Et c’est là que je me suis dit que c’était incroyable. Le public a été incroyable ce jour-là, et même tout au long de la compétition. Sur le programme court, et même aux entraînements officiels, ils étaient derrière moi, ils me soutenaient, ils m’encourageaient. C’était vraiment incroyable et cela m’a mis du baume au cœur.
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Adam Siao Him Fa après un programme libre qui lui a permis de décrocher la médaille de bronze aux Mondiaux de Montréal
Crédit: Getty Images
Et ils vous ont porté jusqu’à cette médaille de bronze historique, puisqu’une telle remontée au classement n’avait jamais eu lieu dans l’histoire du patinage. Cela vient récompenser une très belle saison, avec deux victoires en Grand Prix et votre deuxième titre européen. Quel bilan tirez-vous de cette saison de façon globale ?
A. S. H. F. : Il y a eu des hauts et des bas. Mais ces championnats du monde m’ont fait comprendre qu’il ne fallait jamais abandonner, qu’une compétition n’est jamais terminée tant que le dernier patineur du libre n’a pas reçu ses notes. On peut avoir un mauvais programme, cela arrive à tout le monde, mais derrière il ne faut rien lâcher. On doit se battre jusqu’au bout. C’est pour cela qu’après ce programme court catastrophique, je voulais prouver aux autres et à moi-même que cette performance ne reflétait pas du tout ce dont j’étais capable. Ça a été une belle revanche.
On sait qu’en ligne de mire il y a les Jeux Olympiques de Milan en 2026 (à suivre en intégralité sur Eurosport). On a parlé de Nathan Chen, qui, quatre ans après sa remontada, est devenu champion olympique. Ça donne des idées ? 2026, c’est un vrai objectif ?
A. S. H. F. : Oui, ça va arriver très vite. Aujourd’hui je sais que la médaille est envisageable, c’est possible. Toute cette saison m’a prouvé que j’avais ma place parmi les meilleurs au monde. Je vais travailler pour cet objectif, mais il y a encore beaucoup de marches à franchir pour y arriver.
Justement, comment comptez-vous progresser, évoluer ?
A. S. H. F. : Pendant l’inter-saison, on va bien sûr travailler sur la technique, travailler de nouveaux sauts, mais l’objectif à court terme est aussi d’apporter de la nouveauté sur mes programmes, d’apporter des choses qui n’ont pas encore été faites. Il va y avoir des surprises, on est en train d’y réfléchir.
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