Pentathlon moderne | Entretien avec Élodie Clouvel : "J'ai encore l'envie et la forme pour viser Los Angeles"
Mis à jour 26/09/2024 à 11:33 GMT+2
Avant de s'attaquer à l'ascension du Mont-Blanc avec la "Cordée Sport Planète", Élodie Clouvel s'est entretenue avec Eurosport. La pentathlète de 35 ans est revenue sur les Jeux de Paris, qu'elle a conclus avec une médaille d'argent olympique, venue récompenser sa persévérance après des années compliquées. La Forézienne a également évoqué son souhait de devenir mère avant les JO de Los Angeles.
Élodie Clouvel (France) a été médaillée d'argent lors des Jeux Olympiques de Paris 2024.
Crédit: Getty Images
Élodie, tu participes cette semaine à la "Cordée Sport Planète". En quoi cela consiste-t-il exactement ?
Élodie Clouvel : À la base, c'est un collectif de sportifs de haut niveau (avec notamment Chloé Trespeuch, Mélina Robert-Michon ou encore Maxime Grousset, ndlr) rassemblés à l'initiative de la MAIF, mon partenaire, et la ville de Saint-Gervais. Ensemble, on va tenter l'ascension du Mont Blanc, pour sensibiliser aux effets du réchauffement climatique sur la montagne. Quand on voit des photos du glacier prises il y a trente ans et que l'on compare avec son état actuel, on prend conscience du problème. C'est important d'en parler.
Qu'as-tu fait depuis la fin des Jeux, il y a un mois et demi ?
É.C. : J'ai pris une semaine de vacances à Formentera, où je me suis vraiment reposée. Je suis aussi retournée à Saint-Étienne, pour profiter de ma famille. Mais j'ai également répondu à beaucoup d'invitations de mes partenaires et des médias, parce que je voulais partager mon expérience avec le plus grand nombre. Cette médaille d'argent, c'est une victoire. Car il y a dix mois, je n'étais même pas sûre de participer aux Jeux Olympiques (elle a arraché sa qualification en juin, ndlr).
Au-delà de cette saison, c'est toute ton olympiade depuis Tokyo qui a été très compliquée, puisque tu as traversé une dépression et même évoqué l'hypothèse d'arrêter ta carrière. Finalement, ta persévérance a été récompensée…
É.C. : C'est exactement ça. C'est la persévérance qui m'a menée à cette médaille olympique, et c'était le rêve. Ça montre aussi que dans la vie, il faut suivre son instinct, son cœur, ne pas écouter forcément les gens qui vont te dire : "Ce n'est pas possible, tu ne vas pas pouvoir faire ça, ce projet-là, ça n'a jamais été fait, tu ne vas pas pouvoir y arriver" (en 2023, elle a quitté l'INSEP pour créer une structure d'entraînement individuelle, ndlr). Si, justement, j'ai réussi à le faire et aujourd'hui, je suis la seule médaillée olympique de mon sport. C'est un beau message, une belle histoire.
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Clouvel : "J'étais au fond du trou, je suis comme une reine dans le château de Versailles"
Video credit: Eurosport
Pour en revenir aux Jeux, dans quel état d'esprit étais-tu au moment d'aborder la finale, le 11 août ?
É.C. : Dans ma tête, je n'avais rien à perdre et je savais que j'allais pouvoir compter sur tout le public pour m'encourager. J'avais aussi toute mon équipe autour de moi. Le cheval que j'ai tiré au sort était super, il a tout donné et même si on a fait tomber une petite barre, c'était un très beau parcours. Derrière, j'ai mis la touche bonus à l'escrime, puis j'ai géré la natation afin de garder de l'énergie pour le combiné. Et puis, il y a eu ce premier tir très difficile…
Justement, est-ce un regret d'avoir sans doute perdu le titre sur ce premier tir ?
É.C. : Il fallait assumer le fait de partir en tête, d'être première et chassée par la Hongroise (Michelle Gulyas, ndlr), qui est l'une des meilleures tireuses du circuit. Je n'avais pas eu une saison facile au tir, ça faisait un petit moment que j'avais perdu la confiance sur cet exercice. Après Tokyo, j'ai aussi changé ma façon d'aborder le tir. Je pense qu'il m'a manqué un petit peu de temps pour que je sois au top et que je puisse aller chercher l'or. Mais sinon, je n'ai aucun regret. Ce jour-là, la Hongroise a été incroyable et on a toutes les deux battu le précédent record du monde, ce qui montre que j'ai quand même sorti une grosse performance.
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Un tir qui coûte cher et Clouvel doit se contenter de l'argent
Video credit: Eurosport
À partir de 2025, l'épreuve d'équitation du pentathlon moderne sera remplacée par du parcours d'obstacles. Que penses-tu de cette évolution ?
É.C. : Je pense que c'est une bonne chose pour le pentathlon, ça va ouvrir une nouvelle voie qu'il faudra réussir à exploiter. De toute façon, on n'avait pas le choix si on voulait que notre sport reste au programme des Jeux Olympiques. Malgré tout, je n'ai pas pu m'empêcher d'être nostalgique en songeant au fait que j'ai été la dernière cavalière de l'histoire du pentathlon moderne aux JO (c'est elle qui a refermé l'épreuve d'équitation, ndlr).
Désormais, quels sont tes projets, à court et plus long termes ?
É.C. : J'ai tout un tas de projets en tête, que ce soit dans la mode, dans le cinéma et dans mon sport, puisque j'aimerais monter une académie de pentathlon moderne, pour montrer qu'il existe une autre méthode d'entraînement. Mais avec mon compagnon Valentin (Belaud, également pentathlète, ndlr), on a surtout envie d'avoir un enfant. Je vais donc intégrer ce projet maternité dans mon projet sportif, avec pour objectif de raccrocher après les Jeux de 2028. J'ai encore l'envie et la forme pour viser Los Angeles. Et je me dis que ça peut être un beau challenge de redevenir performante après une grossesse, afin d'aller chercher une médaille pour mon enfant.
Clarisse Agbégnénou et d'autres athlètes françaises ont récemment montré qu'il était possible de concilier maternité et sport de haut niveau. Ce sont des sources d'inspiration pour toi ?
É.C. : Complètement. Ce qu'a fait Clarisse m'a vraiment inspirée. La différence, c'est que moi, je pratique cinq disciplines. Donc je m'entraîne énormément, environ 30h par semaine. Ce sera un sacré défi !
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Final en émotion : Agbégnénou, bronze de championne et bonheur de maman
Video credit: Eurosport
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