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3 bonnes raisons de lire "Macao Men", le premier roman de Gabriel Guillet

Julien Tissot

Publié 11/06/2015 à 14:53 GMT+2

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Crédit: Eurosport

Pouvoir lire un roman ayant pour toile de fond le poker est toujours un petit bonheur. "Macao Men" nous entraîne dans une partie High Stackes dans la capitale chinoise du vice. Envoûtant !
Commençons par le pitch : Hercule Tambour et Eliot Sherman ont le poker dans le sang. Joueurs professionnels, ils ont pour eux la jeunesse, l’argent facile, les filles, le pouvoir et le sentiment que le monde leur appartient. Alors quand un joueur amateur un peu fou aborde Hercule dans un casino du sud de la France pour lui parler de la plus grosse partie du monde, les deux amis ne se posent pas la question et atterrissent quelques semaines plus tard à Macao, ville-symbole du jeu et de la prostitution. Mais la Chine a ses propres codes et la déchéance y est aussi rapide que le succès. Jusqu’où seront-ils prêts à parier ?
La première raison de lire ce livre est qu’il parle de poker avec beaucoup de justesse. Ce qui fait courir un joueur, c’est l’argent mais c'est aussi, et peut-être avant tout, les émotions. « Macao Men » retranscrit parfaitement toutes les sensations du joueur avec les fameuses montées d’adrénalines et les descentes en enfer. Le poker est aussi une parabole de la vie, une quête. Jouer, c’est partir à la recherche de ses limites et c’est prendre des risques. L’atmosphère des parties de poker est bien retranscrite avec le « bruit des jetons qu’on tripote, jette et empile. Qu’on fait basculer, glisser et s’entrechoquer. Qu’on donne et qu’on prend. » Plusieurs passages décrivent aussi la dureté d’une partie de Cash Game lorsque l’un des protagonistes se montre sans pitié face à un « Fish ». Extraits : « il fallait l’entraîner à miser toujours plus et à remettre de l’argent sur le tapis. ( …) Gaver ce porc, puis l’égorger au moment propice. Hercule s’appliqua tel un orfèvre pour effectuer ce travail jouissif. »
Deuxièmement, ce roman offre une peinture très réaliste de Macao. La ville supplante maintenant Las Vegas en termes de chiffre d'affaires. Elle est devenue la nouvelle Mecque du jeu. Le bouillonnement de la ville est parfaitement décrit. A Macao, règne les casinos mais aussi les triades et la prostitution. Une atmosphère étouffante. « Macao fonctionne en vase clos. Une prison à ciel ouvert pour joueurs maniaco-dépressifs, un exutoire pour une population asiatique avide de sensation forte et de spéculation ». Pour les deux héros, c’est la ville de tous les dangers. Elle attire et inquiète en même temps.
Enfin, l’intrigue est séduisante, ce qui ne gâche rien ! On prend plaisir à suivre les aventures de ces deux héros dans cette partie de poker à 200 000 dollars la cave. Les rebondissements se succèdent Les personnages secondaires ont beaucoup de chair. Une ambiance de polar, voir même de thriller flotte dans l’air. Un premier roman prometteur !
Macao MenGabriel GuilletEditions Daphnis et Chloé17 eurosEn librairie depuis le 24 octobre
Interview de Gabriel Guillet
Comment est née l'idée d'écrire ce roman ?Au départ, il y a une envie de réconcilier deux passions : l’écriture et le jeu d’argent. Après avoir traversé de nombreux casinos et cercles de jeux, j’ai pensé que je tenais une belle toile de fond. Et lorsqu’en Asie, je me suis retrouvé sans le moindre jeton, j’ai pris la plume. L’ambition était de travailler sur une histoire très visuelle, riche en personnages et colorée par les extravagances de Macao. J’avais aussi la curiosité de m’essayer à un sujet dense : la psychologie des joueurs !
Pourquoi avoir choisi Macao comme cadre ?Chaque époque possède ses « ElDorados ». Dans le temps on partait pour New-York, Londres ou même Paris…Aujourd’hui, et tout le monde le sait, les choses se passent en Asie. A mon arrivée à Singapour, je fus médusé par les dimensions titanesques du casino du Marina Bay Sand qui est le plus grand hôtel de la ville. Plus tard, je décidais de séjourner à Macao et je compris que c’était la nouvelle Mecque du jeu d’argent. Détrônant largement Las Vegas, c’est sur ces terres que se joue l’avenir des plus grandes parties mondiales. L’engouement chinois pour le hasard et la spéculation est un sol propice pour cette évolution. De plus Macao, avec son caractère sulfureux et ses intrigues, est le cadre idéal pour stimuler sa créativité.
Êtes vous joueur de poker ? Que représente ce jeu pour vous ?Je suis un joueur de poker amateur et un observateur infatigable des joueurs professionnels. J’ai eu la chance de croiser de nombreuses pointures autour des tables. Je suis fasciné par ces puissantes machines analytiques qui peuvent se transformer en démons obsessionnels. Le poker est un reflet des personnalités, une manière de lire la vie des gens en déchiffrant les mises,le style, les réactions… Et puis le poker c’est le douloureux croisement entre le contrôle de la raison et les aléas de la chance. L’étincelle qui jaillit quand la stratégie pointue se heurte à la terrible loi des cartes.
Vous êtes vous documenté sur l'univers du poker ? Des discussions, des livres, des films et la presse spécialisée ont nourri mon travail. Les grands romans sur le jeu sont mes références : Le joueur de Fiodor Dostoïevski pour les éblouissantes descriptions des lieux et joueurs et Vingt-quatre heures de la vied’une femme de Stefan Zweig pour l’intensité de la passion liée au jeu, magnifiquement traduite par l’observation des mains qui prennent les jetons. Le cinéma offre aussi ses délices dans les années 1990. Les joueurs avec Matt Damon et John Malkovich. Casino, du grand Martin Scorcese avec les génies Robert de Niro, Joe Pesci… Enfin la biographie de Stu Ungar, Joueur-né, par Nolan Dalla et Peter Alson, est une photographie plus récente de l’incroyable vie d’un mythe du poker.
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