XV de France | Teddy Baubigny (RC Toulon) : "Dans une Coupe du monde, il y a toujours des surprises..."

Pour tout rugbyman, jouer une Coupe du monde est un rêve. Mais celui-ci, pour un joueur comme Teddy Baubigny, aussi près soit-il d'une sélection dans la peau d'un talonneur, reste relativement inaccessible. Pour le moment. Fabien Galthié est très attaché à la hiérarchie des joueurs poste par poste. Aux avants-postes de la mêlée, les talonneurs Julien Marchand et Peato Mauvaka sont les deux joueurs qui ont le plus de chances de disputer la Coupe du monde, devant Pierre Bougarit, Gaëtan Barlot ou encore Camille Chat.

Alors imaginer Teddy Baubigny faire partir de l'aventure parait presque comme de la science-fiction. A ceci près que le talonneur du RC Toulon a été rappelé par Fabien Galthié lors du Tournoi des 6 Nations pour suppléer un Mauvaka forfait. S'il n'a pas disputé un deuxième match avec les Bleus, le premier étant intervenu à l'automne 2020 face à l'Italie, l'espoir reste de mise pour Teddy, invité de l'émission Poulain Raffûte cette semaine, à écouter en intégralité en podcast.

"Je bosse pour que mes performances avec Toulon me permettent de croire à la Coupe du monde, mais il y a des joueurs devant moi qui ont oeuvré pour être là où il sont, qui ont aussi de grosses perf' de leur côté. Je ne me sens pas si proche que ça, pas du tout, insiste-t-il avec une pointe de lucidité qui l'honore. Par contre dans une Coupe du monde, il y a toujours des surprises, des pépins, on ne sait jamais ce qu'il peut se passer."

Teddy Baubigny ne le dira pas de but en blanc, mais il attend patiemment que son heure arrive. Bosseur acharné, le talonneur du RC Toulon a vu un peu son travail payer. Après une place de titulaire gagnée au sein de l'équipe de Pierre Mignoni cette saison, le joueur de 24 ans a vu se rouvrir les portes de l'équipe de France où il n'avait plus mis les pieds depuis près de trois ans.

L'ancien joueur du Racing 92 n'a pas été aligné par le sélectionneur pour jouer contre l'Italie et l'Irlande, mais le simple fait d'être là, de faire partie de cette aventure, a remis une pièce dans cette machine à motivation. Pour la fin de la saison avec Toulon d'abord, et ensuite, pourquoi pas plus ?

"Ma sélection... en raison de blessures, il faut le dire, cela m'a permis d'être appelé, continue-t-il. C'était un peu une surprise, mais ça me donne aussi envie d'y croire. Cet appel de Galthié a un peu lancé ma saison, cela correspond au moment où je me sentais mieux en club et le regard des mecs autour de toi change un peu aussi". Cette perspective de Coupe du monde, avec tout l'engouement qu'il y a autour de cette équipe, belle et rayonnante depuis des années, donne envie d'y croire, jusqu'au bout, même si cette perspective est venue avec le temps.

"Jouer en équipe de France n'était pas un rêve de gosse, avoue-t-il dans un sourire. Depuis que je suis petit, je sais que je veux être sportif mais je ne sais pas dans quel sport. J'ai le sentiment de m'être donné un maximum de moyens dans tous les sports que j'ai touchés. L'équipe de France ne m'a jamais fait rêver étant petit, mais quand je me suis aperçu que le rugby était peut-être ma meilleure chance de percer, j'ai commencé alors à me projeter. J'ai cultivé cela à l'âge de 13 ans, c'est tard, mais c'est comme ça."

Sur le terrain, il est passé de trois-quarts à talonneur. Ses parents se sont même posés des questions sur ce changement de poste, à se demander s'il était bien fait pour le rugby. Teddy, lui, s'est adapté, sûr de sa force et de son potentiel. Il a bien fait. Tout le monde n'est pas aux portes de l'équipe de France. Donc bousculer la hiérarchie est possible : à bien écouter Franck Azéma, manager du RCT, "son tour viendra".

Pour Raphaël Poulain, consultant de notre émission Poulain Raffûte, il ne doit pas démériter. "Plus on avance et plus les mecs qui jouent en Top 14, Coupes d'Europe et tournées internationales se blessent. Donc bien sûr que lui va crânement tenter sa chance. C'est à lui d'être bon aussi en club, il est en train de franchir un cap avec Toulon, avec un titre en fin d'année, celui lui donnera un coup de projecteur supplémentaire pour montrer qu'il peut peut-être bousculer l'ordre établi. Fabien a ses joueurs et son équipe-type, donc ce sera compliqué mais pas impossible."