Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

Interview | Rémi Lamerat : “Je pense que cette année sera un beau millésime pour l'UBB"

Gabriel Baldi

Mis à jour 15/01/2024 à 10:45 GMT+1

Pour Eurosport, Rémi Lamerat (33 ans) revient sur son début de retraite, après avoir mis un terme à sa carrière lors de la saison 2022-2023. L’ancien centre passé par Toulouse, Castres, Clermont et Bordeaux nous donne ses impressions sur l’actuelle UBB. S’il ne veut pas s’emballer, l’ex-international voit de “nombreux signaux au vert" chez le 2e du Top 14.

Lamerat en 2022.

Crédit: Getty Images

Rémi Lamerat est un jeune retraité heureux. Après avoir terminé sa carrière, la saison dernière au sein de l’Union Bordeaux-Bègles, le centre est désormais investi dans son activité viticole dans un domaine bordelais. L’ancien centre international (19 sélections) garde beaucoup d’affection avec son dernier club, qu’il suit avec plaisir dans ce début de saison réussi.
Rémi, comment vivez-vous ce début de retraite ?
Rémi Lamerat : Je me sens très bien. Je suis déjà bien moins fatigué et moins usé le dimanche matin. Je suis à fond dans mon nouveau projet, même si j’ai toujours un oeil sur les résultats des copains dans les équipes où je suis passé.
Vous êtes originaire de la Gironde, et c’est ici que vous continuez à vivre aujourd’hui. Qu’est ce que ça représente d’avoir terminé votre carrière à l’Union Bordeaux-Bègles ?
R. L. : C’était quelque chose de symbolique. Quand je suis parti pour le Stade Toulousain jeune, l’UBB n’existait pas. C’était un vrai souhait pour moi de revenir au bercail, un choix apaisé avec un challenge sportif excitant parce que c’était au moment où on commençait à titiller le top 6.
L’équipe a encore pris une nouvelle dimension cette saison. Ce n’est pas frustrant de ne plus faire partie du navire ?
R. L. : Non au contraire, c’est valorisant d’être passé par ce club-là. Le début de saison a été un peu compliqué mais on s’aperçoit que la mayonnaise a bien pris. C’est plutôt positif et sympa de se dire qu’on a pu jouer dans un tel club.
picture

Lamerat lors de la saison 2022-2023.

Crédit: Getty Images

Dans les derniers mois de votre carrière vous aviez confié dans L’Equipe être de "moins en moins présent auprès des mecs dans le vestiaire". Et aujourd’hui ?
R. L. : Non plus du tout. J’ai toujours des contacts avec des amis que j’ai gardé dans le rugby, à Bordeaux et ailleurs mais c’est affectueux. Ce n’est pas du tout mon rôle de m’immiscer dans le vestiaire.
Vous avez également déjà dit ne pas être un fondu de rugby et regarder peu de match à la télévision. Vous arrivez à suivre cette saison ?
R. L. : Je regarde très peu voire pas du tout les matches. Mais je suis les résultats. Je lis ce qui peut être écrit et je vois des résumés vidéos. C’est là que je m’aperçois qu’il y a eu beaucoup de changement notamment pour faire vivre le ballon. Je n’ai pas forcément le temps ni l’envie de regarder 80 minutes à chaque fois. Et je ne vais pas trop au stade non plus. Je suis bien occupé par mon nouveau travail, je rattrape mon temps en famille.
Ce club est humble.
Vous êtes désormais pleinement investi dans votre domaine viticole, dans la région bordelaise. Alors parlons dans ces termes. Comment qualifieriez-vous le millésime de l’UBB 2023-2024 ?
R. L. : C’est un millésime en cours d’élaboration, mais pour le moment il a toutes les conditions climatiques (sourire). J’espère pour eux le plus grand et le plus beau même s'il ne faut pas s’emballer. Le premier objectif c’est d’être dans les 6. Il y a beaucoup de positif, avec de la cohérence entre les choix et ce qu’on voit sur le terrain. Je pense que cette année sera un beau millésime. La transition au niveau du staff et de l’effectif se passe à merveille.
Est-ce le meilleur cru que Bordeaux n’ait jamais connu ?
R. L. : Tant que tu n’as pas le bouclier entre les mains, tout peut arriver. Ce club est humble. L’emballement médiatique fait parfois tourner la tête mais c’est évidemment trop tôt pour le dire. Mais il y a beaucoup de signaux qui sont au vert.
picture

Mourad sur le salary cap : "La Ligue est pieds et poings liés avec l'avènement des stars"

A quoi est due cette progression, selon vous ?
R. L. : L’équipe est portée par un engouement incroyable, il suffit de voir l’affluence à Chaban-Delmas ! C’est également le fruit d’un projet né il y a plus de dix ans avec de la réflexion autour de l’effectif. L’équipe alignée est toujours ultra performante, même avec de la rotation et la sortie des cadres. C’est un signal important d’une grande équipe.
Le Stade Toulousain et La Rochelle sont en méforme depuis le début de saison. Est-ce l’année ou jamais pour l’UBB ?
R. L. : Non, je trouve que c’est encore trop tôt pour le dire. Ça serait faire injure à La Rochelle et Toulouse. Ils ont traversé une petite méforme mais quand on voit la culture de la gagne chez ces clubs, je ne suis vraiment pas inquiet pour eux. Il y a eu la Coupe du monde, qui a un peu affaibli ces deux clubs mais il y a de fortes chances qu’on les retrouve performants.
L’équipe est très bien placée en Top 14 et en Champions Cup. Faudra-t-il faire un choix stratégique dans quelques semaines ? Quel choix auriez-vous fait ?
R. L. : Il n’y aura pas de choix à faire. L’effectif a été construit pour batailler sur les deux tableaux. Ce sont deux compétitions magnifiques très excitantes. Je ne pense pas que ça traverse les têtes.
Et vous, quelle compétition préfériez-vous ?
R. L. : Pour moi, le Brennus, c’était le vrai trophée qui m'a fait rêver. Mais on est tous différent et je ne veux pas parler pour les autres. Pour en avoir discuté avec certains toujours dans le vestiaire bordelais, le Brennus a une vraie place affective importante.
Parlons de la spectaculaire ligne arrière. Est-ce qu’elle vous impressionne ?
R. L. : Oui. C’est très plaisant de les voir s’éclater, prendre des risques et surtout se trouver. Arriver à avoir cette connexion, cette complicité… c’est harmonieux. C’est probablement le fruit de nombreuses heures d’entraînement. Je suis pas bluffé parce que je ne suis pas surpris mais c’est vraiment satisfaisant. Après il ne faut pas oublier le travail des avants qui sont extrêmement solides. Sans eux, les arrières n’auraient pas de ballon. Il y a un bon équilibre.
Je suis sûr que Nicolas Depoortère deviendra une référence mondiale à son poste.
Cette ligne arrière voit se libérer de jeunes joueurs comme Yoram Moefana ou Nicolas Depoortère. Comment les avez-vous vu débarquer dans le groupe pro ? Vous êtes-vous dit que votre place était en danger ?
R. L. : Ma place en danger? Forcément oui, quand tu fais ce métier. Mais je les voyais pas du tout comme des ennemis. Au contraire, c’est souvent au poste où tu joues que tu te fais tes meilleurs potes. Yoram est arrivé en même temps que moi, il était déjà très athlétique, très tonique et en même temps assez discret et respectueux dans le groupe. C’était un plaisir d’évoluer avec lui, de voir son explosion en championnat puis avec le XV de France. C’est un mec très très attachant. Nico est arrivé plus tard, par petit bout d’entraînement. On a très vite vu sa classe, il avait toujours la tête haute. Évidemment, on remarque ses très belles qualités avec le ballon, et sa grosse explosivité. Il a un impressionnant sens du timing. Il a surtout une soif d’apprendre, il est sans cesse en train de se remettre en question. Je suis sûr qu’il aura une belle carrière et qu’il deviendra une référence au niveau mondial à son poste
Qu’est ce que vous leur avez transmis ?
R. L. : J’étais là quand ils avaient besoin. Mais c’est un petit regret que j’ai, j’avais bcp d’autres choses en tête extra rugby à cette époque. J’aurais aimé passer plus de temps avec Nicolas pour l’accompagner un peu mieux. J’aurais aimé être un peu plus présent sur les retours de match, sur la notion un peu plus stratégique de notre poste. En terme physique, technique et vision du jeu, il était déjà prêt.
Qu’est ce qu’il manque à Nicolas Depoortère pour rejoindre le XV de France ?
R. L. : Pas grand chose. Je ne suis pas sélectionneur mais on voit qu’il est prêt physiquement. Il peut tenir 80 minutes avec la même intensité. C’est un mec sérieux et Il est sur la très très bonne voie. Fabien Galthié a l'habitude de donner leur chance aux jeunes méritants…
Un mot également sur Maxime Lucu, homme fort de cette première moitié de saison. Trouvez-vous qu’on le juge à sa juste valeur ?
R. L. : Il fait partie des meilleurs 9 du monde et des plus beaux, avec sa belle chevelure (rires). Je l’apprécie énormément. Il a un coeur énorme et il est plein de rigueur et de talent. L’impact humain qu’il a en club est tout juste énorme. Ça transpire le sacrifice et le don de soi. Je reste assez marqué par ce joueur là, et le public girondin également.
A l’image d’Alldritt qui a décidé de faire une pause avec La Rochelle, le sujet du rythme des saisons et de la santé des joueurs est de plus en plus abordé. Et vous, avez-vous déjà eu envie de dire stop pendant votre carrière ?
R. L. : Je comprends la position de Grégory Alldritt, surtout quand on sait pourquoi il le fait : pour revenir encore meilleur. Je n’ai pas le souvenir d’avoir été vraiment lessivé quand j’étais dans le circuit. Mais l’intensité n’était pas du même rythme il y a 5-6 ans, on a encore passé un cap aujourd’hui.
Avec la montée en puissance de nombreux jeunes français, susceptibles dedevenir des internationaux (en plus de ceux qui le sont déjà), ne faut-il pas craindre pour l’UBB de devoir gérer des calendriers complexes, comme doivent le faire Toulouse et La Rochelle ?
R. L. : Je ne suis pas forcément inquiet. J’ai toujours vu les sélectionnés comme une grosse marque positive dans un club. Ça fait partie du jeu, on connaît les règles au début de la saison. On sait que ça peut parfois déstabiliser les équipes mais ça fait partie des stratégies de recrutement. C’est un équilibre à trouver.
picture

Lamerat et Jalibert en 2019 avec le XV de France.

Crédit: Getty Images

Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Sur le même sujet
Partager cet article
Publicité
Publicité