Loin de l'Argentine, Oscar Jegou est revenu comme si de rien n'était avec La Rochelle

Près de quatre mois après la plainte pour viol en Argentine, pour lequel il est toujours inculpé et qui a considérablement entaché l'image du rugby français, le Rochelais Oscar Jegou est redevenu rugbyman samedi, auteur d'un essai et d'un match plein contre Paris (35-18).

Quatre semaines après son coéquipier palois chez les Bleus Hugo Auradou, également en attente d'une décision dans l'affaire qui a secoué le rugby tricolore cet été, Jegou a, à son tour, retrouvé les terrains, lui dont la situation personnelle avait déjà été entachée par un contrôle positif à la cocaïne en août 2023.

Les deux joueurs sont toujours poursuivis pour "viol avec violence en réunion" d'une Argentine de 39 ans qui avait passé une partie de la nuit du 6 au 7 juillet dans leur chambre d'hôtel de Mendoza, après un test-match du XV de France. Point d'orgue d'un été cauchemardesque pour le rugby français, également plombé par la vidéo à caractère raciste diffusée lors de la même soirée par Melvyn Jaminet, qui a écopé d'une sanction de 34 semaines de suspension par la FFR.

A l'origine, La Rochelle souhaitait attendre une possible décision de non-lieu de la justice argentine pour permettre à Oscar Jegou de rejouer. Mais face à la pénurie de 3e ligne pour le match contre le Stade Français (Grégory Alldritt, Paul Boudehent, Judicaël Cancoriet, Levani Botia), dirigeants et entraîneurs ont décidé de le remettre dans le bain plus tôt que prévu. "Oscar (...) a toujours travaillé dans l'ombre. Ça a été compliqué pour lui, le club et le rugby en général mais on essaye de laisser faire la justice", a dit son partenaire de la troisième ligne Matthias Haddad au micro de Canal+. Écouteurs vissés dans les oreilles lors de son arrivée au stade, stoïque quand les premiers "Allez Oscar" sont descendus des tribunes, le jeune flanker n'a rien laissé transparaître.

"Je me demandais comment il allait être accueilli, mais je suis heureux pour lui, s'est réjoui son coéquipier pilier Alexandre Kaddouri. Il n'était pas plus stressé que ça, il voulait juste rejouer au rugby." Rugueux en défense, option prioritaire en touche, précieux offensivement pour mettre les siens dans l'avancée, Jegou a montré les qualités qui lui avaient permis de décrocher cette sélection en juillet en Argentine. C'est lui qui a été à l'origine du premier essai de Teddy Thomas, seul éclair d'un premier acte morose. Puis, à l'heure de jeu, il s'est saisi d'un ballon dans un ruck près de l'en-but parisien avant d'aplatir sur la ligne le troisième essai de son équipe, validé à la vidéo, synonyme alors de bonus offensif.

Au terme des 80 minutes, visiblement soulagé, Jegou est sorti du terrain sous les accolades de ses partenaires et les vivats du public de Deflandre. Il ne s'est pas exprimé après la rencontre, contrairement à ses coéquipiers. "Quel match ! C'est un super joueur. Ce n'est pas une surprise pour nous de le voir tenir 80 minutes, pas un hasard qu'il marque un essai", a déclaré son entraîneur Donnacha Ryan.

"S'il continue comme ça, il ne sera pas loin de retrouver l'équipe de France", a estimé l'ailier et capitaine d'un soir Dillyn Leyds. Ca ne sera toutefois pas pour tout de suite. Le président de la Fédération Florian Grill a été très clair en affirmant que Jegou et Auradou ne rejoueraient "pas en équipe de France tant qu'il n'y a pas de non-lieu". "Et pour qu'ils rejouent en équipe de France, il faudra aussi qu'ils aient les performances sportives adéquates", a-t-il ajouté.