"Tess Ledeux sur le slopestyle des X Games ? Le run féminin le plus technique et le plus stylé de tous les temps"

Elle avait beau vouloir prendre sa saison "plus relâchée", Tess Ledeux continue de tutoyer les sommets. Et de quelle manière. Auteure du doublé big air-slopestyle aux X Games à Aspen la semaine passée, la rideuse de La Plagne est devenue l'athlète féminine la plus médaillée du rendez-vous numéro un du freestyle, à égalité avec Kelly Sildaru. Notre consultante Clémence Grimal en est admirative.

Ce rendez-vous a toujours pris l'habitude de consacrer les géants du freestyle. Déjà colossale lors des dernières éditions, Tess Ledeux a écrit une sacrée page de l'histoire des X Games la semaine passée. Son armoire à trophées déjà bien fournie avec huit médailles à la grand-messe du ski et du snowboard acrobatique, la Française y a ajouté deux breloques dorées pour devenir la féminine la plus médaillée de l'événement à égalité avec l'Estonienne Kelly Sildaru.

Plus que les chiffres et les récompenses, c'est la manière qui a impressionné la semaine dernière. Car Tess Ledeux a sorti le grand jeu lors du big air, mais surtout lors du slopestyle. "Je viens de faire le plus gros run de l'histoire et de mon histoire", confiait la principale intéressée auprès de nos confrères et consoeurs de L'Équipe. Double médaillée de bronze en snowboard halfpipe aux Mondiaux et suiveuse assidue de la scène freestyle, Clémence Grimal en a presque des étoiles plein les yeux au moment d'évoquer le week-end de la Plagnarde, impressionnante de sérénité.

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Un doublé pour l'histoire à Aspen

De l'admiration, voilà ce qui émanait de notre consultante, aux commentaires pour les prestations de la Tricolore en big air et slopestyle aux JO 2022 notamment. "En slopestyle, elle a fait le plus gros run qu'une fille peut claquer en compétition dans l'histoire. Il n'y a jamais eu autant de technicité, de fluidité, tout était combiné. C'est pareil pour le big air, mais le run de slopestyle… Ça a été le run féminin le plus technique et le plus stylé de tous les temps."

Sur les modules du Colorado, Tess Ledeux récite sa partition. Une symphonie qu'elle ne cesse de travailler avec son entraîneur Greg Guenet et qui lui permet de conserver un temps d'avance sur les autres. "Elle a posé un 1260 (ndlr, quatre rotations et demie), un 1240 en switch (ndlr, plus de quatre rotations avec départ en arrière), des figures tellement compliquées", continue Clémence Grimal qui évoque aussi un run "très touchant" où la championne a rendu un nouvel hommage à son père décédé il y a trois ans.

Grande dame des X Games depuis ses débuts en 2017 où elle avait décroché l'argent sur le slopestyle, la Française a fait de l'événement l'une de ses plus belles scènes d'expression. "C'est là-bas où on amène de la créativité", appuie la spécialiste du halfpipe. Mais 2024 semblait différent de ce qu'elle avait connu alors qu'elle avait fait de cette campagne un exercice de consolidation. "Je venais de poser un run que même en début de saison, je n'imaginais pas… C'était mon objectif, je savais que techniquement, j'avais les ressources pour le faire, mais je ne m'en sentais pas encore vraiment capable."

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Des X Games pour valider sa stratégie de continuité

Bien armée avec deux des figures de référence du plateau féminin, le double cork 1260 (ndlr, deux fois la tête en bas avec 3 tours et demi) et un switch double cork 1440 (ndlr, partir en switch, passer deux fois la tête en bas avec 4 tours pour atterrir en switch)., "les plus gros tricks qui existent dans le ski freestyle féminin" selon Clémence Grimal, Tess Ledeux a consolidé et bossé ses acquis au cours de ces derniers mois.

Saluée pour sa constance et sa confiance par notre experte, la Savoyarde ne voulait pas spécialement ajouter de nouvelle figure à son arsenal. La maîtrise de l'existant l'a déjà bien occupée. "C'est une bonne stratégie car ce sont de nouvelles figures, on a besoin de se rassurer", continue la snowboardeuse, insistant au passage sur l'importance du style dans l'appréciation des juges, l'un des axes sur lesquels la championne peut encore progresser. "C'est là où il faut appuyer, aller chercher des trucs originaux avec des figures qui ne tournent pas forcément beaucoup, mais qui ont un style, un axe de rotation particulier. Il n'y a pas que les sauts, il y a les rails, plein de modules et des nouveautés d'ailleurs."

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Video credit: Eurosport

Les travaux de Tess Ledeux sont phénoménaux. Confortée dans sa stratégie de ne pas faire de folie cette saison, la rideuse de La Plagne a évoqué ''du travail gagné pour la suite" auprès de L'Équipe. Clémence Grimal estime aussi que "ça va la lancer pour la fin de saison et qui lui redonner un peu de boost" alors que la compétition avec Johanne Kili, Megan Oldham et surtout Mathilde Grémaud, sa meilleure adversaire, fait rage en Coupe du monde.

En attendant le retour du feuilleton, prévu à Tignes en mars (à suivre sur Eurosport), la Plagnarde va s'offrir une pause fraîcheur d'un mois et demi sans compétition. Une échappatoire qu'elle n'a plus connue depuis huit ans. Tess Ledeux a trouvé son équilibre dans ce millésime 2023-2024 "atypique". Tous les signaux sont au vert dans sa feuille de route pour 2025 et 2026, ses grands objectifs du futur. On a déjà hâte de revoir la prodige au travail.

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