Hirscher, le nouveau boss

"Ist es mir ?" Même lui semblait incrédule en franchissant la ligne de la seconde manche du géant d'Adelboden. Pourtant, les centièmes se sont rangés de nouveau de son côté. A l'arrivée d'un second passage de haute-volée, Marcel Hirscher a obtenu ce qu'il était venu quérir : un nouveau succès, le huitième de sa carrière en Coupe du monde, le quatrième cette saison, le deuxième dans la discipline après son triomphe à Beaver Creek, début décembre.

Et si c'était lui le favori pour le gros globe cet hiver ? Sur son nuage depuis le début de l'hiver, imbattable depuis le passage à la nouvelle année, Marcel Hirscher refuse pourtant de s'emballer, d'afficher clairement ses ambitions. Lauréat, coup sur coup, du slalom de Zagreb, jeudi, puis du géant d'Adelboden, ce samedi, l'Autrichien a affiché une impressionnante sérénité dans le "money time", celui qui particularise les champions des "mortels". Meilleur temps des premières manches à chaque fois, le Salzbourgeois a tenu le coup lors des seconds runs. A 22 ans, il a affiché une sérénité digne de vieux briscards. Avec à l'arrivée, deux nouvelles victoires et 200 points dans la besace.

"Gagner à Adelboden, c'était un de mes voeux. Les conditions étaient extrêmement difficiles. Ce fut une belle bataille, une grande course, tous les ingrédients pour rendre notre sport attractif auprès du public", commente la pépite autrichienne. Le fait de devancer l'icone Benjamin Raich, prince d'Adelboden (avec trois victoires), a également ravi l'homme de la semaine : "Me retrouver sur le podium aux côtés de "Benni" (2e), c'est un sommet. Je me rappelle les années quand je le regardais à la télé, c'était mon idole et l'idole de mon sport, avoue-t-il. Quand j'ai intégré l'équipe d'Autriche, il m'était difficile de ne pas être impressionné quand je mangeais près de lui ou que je prenais le même avion."

Dimanche, lors du slalom, il partira à la conquête d'un cinquième bouquet cet hiver. Là-encore, le principal intéressé, 2e en 2010 et 2011, préfère la jouer modeste : "Bien sûr que c'est possible, mais je ne vais pas me mettre la pression dès maintenant. Laissez-moi d'abord savourer cette victoire". Sa démonstration sur le Chuenisbärgli, une piste qui lui avait jamais réussi en géant (11e en 2009, 16e en 2011), lui a permis de prendre ses distances au général. Avec 169 points d'avance sur son premier dauphin, le Norvégien Aksel Lund Svindal, Hirscher peut voir venir. "J'ai une petite arrière-pensée. Mais ce n'est pas pour ça que je vais faire n'importe quoi", tempère-t-il. Rien ne sera laissé au hasard. L'homme a déjà prévu de zapper deux des quatre épreuves de Kiztbühel dans deux semaines : "Je ne pense pas participer aux prochaines étapes de vitesse, en particulier la descente et le Super-G". La Streif attendra. De toute façon, l'homme n'est pas pressé.