Alta Badia : Thomas Fanara, au-delà de la douleur

Sa (probable) fracture du pouce de la main gauche ne pouvait, en aucun cas, l'arrêter. Ni même le freiner. Quatrième de la première manche, Thomas Fanara s'est lancé à corps perdu lors de la seconde du géant d'Alta Badia. En bas d'une Gran Risa aussi mythique que verglacée, le Français a fait abstraction de la douleur pour signer un nouveau podium en Coupe du monde, le troisième en carrière, le deuxième sur ces mêmes neiges italiennes.

C'est en heurtant une porte le matin que Fanara s'est abîmé le pouce gauche. Fanara, qui redoute également une déchirure ligamentaire, conte ce qu'il s'est passé : "Quandj'arrive en bas, j'ai vraiment très mal au pouce, je ne le sentais plus, et après j'ai commencé à le sentir, ça allait mieux. De toute façon, j'avais prévu de faire la "deuz" quoi qu'il arrive." L'après-midi, il a donc "serré les dents" : "Il y a toujours des trucs inattendus qu'on ne peut pas gérer. Il faut s'adapter, c'était à moi d'être plus fort que ça. J'ai pris ça comme un challenge. "

"Je suis super content", a ensuite avoué le skieur de Praz-sur-Arly, qui avait décidé "de faire un ski moins heurté" en seconde manche. "Je suis fier quelque part d'être sur un podium où il y a Hirscher et Ligety, même si ce n'est qu'à la troisième place". Depuis fin octobre, Fanara flirtait avec cette "boîte". Quatrième à Sölden pour l'ouverture, alors qu'il avait signé le meilleur chrono de la première manche, il avait rattrapé sa sortie de piste à Beaver Creek par une septième place à Val d'Isère. Souvent placé, jamais vainqueur, le Français avait identifié ce qui n'allait pas : son manque de régularité sur deux passages. "Depuis le début de saison, je tournais un peu autour, a-t-il expliqué. Je skiais bien, mais chaque fois, je me disais à la fin de la course "Et si...". Aujourd'hui (dimanche), je fais deux manches régulières et ça suffit pour être troisième. En partant dans les derniers, ça tapait et il fallait produire un ski solide pour rester devant."

Pourtant, tout n'a pas été parfait. Quatrième mais repoussé à près de deux secondes et demi de Ted Ligety le matin, Fanara n'a pas très bien compris les écarts produits par l'Américain lors du premier run : "Il est vraiment très fort. On va regarder à la vidéo ce qui s'est passé avec Ted, pour essayer d'analyser. S'en inspirer, même si chacun a son style de ski, car il y a des choses à prendre." Il a un mois pour prendre des notes avant Adelboden. Et soigner ce pouce douloureux.