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Giezendanner sur la mort de David Poisson : "j'ai perdu un grand frère"

François-Xavier Rallet

Mis à jour 14/11/2017 à 13:24 GMT+1

Joint par téléphone ce mardi matin, quelques heures seulement après la tragique disparition de David Poisson, Blaise Giezendanner, très ému, nous décrit "Kaillou", son coéquipier en équipe de France, ce "mec en or et ce "casse-cou" au "sourire permanent" qui savait remettre les petits jeunes à leur place, quand il le fallait. Mais toujours avec bienveillance.

David Poisson et Blaise Giezendanner

Crédit: Eurosport

"L'équipe de France est meurtrie après l'annonce de la mort tragique de l'un des siens, David Poisson. Vous êtes blessé actuellement et donc resté en France. Comment avez-vous appris son décès ?
BLAISE GIEZENDANNER : Ce n'est vraiment pas évident (d'en parler). Quand j'ai appris que David était mort, j'étais chez Valou (Valentin Giraud Moine) à Albertville hier soir. On était avec sa copine. Au début, on n'a pas trop compris ce qui venait de se passer. Comme tout le monde, on l'a appris sur internet quand la FFS a envoyé son communiqué de presse. Ensuite, les coaches nous ont expliqué. C'est horrible. C'est un choc dingue.
Vous avez pu discuter avec des membres du staff présents au Canada ?
B.G. : Oui, les entraîneurs nous ont donné des précisions sur son accident. J'ai eu Bambou (Yannick Bertrand, un des coaches en vitesse) au téléphone. Ce qu'il faut savoir, c'est que David est sorti de la piste. C'était en fin de run. Une mauvaise chute. Après, on connaît le décor là-bas. Il y a des arbres partout. Et malheureusement, David a percuté l'un d'eux.
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David Poisson à l'entraînement sur la piste de la descente à Jeongseon le 2 février 2016

Crédit: Panoramic

Vous avez été en contact avec des skieurs tricolores ?
B.G. : J'ai eu Gus (Guillermo Fayed) hier soir. Avec Valou, on s'est demandé ce qu'ils allaient faire maintenant. Si ça ne tenait qu'à moi, ça serait impossible de courir dans deux semaines (à Lake Louise). Je ne sais s'ils vont rentrer en France. Je ne sais pas ce qu'il se passe là-bas. Mais ça ne m'étonnerait pas que les skieurs français rentrent. Après, ils vont peut-être aussi vouloir rendre hommage à David en restant là-bas. Ils ont envie de courir pour lui. L'état d'esprit doit être difficile. Ça doit être invivable. Ils ne vont plus s'entraîner avant les courses. Ils vont arriver à Lake Louise la tête dans les chaussettes.
Le groupe vitesse n'est pas épargné depuis quelques temps. Il y a eu la blessure de Valentin (luxation des genoux), la tienne. Et là, ce drame…
B.G. : C'est vrai. Ce n'est pas la fête pour nous. Et puis, Kaillou avait perdu son père il y a quinze jours. C'est dur. Je veux surtout apporter tout mon soutien aux gars là-bas (au Canada), mais aussi mes condoléances à sa famille, sa maman, sa femme et son fils, Léo.
David Poisson faisait l'unanimité. Il était connu pour sa bonhommie. Quelle image garderez-vous de votre ami ?
D.P. : Kaillou, c'est le mec qui avait toujours cette joie de vivre. C'est facile à dire maintenant. Ça peut être un peu bateau. Mais c'est un mec qui n'a jamais fait la gueule pour quoi que ce soit. Que ça soit à l'entraînement ou en course.
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David Poisson avec sa médaille de bronze aux Mondiaux de Schladming en 2013

Crédit: Getty Images

Poisson, c'était aussi le bon camarade, celui qui pensait aux autres. Quel rapport entretenait-il avec les jeunes du groupe dont vous faites partie ?
B.G. : Si on est arrivé, c'est grâce aux "vieux". Grâce à Yo (Johan Clarey), Kaillou, Adri (Adrien Théaux) et Gus (Guillermo Fayed). Mais Kaillou avait, un peu plus, ce côté un peu formateur avec nous. Il a toujours été là pour nous. C'est un mec en or. Il nous montrait le droit chemin à chaque fois qu'on pouvait "déconner". Nous les jeunes, il nous remettait à notre place quand on sortait un peu de la route. Mais toujours avec bienveillance, jamais méchamment. Parfois, on est un peu extravagant. On n'est pas des merdeux ou des péteux, mais on peut manquer d'humilité parfois. Lui nous mettait souvent en garde. Quand on en faisait trop, il savait nous le dire.
Il vous raisonnait. Mais lui n'était pas le dernier pour afficher une certaine folie sur les skis. C'était ça aussi, David Poisson.
B.G. : Totalement. Ça fait partie de son personnage. C'était un risque-tout. Il a eu une carrière marquée par de nombreuses chutes. Je ne dis pas qu'il n’était connu que pour ça mais ça a forgé sa réputation. En moto, c'est un casse-cou. Il adore faire du vélo. A l'entraînement, c'était toujours celui que voulait partir en premier. Il était toujours à fond. Mais à côté de ça, dans la vie de tous les jours, il savait rester humble et être sa place.
Quelle image en particulier garderez-vous de lui ?
B.G. : Kaillou, c'était un grand frère. Comme tous les "vieux" du groupe. Hier, j'ai perdu un grand frère. Il va tous nous manquer. Je ne sais pas ce qu'il va se passer dans les jours à venir mais je sais juste qu'il faut garder en tête son sourire. Et la tronche qu'il avait. C'était surtout ça, Kaillou. Un sourire permanent et une tronche. Il ne faut jamais l'oublier.
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Le bronze des Mondiaux de Schladming : l'heure de gloire de David Poisson

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