Flachau, slalom : Mikaela Shiffrin veut tracer son chemin

Il y a un peu plus d'un an, Mikaela Shiffrin repartait de Flachau le moral dans les chaussettes. A 16 ans et demi, elle n'avait pas réussi à boucler la première manche du slalom. Mais ça, c'était avant. Avant que l'Américaine ne se décide à exploser au plus haut niveau mondial et à tout écraser sur son passage. "Je ne pouvais pas imaginer, il y a un an, être dans une telle position, s'enthousiasme-t-elle. Mais j'ai travaillé aussi dur que je pouvais, et j'y suis arrivée."

Un an plus tard, la reine du slalom, c'est désormais elle, du haut de ses 17 ans et 308 jours. De course en course, on ne cesse de louer sa précocité et son talent. Tout cela a trouvé une forme de concrétisation à Flachau où, sur le sol autrichien à quelques kilomètres de la ville natale d'Annemarie Moser-Proell, Shiffrin a rejoint son illustre ainée dans les livres d'histoire du ski mondial en devenant la plus jeune triple gagnante de course de la Coupe du monde, au même âge jour pour jour. "Mes entraîneurs m'avaient parlé d'elle et j'avais fait quelques recherches sur Wikipedia, sur ses résultats, explique Shiffrin. Elle est probablement la meilleure skieuse de tous les temps. A moi de faire mon chemin maintenant". Les 62 victoires de Moser-Proell sont encore loin, mais la skieuse de Vail a incontestablement le potentiel pour y arriver.

"Je suis sur la bonne voie et il faut juste continuer. J'ai de grands objectifs, et une partie de ces objectifs, c'est d'être la plus jeune à faire des performances", clame-t-elle sans détour. A 17 ans, c'est sans nul doute cette maturité qui impressionne presque le plus. Shiffrin garde la tête sur les épaules, sûre de son fait et de son avenir. "Quand j'avais six ans, je me disais que je devais juste battre les filles qui étaient plus rapides que moi, explique-t-elle. Et depuis, j'ai toujours essayé d'être plus rapide que les filles, plus rapide que les garçons." En slalom, elle est pour le moment la plus rapide, comme en atteste le dossard rouge qu'elle arborait pour la première fois à Flachau, pourtant le terrain de prédilection de Maria Hoefl-Riesch, victorieuse en 2011 et deux fois deuxième (2010, 2011) pour ses trois seules participations.

Toujours aussi décontractée et relâchée, la pression ne semble pas avoir d'emprise sur elle. "Je regardais souvent les courses de Coupe du monde quand j'étais petite, avec mes parents. Ça m'a aidé pour rester calme au départ, reconnaît Shiffrin. Après, en seconde manche, j'ai continué sur ma lancée." Aucun stress, une gestion de l'effort parfaite pour finir en trombe, même en terminant deuxième, l'Américaine n'aurait rien eu à se reprocher. Mais la chance était de son côté. "Quand je l'ai vue à l'entraînement pour la première fois il y a deux ans, je lui ai dit : 'si tu skies comme ça en Coupe du monde et que tu sais saisir ta chance, personne ne pourra te battre, déclare Roland Pfeifer, l'entraineur de l'équipe féminine américaine. J'ai eu des skieurs du même âge extrêmement talentueux. Mais ils ne savaient pas gérer leur talent comme Mikaela. Ils ne travaillaient pas comme elle. Elle est unique." Même Lindsey Vonn n'avait remporté sa première course qu'à 20 ans.

Des compliments qui font généralement sourire Shiffrin qui se considère avant tout comme une lycéenne normale, même quand on lui parle déjà d'or aux Jeux d'hiver de Sotchi l'an prochain. "Chaque course est un nouveau défi et c'est ça qui est intéressant, minimise-t-elle. Tant que je peux m'améliorer dans mon ski, je serai contente. Mon prochain but, c'est de finir mes études cette année. Si mes professeurs sont sympas avec moi." Une ado, somme toute, comme les autres. Un talent fou en plus.