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La Streif les attend

Eurosport
ParEurosport

Publié 24/01/2009 à 07:30 GMT+1

Après le Super-G vendredi, la station autrichienne de Kitzbuehel propose une descente samedi. Sur la mythique et redoutable, le plateau masculin tentera de dompter l'une des pistes les plus spectaculaires de l'hiver où des vitesses de 140 km/h peuvent êtr

La vertigineuse piste de la "Streif" a forgé depuis des décennies le prestige de la descente de Kitzbühel, véritable mini-championnat en plein coeur de la Coupe du monde, qui réserve deux minutes de grand frisson aux meilleurs glisseurs samedi. Le Suisse Daniel Albrecht y a fait une lourde chute, lors de l'entraînement de jeudi, et il était plongé dans un coma artificiel dans la soirée, les médecins étant réservés sur le pronostic vital. Il souffre d'un traumatisme crânien avec une hémorragie cérébrale, d'une fracture du nez et de contusions à un poumon.
"C'est comme plonger dans le cratère d'un volcan en fusion" , dit un jour l'Autrichien Stefan Eberharter, vainqueur en 2002 et 2004, à propos du tracé de 3.312 m, qui à défaut d'être le plus long du circuit est considéré comme le plus redoutable. En cinq secondes et deux virages, les skieurs sont dans le vif de l'action. Ils s'engouffrent dans le Mausefall, littéralement le piège à rat, et ses 85% de dénivelé pour un premier décollage. "Mieux vaut ne pas regarder le skieur qui s'élance avant toi. On le voit partir loin, mais on ne voit pas l'atterrissage, et ça ne met pas trop en confiance", raconte Adrien Théaux, l'un des meilleurs descendeurs français.
140 km/h sur la bosse finale
Après 45, 50 voire même 60 m en l'air, les coureurs doivent négocier une compression et un virage ultra serré à droite avant d'aborder un mur de glace, le Steilhang ("pente raide"), autre difficulté majeure de la Streif. "Les choses se corsent énormément avec ce gros mur qui se finit par un grand virage amenant sur un chemin un peu en dévers", poursuit le Français. La partie médiane offre quelques instants de répit. Puis vient le saut de l'Hausberg. "Il faut vite se remettre dedans. On plonge énormément avec le saut, qui nous fait prendre de la vitesse. Physiquement, la fatigue se fait sentir et on sait qu'on va se faire secouer énormément dans le passage suivant", souffle Théaux.
Ils déboulent alors à près de 140 km/h sur la bosse finale, qui exige encore quelques secondes de concentration sous peine de graves conséquences. C'est là qu'Albrecht s'est fait piéger jeudi, un an après l'Américain Scott Macartney. Sur la Streif, il y a dix ans, le champion olympique autrichien Patrick Ortlieb s'était blessé sévèrement et ses multiples fractures le condamnèrent à une retraite anticipée. Si des courses de descente ont lieu depuis 1931 à Kitzbühel, dont le nom est synonyme de ski alpin en Autriche, la piste a pris sa configuration dans les années 50. Avec un tel passé, bien des légendes et rumeurs circulent sur la Streif au point de donner des noeuds à l'estomac aux novices.
Le salaire de la peur
"Il faut avoir du coeur, il faut oser se lancer. Et quand ils l'ont fait une fois, cela passe nettement plus facilement lors des entraînements suivants", estime l'un des entraîneurs suisses Patrice Morisod. Course aussi exigeante physiquement que mentalement, la descente de Kitzbühel permet de révéler les personnalités. "On peut déceler souvent ceux qui ont vraiment l'esprit de descendeur, de casse-cou et ceux qui calculent un peu plus", selon le technicien.
Rien d'étonnant à ce que les organisateurs doivent offrir plusieurs centaines d'euros et une semaine tous frais payés pour trouver des ouvreurs assez tête brûlée pour s'aventurer sur la Streif avant les compétiteurs. Mais le salaire de la peur est à la hauteur de la prise de risques pour les coureurs. Outre les 70 000 euros de prime, gagner à Kitzbühel leur permet d'inscrire leur nom au panthéon de la station, aux côtés des plus grands skieurs de Jean-Claude Killy à Franz Klammer, détenteur du record de victoires en descente dans la station (4). Une distinction qui a valeur de médaille olympique aux yeux de certains.
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