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"Je me fiche de mon image"

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 16/11/2010 à 10:53 GMT+1

Julien Lizeroux est un skieur bavard. Le Français, qui ne s'en cache pas, nous a accordé un long entretien avant le début de la Coupe du monde. Dans la seconde partie de celui-ci, le Plagnard parle de lui, revient sur l'épisode Vancouver et de ce qu'il pense représenter aux yeux du grand public.

ALPINE SKIING 2010-2011 Levi Julien Lizeroux

Crédit: Zoom

JULIEN LIZEROUX, vous avez pour habitude de ne pas vous fixer d'objectif avant le début de saison. Une méthode qui a fait ses preuves...
J.L. : Complètement (il rit). C'est ce que j'essaye d'expliquer depuis un moment. Ce n'est pas que je ne me fixe pas d'objectifs, c'est que je ne me fixe pas d'objectifs comptables. Bien sûr que j'ai envie de gagner toutes les courses. Mais on part tellement dans le domaine du futur et du conditionnel que, pour moi, c'est perdre de l'énergie. Et puis si tu te fixes un objectif, que tu te dis "je vais gagner cette course" et que tu la gagnes, ça devient quelque chose de normal. Moi, mon truc, c'est un objectif sur l'année. Avec le groupe, avec les coachs, tu mets en place une programmation, une planification. Moi, mon seul objectif, c'est d'arriver au départ de chaque course en me disant : "le boulot, je l'ai fait, je suis en forme physique, je suis en pleine confiance donc je n'ai pas à me poser de questions et je me dois d'envoyer du pâté !".
Si vous deviez sortir du calendrier un rendez-vous, une piste, qui vous tient particulièrement à coeur, ce serait lequel ? Kitzbühel ?
J.L. : "Kitz', c'est un lieu particulier, c'est ma première Coupe du monde, c'est ma première victoire. Depuis trois ans, c'est souvent là-bas que je fais mes meilleurs résultats. Pourquoi ? Je ne sais pas trop car je ne pense pas que ça soit une piste qui me convienne particulièrement. Après, si j'ai deux dates que je dois sortir : c'est Wengen, parce que j'adore l'ambiance et l'atmosphère qui y règnent, et Schladming, car il n'y a rien de mieux. Pour en revenir aux JO, quand tu vas skier à Schladming, tu cours devant 60 000 personnes. A Whistler, il y avait 3 000 personnes. Ce n'est pas pareil et c'est difficilement comparable. Quand tu skies à Schladming, tu as l'impression de skier dans le Stade de France. C'est juste énorme.
Pourtant, Schladming est une station qui ne vous réussit pas...
J.L. : C'est complètement vrai (il rit). A chaque fois, je dis ça de cette station et c'est vrai que je n'ai jamais été bon là-bas. Je me dis que si on pouvait être un peu moins bon à Kitzbühel et tous les découper à Schladming, ça serait vraiment bon ! (rires).
Votre intersaison a été marquée par votre prolongation de contrat chez Dynastar. Une marque de confiance ?
J.L. : J'ai fait beaucoup de tests avec Dynastar cet été. J'avais vraiment envie de continuer avec la boîte mais j'avais aussi de poursuivre l'aventure avec la cellule d'entraînement que j'ai, avec JB (Grange) et Loïc Brun, qui est notre technicien. J'ai fait deux saisons avec eux et ça se passe super bien. On fait beaucoup de développement en commun même si on n'a pas la même marque de skis (NDLR : Grange est chez Rossignol) mais le ressenti est le même. Et ça, je n'avais pas envie de le perdre. Comme j'ai fini l'hiver assez fatigué, j'avais aussi envie de garder de stabilité pour pouvoir revoir tranquillement. Mine de rien, changer de marque fait dépenser pas mal d'énergie.
Quelle image pensez-vous donner de vous ?
J.L. : Je vais être franc : je m'en fiche un peu. Mais en même temps, quand tu fais passer un message, tu as envie qu'il soit compris de la manière dont tu as envie qu'il soit compris. D'après ce que m'ont dit certaines personnes, il y a pas mal de choses qui sont mal perçues. Les  JO, par exemple : on nous a reproché d'avoir abordé l'évènement les mains dans les poches. Je n'ai pas dû dire les choses comme il fallait. Du coup, je suis revenu un an en arrière, avant Val d'Isère, pour voir quel était mon discours. Et celui-ci était le même. Et j'ai toujours eu ce discours. Après, c'est l'approche des gens qui change. Je n'ai jamais dit que les JO n'étaient pas importants. J'ai dit que c'était une course comme les autres. Et ça, beaucoup ne l'ont pas compris...
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ALPINE SKIING 2010-2011 Levi Julien Lizeroux

Crédit: Reuters

C'est-à-dire ?
J.L. : Ce sont des portes rouges et des portes bleues. On a les mêmes adversaires, le même matériel et ça reste une course de ski. En l'occurrence, c'est ce jour-là qu'il faut être bon. C'est la seule différence. Après c'est le regard et l'approche des autres qui est différente. Les gens n'arrivent pas à comprendre que sportivement parlant, la Coupe du monde représente plus que les JO. Mais ça, ça n'engage que moi. Si les gens ne sont pas d'accord avec moi, je le respecte, mais qu'on respecte mon choix aussi. Quand j'avais 12 ans, c'est un discours que je tenais déjà. Le globe me fait rêver plus qu'une médaille olympique. On nous demande souvent de comparer, mais moi, je n'en ai pas envie. Avec un globe, t'es le meilleur skieur de l'hiver, pas le meilleur skieur du jour. Sportivement parlant, c'est mieux. Après, au niveau des médias et du grand public, Vancouver, c'était le Graal. Pas pour moi.
Hors des pistes, qu'est-ce qui est le plus difficile à gérer ?
J.L. : J'adore parler de mon sport. Je pourrais en parler des heures. J'aime jouer le jeu avec la presse. Je suis bavard, mais à un moment donné, je dois arrêter de communiquer. Quand tu arrives dans une sphère de sportifs où tu as plus de sollicitations, concrètement, tu dis non 90% du temps et oui 10% du temps. Si tu dis oui à 100%, tu ne fais plus de sport. Car ça te bouffe. Ça empiète sur ton entraînement, sur ton temps de récupération. Et du coup, tu es moins performant. A ce moment-là, tu es obligé de mettre des limites. Si je devais retenir une chose difficile à gérer, ça serait ça. C'est frustrant mais c'est comme ça. Si ça ne tenait qu'à moi, je ferais plaisir à tout le monde (sourires).
Enfin, à vos yeux, quelles sont les personnes qui comptent le plus dans votre réussite sportive ?
J.L. : C'est une question extrêmement compliquée car tu es forcément obligé d'en oublier. Mais je dirais déjà mon entourage, ce cocon familial, les amis. Mes proches m'ont toujours supporté mais n'ont jamais été omniprésents. Ça, c'est très important à mes yeux. Je suis issu de la montagne. Mon père a été entraîneur en ski-étude pendant 25 ans. Il aurait pu se dire qu'il avait une légitimité à me conseiller. Mais non, au contraire, c'est peut-être celui qui a le plus de distance avec mon sport. Il m'a toujours aidé mais il n'a jamais été sur mon dos. Il a toujours été respectueux de ce que je faisais. Ensuite, il y a l'équipe en elle-même. Depuis trois ans, l'équipe d'encadrement, c'est le facteur X dans ma réussite. C'est ce qui fait la différence. Ces mecs sont à ton service et se déchirent pour toi. Il ne faut pas oublier qu'ils ont une vie un peu compliquée : ils sont 200 jours de l'année loin de chez eux. Ils ont une vie de famille et je peux te dire qu'ils ne gagnent pas des milliards. Leur donner le sourire quand tu montes sur un podium, ce sont des moments qui sont forts et de pouvoir les partager avec eux, avec les coachs et avec les autres skieurs de l'équipe de France, c'est énorme.
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ALPINE SKIING 2010-2011 Sölden Julien Lizeroux

Crédit: Zoom

Et puis il y a le staff médical...
J.L. : J'allais les oublier. Heureusement qu'ils sont à nos côtés. Car sans eux, et quand on sait le rapport que j'ai avec les blessures, s'ils n'étaient pas là, je n'en serais pas là aujourd'hui (rires)...
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ALPINE SKIING 2010-2010 Levi Julien Lizeroux

Crédit: Zoom

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