Progression tranquille, études à mi-temps, Levi… Chiara Pogneaux, la pépite bleue qui ne demande qu'à éclore

"Je sais de quoi je suis capable". Les mots sont clairs, l’honnêteté au rendez-vous. Chiara Pogneaux n’a jamais été du genre à se cacher et ce n’est pas la retraite de Nastasia Noens, la chef de file de la technique tricolore, qui risquait de la pousser à le faire. A 21 ans, la skieuse de Serre-Chevalier a beau être la plus jeune du groupe France, elle n’en est pas moins l’une des plus prometteuses. Elle l’était déjà à l’aube de ce week-end de Levi et elle l’est encore plus après les deux slaloms finlandais, où elle a terminé dans les points (24e et 13e), s’offrant même le premier top 15 de sa carrière.

Pourtant, Chiara Pogneaux ne fait pas partie de ses skieuses ultra précoces, qui gagnent en Coupe d’Europe et impressionnent en Coupe du monde avant leurs 20 ans, à l’image de l’Albanaise Lara Colturi ou de la Suédoise Hanna Aronsson Elfman. La Française a pourtant débuté sur les skis dès son plus jeune âge. "J’ai commencé à pratiquer le ski lorsque j’avais 2 ans, avouait-elle dans un portait pour HDEC en mai dernier. Je me souviens encore de mon père me retenant avec des cordes pour éviter que je glisse en avant". Désormais, plus rien ne la retient, même si elle doit composer avec ses cours le reste de l’année. Et oui, c’est aussi ça d’avoir 21 ans et d’être mature.

"Consacrer du temps à mes études a toujours été une évidence, j’ai conscience que le ski peut s’arrêter à tout moment, expliquait la skieuse de Serre-Chevalier. Comme mon sport ne se pratique qu’avec de la neige, j’ai basculé à partir de mon entrée en équipe de France, quand j’avais 15 ans, sur un calendrier scolaire inversé. C’est-à-dire que mon année débutait en avril et s’achevait en octobre. Il faut savoir s’habituer à ce rythme à contre-courant. Heureusement, à l’EDHEC j’ai le sentiment d’être accompagnée, notamment par ma tutrice, qui s’assure que je ne décroche pas. Le format à distance m’offre aussi la possibilité de travailler à mon rythme". Sans perturber sa carrière de skieuse, en plein essor.

Pour autant, la Française a grandi un peu plus dans l’ombre que bien des jeunes skieuses, loin des joies de la victoire (6e au mieux) en Coupe d’Europe, aux Mondiaux Juniors (10e au mieux en 12 épreuves). Mais, en Coupe du monde, Chiara Pogneaux n’a pas tardé à montrer ses qualités. Dès son premier week-end, à Levi, en 2022, avec ses premiers points lors du slalom dominical. "'Ouf', ça doit être le mot que j’ai le plus prononcé de la journée, rigolait-elle alors pour SkiChrono. On a beau se persuader de faire comme-ci, comme-ça, ce n’est jamais évident. De faire cette qualification avec Marie (Lamure), c’est un truc de malade. On se regardait en bas, on s’est prise dans les bras, on avait envie de pleurer toutes les deux. Et puis c’est cool pour le groupe aussi, très gratifiant pour le travail que l’on fait".

Ce dimanche, Marie Lamure n’avait sans doute pas la même joie, après un week-end sans aucune deuxième manche, mais Chiara Pogneaux a confirmé tout le talent qu’on lui prête depuis des années. Au lendemain d’un slalom bien négocié (24e), elle-même sentait qu’il y avait encore mieux à faire. "Demain (dimanche), on va essayer de lâcher les chevaux", promettait la Tricolore. Chose promise, chose faite avec un second slalom sublime pour aller chercher le premier top 15 de sa carrière (13e au final). "C'est une journée de fou avoue Pogneaux. Je suis super contente de ma course, de mes deux manches. Je pense que ça va vraiment m'aider à passer un cap sur ce circuit. Je suis très contente et j'ai hâte de voir la suite". Nous aussi.