Rocca: "Un grand bonheur"

"Rocca? Il est très fort mais ce n'est pas une nouveauté ." Benni Raich n'est pas surpris de voir le néo-trentenaire italien régner en maître sur le slalom en ce début de saison. Quatrième de la Coupe du monde ces trois dernières années, Giorgio Rocca figure effectivement parmi le gratin de la discipline depuis un petit moment. Qu'il soit costaud n'est donc pas une info. Qu'il soit le plus fort, en revanche, voilà un changement majeur.

Le Transalpin est bien l'incontestable numéro un de la discipline désormais. Pour bien mesurer la portée du doublé réalisé en huit jours par le champion de Livigno à Beaver Creek et Madonna, il faut se souvenir qu'aucun skieur n'avait plus remporté les deux premiers slaloms de la saison depuis 11 ans. Le précédent auteur d'une telle performance était un certain Alberto Tomba. Difficile de ne pas y voir un symbole.

Ignorant cette statistique, Kalle Palander n'a pourtant pas manqué d'établir le lien entre les deux phénomènes. " Vous avez le nouveau Giorgio Tomba", lance le Finnois. Au niveau du palmarès comme sur le plan du charisme, Rocca reste à des années-lumière de son aîné. Avec huit slaloms dans la poche, il reste d'ailleurs loin des 35 succès de la "Bomba" dans la discipline. Mais l'Italie attendait depuis si longtemps un successeur au grand Alberto qu'elle refuse de faire la fine bouche.

Avec raison, car Rocca a tout de même égalé lundi un autre de ses illustres compatriotes, Gustav Thoeni, immense champion des années 70, qui compte également huit succès sur les skis courts. A l'évidence, Rocca se souviendra tout particulièrement de cette huitième levée, la première au pays. "C'est évidemment une grande victoire que j'attendais depuis longtemps en Italie, sur une piste historique de la Coupe du monde", s'est réjoui le héros du jour.

Porté en triomphe par la foule dans l'aire d'arrivée, Rocca a définitivement conquis le coeur des tifosi, qui l'attendaient au tournant. "C'était d'autant plus important que Madonna, qui organisait aujourd'hui sa 50e course de Coupe du monde, pourrait disparaître du calendrier", poursuit-il. C'est un grand bonheur de s'imposer à la maison, et j'espère que ce ne sera pas la dernière fois cette saison".

Tout le monde aura naturellement saisi la référence olympique. Dans deux mois, Giorgio Rocca portera les espoirs du ski italien, surtout dans les rangs masculins. C'était vrai hier, ça l'est plus encore aujourd'hui après sa démonstration en nocturne à Madonna. "C'est une victoire très importante pour le ski italien, reprend-il. Je sais que les gens vont compter sur moi à Turin. Mais je n'ai pas peur. Je me suis très bien préparé cet été pour arriver au top ".

Ces Jeux, il y pense tous les jours. Ce week-end, plutôt que de participer au Super combiné de Val d'Isère, il a préféré se rendre à Sestrières, pour s'entraîner sur la piste des prochains J.O. Selon lui, c'est d'ailleurs cette décision qui lui a permis de voler lundi soir. "J'étais beaucoup plus frais que certains de mes rivaux. C'est ce qui a fait la différence au cours de la deuxième manche. Sans cela, je n'aurais pas skié aussi vite", juge-t-il.

"Il était vraiment très difficile à battre ", admet Palander. Son bas de piste fut tout bonnement exceptionnel. Il raconte: "Quand j'ai entendu le speaker annoncer que j'avais sept dixièmes d'avance sur Vidal, je me suis dit que je devais encore changer de rythme sur le mur final, l'endroit que mon entraîneur avait souligné." S'il sort en février le même genre de course que sur le second tracé de la Miramonti, le titre olympique ne sera pas loin. Il se rapprocherait alors un peu plus des étoiles, et de la plus lumineuse d'entre elles, sa Majesté tomba.