Finales de Saalbach - Géant - Marco Odermatt : "Je n’étais pas nerveux, je n’avais pas les jambes"

Le scénario était écrit, les titres étaient prêts, l’encre était déjà presque sèche : au moment de s’élancer pour conclure la deuxième manche du géant de Saalbach, ce samedi, Marco Odermatt allait l’emporter pour signer un 10/10 en géant. Il allait devenir le premier skieur à cumuler 14 succès en Coupe du monde sur une seule saison. Sauf que l’ogre suisse est tombé. De Grand Chelem il n’y aura pas. Sans raison particulière, selon le champion helvète. Car remporter une course de Coupe du monde est censé être l’exception et non la règle, même si le génie de 26 ans a tendance à nous le faire oublier.

"Avec les conditions de printemps, cela peut arriver. Même pour moi", a rappelé le Suisse à l’arrivée. Avec ses 13 victoires cette saison, un an après avoir réalisé le même exploit, sa première place aux classements du géant, de la descente et du Super-G, Odermatt a créé une normalité qui n’existe pas. Insubmersible, le Suisse avait par exemple réussi à triompher à Aspen malgré plusieurs erreurs en seconde manche. Le voir flancher une fois la dernière marche à moitié franchie est difficile à comprendre, mais c’est en fait la logique de la discipline.

"10 victoires d'affilée en géant, c'est très dur. Sur une saison, un skieur peut arriver dans des conditions où son matériel ne marche pas, où il peut être malade, avoir une petite baisse de forme. Ce qui est dur, c'est de ne pas avoir de trou", rappelait à ce titre cette semaine notre consultant Jean-Pierre Vidal.

"Je n’étais pas du tout nerveux, je n’avais juste pas les jambes", a insisté Odermatt après l’arrivée. Déçu, le Suisse n’était pas non plus abattu. Il avait surtout déjà dû répondre sur son état d’esprit avant son deuxième passage, et sa réponse avait été sensiblement similaire : "j’étais un peu nerveux ce matin, avant la première manche. Je suis confiant maintenant, je sais que le matériel fonctionne bien, il y a un combat serré avec Loïc".

Loïc Meillard, c’est un peu le grand oublié de l’histoire. Certes, il comptait un retard de quatre dixièmes sur Odermatt après la première manche, mais un tel écart n’est pas suffisant sur une neige aussi dégradée que celle qu’offrait la station autrichienne après le passage des autres concurrents.

"Je vais attaquer, c’est mon style. Je sais que Loïc va le faire et va me mettre la pression", avait d’ailleurs confié Odermatt avant de s'élancer. Dans des conditions difficiles, Odermatt n’a pas voulu calculer, et il n’a pas eu les jambes pour tenir son ski extrêmement exigeant.

Après une saison aussi longue où il a tenu la dragée haute sur tous les tableaux, le Suisse avait bien le droit à un petit moment de normalité. Ce trou est donc venu lorsqu’on ne l’attendait plus, mais pas non plus lors d’un moment-clé de la saison. Avec une descente et un Super-G à disputer, Odermatt peut encore glaner un 14e succès en vitesse. Même s'il s'arrêtait là, il aurait de toute façon signé une saison extraordinaire.

Cette défaite renforce paradoxalement le poids des 13 succès du Suisse. En rendant quasi certain le scénario dans lequel il remporte la course, Odermatt avait tordu les règles de son sport. A une marche de la fin, il est redevenu humain. Mais l’altitude atteinte n’en paraît que plus élevée.