Worley rêve du globe

Les années passent. Les ambitions croissent. Rien d'anormal jusque-là. A 22 ans, Tessa Worley aborde la saison qui débute samedi à Sölden avec de doux rêves en tête. S'appuyant sur un exercice 2010-2011 de haute volée, la technicienne tricolore veut faire encore mieux. La puce du Grand-Bornand semble savoir ce qui lui manque pour y parvenir.

L'an dernier, ses débuts en fanfare l'avaient idéalement lancée vers les Mondiaux de Garmisch-Partenkirchen, point d'orgue de l'hiver. Victorieuse trois fois en l'espace d'un mois, à Aspen, St-Moritz et Semmering, Worley s'était même offert le luxe de porter le dossard rouge de leader de la Coupe du monde de géant. Une première dans sa jeune carrière. "L'hiver dernier, c'était génial. En début de saison, tout s'est passé comme dans un rêve, nous explique-t-elle. Je ne me posais aucune question et ça filait. Petit à petit, la pression s'est installée. J'étais de plus en plus attendue. Cela a été moins évident par la suite ".

"Le maillot rouge, c'était tout nouveau pour moi. Mais cela m'a motivé encore plus. J'ai fait quelques petites erreurs après ça", rajoute Worley, consciente d'avoir parfois "trop envie" sur la piste. Un style engagé qui n'a pas toujours joué en sa faveur. "Quand je n'arrive pas trop à maîtriser ce que je fais, je commets des fautes. Et à ce niveau-là, ça se paie cash". A Garmisch-Partenkirchen, rien de tout cela, mais un tracé initial en demi-teinte qui l'a éloignée, un temps, de la médaille : "Aux Mondiaux, je n'ai pas fait de grosses erreurs lors de la première manche. Je n'ai juste pas skié dans le bon sens". Au final, c'est le bronze que la Française, survoltée lors de son second passage, a décroché. Une première médaille individuelle dans un grand championnat, au lendemain de l'or glané par équipes. Deuxième du classement du globe de géant, à 77 points de l'Allemande Viktoria Rebensburg, Worley vise encore plus haut. "Vu comment ça s'est passé la saison dernière, c'est la dernière marche à gravir. J'étais deuxième, je veux passer première", ambitionne-t-elle.

Comme le veut la tradition, c'est Sölden qui ouvre l'hiver samedi. Sur le glacier du Rettenbach, Worley n'a jamais réellement brillé. Cinquième en 2007, 13e en 2009 et 8e en 2010, la Bornandine reconnaît manquer d'engagement sur cette piste. "Inconsciemment, j'ai tendance à en garder un peu sous le pied. Sölden, c'est impressionnant. C'est la piste la plus pentue, avance-t-elle. C'est le début de la saison. On ne s'est pas encore confronté aux autres filles. C'est difficile de se livrer. Cette année, je veux rentrer immédiatement dans le bain". Sölden sera son 37e départ en Coupe du monde. Pour cinq podiums qui sont également cinq victoires. Les autres places sur la "boîte" ne semblent pas l'intéresser. "Le but, c'est d'être la meilleure. Un podium, je ne crache pas dessus mais je préfère jouer la gagne". Ça a le mérite d'être clair.