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Masters de snooker 2024 : Ronnie O'Sullivan, moins de folie et de spectacle… et c'est très bien aussi

Fabien Esvan

Mis à jour 13/01/2024 à 11:04 GMT+1

Cela faisait longtemps qu'on ne l'avait pas vu aussi dur avec lui-même. Vainqueur de Barry Hawkins en quarts de finale du Masters, Ronnie O'Sullivan s'est montré très acerbe sur son niveau de jeu. Jusqu'à s'excuser auprès du Hawk de l'avoir entraîné "au niveau le plus horrible du snooker". The Rocket estime que son niveau est en train de flancher ? Les résultats sont là pourtant. Explications.

Ronnie O'Sullivan of England reacts to a shot in his quarter-final match against Barry Hawkins of England during day five of the MrQ Masters Snooker 2024 at Alexandra Palace.

Crédit: Getty Images

On reconnaît les grands champions à leur capacité à se remettre en question en permanence. Ronnie O'Sullivan est fait de ce bois. Qualifié pour le dernier carré du Masters ce samedi (à suivre sur Eurosport), le septuple champion du monde a utilisé des mots forts pour évoquer sa performance en quarts de finale où il a dominé Barry Hawkins (6-3). "Je suis juste désolé pour Barry. Il jouait bien jusqu'à ce qu'il joue contre moi, je l'ai simplement traîné jusqu'au niveau le plus horrible du snooker. Je suis vraiment désolé pour ça !"
Coupable de nombreux ratés à l'empochage, la légende a finalement trouvé la clef. Avec de la frustration donc. Chantre d'un snooker léché, explosif la plupart du temps, Ronnie O'Sullivan a revu sa copie avec le temps. Le natif de Wordsley a appris à faire le dos rond et à se ménager. Des arguments simples qui lui permettent d'être encore en course pour un huitième sacre au Alexandra Palace ce week-end.
Revoir Snooker : No Filter avec Ronnie O'Sullivan en vous abonnant à Eurosport

La victoire "sans la manière", nouvelle philosophie de la légende

Critique, le numéro un mondial n’est plus aussi dominateur de bout en bout d’un tournoi qu’il pouvait l’être auparavant. Soucieux de donner du plaisir aux suiveurs, le Britannique a peu à peu revu sa copie. "Là où auparavant la performance et le niveau de jeu était l’obsession première de Ronnie O'Sullivan, désormais l’objectif de remporter la victoire semble avoir pris le dessus même si le niveau de jeu n’est pas aussi flamboyant qu’attendu", nous explique Fabian Monnin, ex-numéro 1 français de la discipline et qui reprend les termes de Stephen Hendry à l'égard du phénomène.
Avec les années et l'expérience, il devient de plus en plus exigeant avec son propre jeu.
Souvent irrégulier au cours de ses trente ans de carrière, le champion "a appris à accepter et à gérer ces variations de niveau" poursuit notre consultant. Car il est impossible de performer à un top niveau à chaque sortie. Son travail de longue haleine avec le psychologue du sport Steve Peters lui a permis de mieux appréhender cette spirale et d'éviter l'auto-sabotage qui le minait en début de carrière.
Roland Tchertoff a tendance à minimiser cette baisse de régime au niveau du jeu. "Il n'est pas en deçà de son niveau 'habituel'. Il est juste probable qu’avec les années et l’expérience qu’il a engrangées, il devient de plus en plus exigeant avec son propre jeu", explique la voix du snooker en France.
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Héroïque : Ding s'offre un 147 au premier tour du Masters contre O'Sullivan

Cette fois, on peut lui parler d'âge

Ses vieux démons le rattrapent souvent au moment d'évoquer son niveau de jeu. C'est ce qui compte le plus à ses yeux. L'Anglais doit aussi prendre en compte la fatigue et gérer son temps. Il l'a bien compris. "Ronnie O’Sullivan choisit scrupuleusement les tournois auxquels il participe. C’est une stratégie pour se prémunir de burn out et de la fatigue des voyages et des compétitions, pour préserver son corps aussi et sa santé mentale qui reste fragile."
Le champion a souvent confié sur Eurosport son besoin de se poser, de prendre son temps, de faire l'économie des tournois pour rester frais "comme Roger Federer à la fin de sa carrière", explique Fabian Monnin. A 48 ans, c'est une nécessité. Il doit aussi accepter que ces périodes d'inactivité, parfois sources de pertes de motivation, lui fassent perdre en lucidité par séquences.
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O'Sullivan a dû s'employer, mais sera au rendez-vous du dernier carré au Masters

Habitué à repousser les limites et pulvériser les records, notamment ceux de longévité, "The Rocket" voit le temps le rattraper peu à peu. "Même s'il est toujours au top niveau mondial à cet âge là, l’œuvre inexorable du temps est là, venant affecter notamment sa rigueur et sa concentration", continue le Tricolore. Ses coéquipiers de la class of 92 Mark Williams et John Higgins commencent à flancher, l'Ecossais évoquant même une possible retraite dans les prochains mois.
Mais la singularité de Ronnie O'Sullivan réside incontestablement dans son talent, ses coups de génie dont il a le secret. Ce nouveau mix de pragmatisme, de prise de recul et de beau snooker lui permettent de toujours dominer la hiérarchie mondiale et de courir après les plus beaux trophées. "La partie qu’il a joué au premier tour contre Ding était probablement l’une des plus relevées de ce Masters. Il est capable de développer du gros niveau à n’importe quel moment quand il est dans un bon jour !", conclut Roland Tchertoff. Non, The Rocket n'a pas perdu de sa superbe. Il a juste appris à gagner différemment.
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