La surprise du chef

[04/12/04] - Heikki Kovalainen, champion 2004 de World Series by Nissan et vainqueur de The Race of champions. Ces stars que sont Michael Schumacher et Sébastien Loeb avaient pensé à tout sauf à ça. Le Stade de France non plus. Du haut de leurs titres de champions du monde de Formule 1 et de WRC, les trentenaires allemand et français n'imaginaient pas tomber, l'un après l'autre, face au Finlandais, benjamin à 23 ans du show planétaire qui réunissait samedi les 16 meilleurs pilotes 2004 pour 60.000 spectateurs électrisés. F1, WRC, ChampCar, Nascar, DTM, et&hellip World Series by Nissan, les plus belles catégories du sport auto internationales avaient dépêchés leurs plus emblématiques coups de volant. Jusqu'à deux Américains arrivés en dernière minute de la Nascar, l'équivalent de popularité de la Formule 1 aux Etats-Unis. Un brassage excitant.

Le public avait salivé à l'énoncé des modalités de ce show éprouvé pendant 15 ans aux Canaries et tout juste transporté à Saint-Denis : deux tournois parallèles, un pour pilotes "circuit", un autre pour les pilotes "rallyes" ou assimilés, et des duels par éliminations directes sur une piste asphaltée en huit. Buggys et Ferrari 360 Modena pour les pilotes "circuit", Citroën Xsara et Peugeot 307 WRC pour les rallymen.

Pour finir, le meilleur d'une corporation allait se mesurer à la rivale pour le titre de champions des champions. Les spéculations allaient bon train sur l'aptitude d'un groupe à maîtriser les bolides d'emprunt. Heikki Kovalainen avait souligné son handicap d'expérience par rapport à l'aréopage d'un après-midi. Il ne soupçonnait pas son incroyable polyvalence.

En 1/4 de finale du groupe "circuit", il s'offrit David Coulthard en amuse-gueule, au volant d'un buggy. Puis Jean Alesi en 1/2 finale, sur une Ferrari 360 Modena. Après ces deux surprises, ce fût l'énorme sensation d'une victoire en finale sur Michael Schumacher. En retard à mi-parcours, le Nordique a renversé la situation. A l'arrivée, le Stade de France exulte et le Scandinave célèbre sa formidable notoriété sur le toit de la Modena. Le public attendait le verdict d'un "Schumi" à armes égales avec ses rivaux. Pour la Formule 1, c'est aussi un clin d'oeil par marques interposées. Le pilote du Renault Driver Development, le vivier du Losange, vient de battre le monstre sacré de Ferrari, sur une "rossa" ! Le symbole est conséquent.

Excité par ce coup de théâtre, le stade retient son souffle lors de la grande finale. Il a vu stupéfait Heikki Kovalainen desceller en quatre tours les secrets de la Peugeot 307 WRC qui servira de comparaison pour affronter Sébastien Loeb. Le départage doit s'opérer au meilleur des trois manches. Deux suffiront. La première se joue dans le premier virage, où le Français touche le bord bétonné. 10 secondes de pénalité impossibles à rattraper. La seconde se courre sur des Ferrari 360 Modena. L'Alsacien heurte cette fois un bloc de plastique de la chicane du pont.

"Je ne m'attendais pas à ça, c'est une surprise agréable" , nous a déclaré Heikki Kovalainen, assailli par les médias internationaux après son exploit. "C'est fou! Je n'ai jamais eu la chance de battre ce genre de pilotes dans ma carrière, et battre Schumacher dans une Ferrari était excitant. J'espère qu'il n'était pas trop déçu, mais battre Loeb dans une voiture de WRC était génial. Cette victoire ne va pas changer mes plans mais j'espère qu'il y aura un intérêt autour de moi dans le futur."