Finales WTT - Simon Gauzy, Alexis et Félix Lebrun : Et si ces trois-là nous rendaient encore fada ?

Sur les photos, postées sur les réseaux sociaux, le costume est un peu trop grand. Sauf peut-être pour Alexis, le plus costaud des trois, qui épouse mieux les coutures. Pourtant, les frères Lebrun et Simon Gauzy ont toute leur place lors des Finales WTT, grand raout de fin d’année qui rassemble les 16 meilleurs joueurs du monde. Pour la première fois depuis 1999, la France envoie trois de ses rejetons défendre ses couleurs dans le tournoi le plus relevé de la saison. C’est dire si l’année 2025 fut, encore une fois, enthousiasmante pour le ping français. Un an après les médailles des JO, le trio en bronze à Paris a confirmé qu’il faisait partie du gratin et personne ne s’attendait à un tel festival.

D’autant que les embûches furent nombreuses. Félix a dû se dépatouiller avec un corps qui change et un jeu qui s’adapte. Il a longtemps couru après une forme de régularité, essuyé des revers inattendus. Son frère, lui, après un début de saison plein de promesses, s’est fracassé la main de rage après une défaite en finale des championnats de France perdus contre son cadet. Volcanique, Alexis a perdu des mois de compétition. À 31 ans, Simon Gauzy pensait de son côté avoir ses plus belles années derrière lui.

Mais, avec ce trio, les vents contraires ressemblent à de légères brises. Félix a profité de ses changements physiques pour construire un jeu beaucoup plus puissant loin de la table. Aujourd’hui, à intervalle encore irrégulier, il atteint une forme de plénitude dans son jeu encore inconnue il y a quelques mois. Lors du Grand Smash de Pékin, c’est ce qui lui a permis de clairsemer le contingent des prétendants chinois au cours d’un parcours qui l’a mené pour la première fois en finale d’un tournoi de cette importance.

Alexis, lui, présente le palmarès le plus solide des Français. En Europe, il a tout gagné et le 10e joueur mondial n’est pas très loin non plus de ce qu’il a fait de mieux dans sa carrière. La question ne se pose même plus pour Gauzy qui "joue son meilleur ping", selon les mots de Nathanaël Molin, son capitaine en équipe de France. Libéré du poids des attentes depuis que les Lebrun ont pris la lumière et boosté par une médaille olympique qu’il attendait depuis des lustres, Gauzy est aujourd’hui un des dangers les plus redoutables du circuit, capable d’embêter n’importe qui. Sa défaite d’un cheveu en demi-finale du Grand Smash de Malmö face à l’intouchable Lin Shidong l’a rappelé avec force.

Les Trois Mousquetaires peuvent-ils finir l’année en beauté et enlever un tournoi qui n’a échappé qu’une seule fois aux Chinois depuis 10 ans ? Par définition, le parcours ressemble à un Everest. Si Alexis affrontera l'Allemand Qin, 9e joueur mondial, Félix Lebrun débutera face au Brésilien Calderano, troisième meilleur joueur du monde, quand Gauzy devra se coltiner Harimoto, soit précisément celui qui a mis fin à l’hégémonie chinoise lors des Finales WTT en 2018 pour retrouver le cadet de la fratrie en quart de finale. Aucun Français n’a passé un tour aux Finales depuis Jean-Philippe Gatien en 1999. Ces trois-là ont des arguments après une saison fantastique et nous ont prouvé qu’en dépit des apparences, aucun costume ne semblait trop grand pour eux.