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Cincinnati - Finale Djokovic - Alcaraz - L'antisèche : Mais où vont-ils chercher tout ça ?

Laurent Vergne

Mis à jour 21/08/2023 à 11:22 GMT+2

Si Novak Djokovic a eu le dernier mot dimanche contre Carlos Alcaraz, il faut unir les deux champions dans les louanges après cette finale monumentale à Cincinnati. Pendant près de quatre heures, ils se sont montrés admirables dans leur refus de renoncer. Dans la lignée de leur duel de Wimbledon, ce peit bijou d'intensité et de suspense donne très envie d'être à la prochaine. Dès l'US Open ?

Une intensité folle : revivez les meilleurs moments de la finale Djokovic - Alcaraz

Le pourquoi du comment

Novak Djokovic est revenu d'entre les morts alors qu'il était mené 7-5, 4-2 avant de sauver une balle de match. Carlos Alcaraz en a écarté quatre et a cru accomplir l'insensé dans le set suivant. Le Serbe s'est écroulé au sol de soulagement et d'épuisement. L'Espagnol a fini les larmes aux yeux et le menton tremblant. Cette finale de Cincinnati, à la fois le match le plus exceptionnel de l'histoire du tournoi et peut-être le plus excitant de l'année, finit d'installer la rivalité entre les deux meilleurs joueurs actuels dans une catégorie très spéciale quand bien même elle se résume pour l'heure à seulement quatre confrontations.
Au-delà de la qualité du tennis et de l'intensité faramineuse, ce qui unit le vieux lion de Belgrade et le jeune loup d'El Palmar, c'est une haine absolue de la défaite et un refus commun de rendre les armes. Parce que le principe du match nul est incompatible avec la nature même du tennis, il fallait que l'un des deux finisse par plier. A Wimbledon, ce fut Djokovic. Cette fois, c'est Alcaraz. Il s'en relèvera, parce que ces gens-là se relèvent de tout.
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24 coups variés et Djokovic a recollé : la balle de set remportée par le Serbe

Il n'y avait même pas l'épaisseur d'une feuille d'aluminium entre eux dimanche soir dans l'Ohio. Pourquoi la balance a-t-elle penché du côté de "Nole" ? Peut-être parce que, après avoir subi les effets de la chaleur en début de deuxième set, au point de devoir se faire prendre la tension à un changement de côté (rappelons qu'il n'avait évolué qu'en night session toute la semaine avant la finale), il a paradoxalement pris peu à peu l'ascendant physiquement dans ce dernier acte ébouriffant.
Si cette manche décisive s'est prolongée jusqu'au au bout du bout, c'est précisément en raison de la volonté si particulière du jeune Alcaraz. Mais ce dernier a globalement manqué d'un soupçon de lucidité par moments et on peut voir une forme de logique dans le dénouement de ce duel, en tout cas sur sa seconde moitié. Mais on a presque envie de dire que la destination importait moins que le voyage et le plus grand gagnant de la soirée, c'est le tennis. Sans souhaiter de mal aux 126 autres joueurs qui prendront place dans le tableau de l'US Open, difficile de ne pas vouloir que ces deux-là se retrouvent sur le court Arthur-Ashe le 10 septembre prochain.

Le moment-clé

Un des 72 moments déterminants de ce match. Sur près de quatre heures, forcément, les rebondissements et les tournants ne manquent pas. Mais s'il fallait en choisir un seul, ce sera le débreak de Novak Djokovic dans le deuxième set pour revenir à 4-4. Car à ce moment-là, l'homme aux 23 Grands Chelems était vraiment tout près de la défaite et le temps pressait.
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Le gros coup de pompe : Djokovic se fait prendre la tension

En prenant le service de Carlos Alcaraz presque in-extremis, il s'est non seulement donné une chance de rester en vie dans cette finale, posant la première pierre de son comeback, mais il a aussi permis à celle-ci de prendre à partir de là une dimension absolument formidable. Ce fut en quelque sorte le premier jeu du reste de la vie de ce combat qui fera date dans l'histoire du tournoi et dans la rivalité entre les deux champions.

Le point du match

Il y avait le choix et même l'embarras mais la palme revient peut-être à la balle de match sauvée par le numéro un mondial à 5-3 contre lui dans la dernière manche. Un point ahurissant et un passing de coup droit glissé on ne sait trop où, on ne sait trop comment pour prolonger le plaisir. On allait alors en reprendre pour plus de 40 minutes. L'issue allait être la même mais il n'y a pas meilleure preuve du refus du renoncement qui habite ces deux hommes.
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Ça n'a pas suffi mais c'était grand : l'extraordinaire balle de match sauvée par Alcaraz

La décla : Novak Djokovic

"Je ne sais pas quoi dire. C'est dur à décrire. Quel niveau, du début à la fin. C'est incroyable. On a eu des hauts et des bas tous les deux. On a craqué, on est revenus. Puis tellement de points incroyables… C'est un des matches les plus durs de ma vie. Peut-être le plus compliqué de toute ma carrière. Un des plus excitants aussi. C'est pour ce genre de match que je continue de travailler jour et nuit."

La stat : 20

Le nombre de points qui séparent Alcaraz et Djokovic au classement ATP à l'issue de cette semaine à Cincinnati. La place de numéro un du protégé de Juan Carlos Ferrero ne tient plus qu'à un fil et ce fil va selon toute vraisemblance casser à Flushing Meadows. "Carlitos" va remettre 2000 points sur la table à New York, alors que le "Djoker", absent en 2022, ne pourra qu'augmenter son capital.
Conséquence, même si l'Espagnol conserve son titre dans le Queens, il suffira à Djokovic de… franchir le premier tour pour avoir la garantie de retrouver le trône après le dernier tournoi du Grand Chelem de l'année. Sachant qu'il n'a plus été battu d'entrée dans un tournoi majeur depuis l'Open d'Australie 2006, la chose apparaît quasiment acquise.
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"Les Espagnols ne meurent jamais" : Alcaraz-Djokovic, les rires après la joute

La question : Où placer ce match dans l'histoire des finales de M1000 ?

Bien sûr, il est toujours difficile de juger à chaud. Mais une chose est certaine, cette finale restera. Parce qu'elle a réuni les deux meilleurs joueurs du monde et même un peu plus que cela, avec la présence d'un des plus grands champions de l'histoire et de celle de l'héritier de la génération Djokovic-Nadal-Federer. Alcaraz est des leurs, il n'est plus permis d'en douter.
Des matches comme celui-ci sont rares. Le problème est qu'il est impossible de comparer à l'échelle de l'histoire dans la mesure où, jusqu'en 2006, les finales de Masters 1000 se jouaient au meilleur des cinq sets. Un autre sport, comme le souligne souvent Novak Djokovic lui-même. Il est nettement plus difficile d'obtenir une finale épique en deux sets gagnants. Il faut, pour cela, des champions d'une trempe particulière. Comme ce dimanche soir.
Depuis le changement de format, soit à compter de 2007, on peine à trouver l'équivalent du Djokovic-Alcaraz de Cincinnati. Le Del Potro – Federer d'Indian Wells en 2018 ? Le Rune-Djokovic de Bercy l'an dernier ? Oui, mais non. Les grandes finales de Masters 1000 n'inondent pas le calendrier et, au moins sur les dix dernières années, la dernière date mérite probablement la palme.
Voilà pourquoi chacun déplorait que, pour des raisons diverses, Djokovic et Alcaraz parviennent systématiquement à s'éviter pendant plus d'une année après leur combat inaugural à Madrid en 2022. Depuis, ils rattrapent le temps perdu. La demie de Roland, la finale de Wimbledon et, désormais, celle de Cincinnati. Trois combats en moins de trois mois, de l'intense au sublime qui a fait dire à Djokovic, qui en a pourtant vu d'autres, que le duel à la nuit tombante dans l'Ohio est un des plus excitants de sa carrière.
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