ATP Indian Wells : Novak Djokovic revanchard après l'Open d'Australie ? "A Cincinnati, il avait reconquis son statut"

L'air de rien, c'est un petit événement. Cinq ans que l'on n'avait plus vu Novak Djokovic ferrailler dans le désert californien lors du premier Masters 1000. A ceci, deux raisons simples : d'abord, la pandémie de Covid-19, qui a entraîné l'annulation de l'édition 2020 et le déplacement à l'automne de celle de 2021, puis l'interdiction faite aux non-vaccinés étrangers dont le Serbe faisait partie de voyager aux Etats-Unis jusqu'au printemps 2023. Tout est désormais rentré dans l'ordre, à la grande joie du principal intéressé.

"Je suis heureux de revenir après cinq ans, le temps passe tellement vite, a observé Djokovic lors de sa conférence de presse d'avant-tournoi. J'espère faire un bon tournoi. Je n'ai pas joué depuis l'Open d'Australie, je me suis bien entraîné et je suis arrivé à Los Angeles assez tôt pour passer y passer du temps avec ma famille et me préparer. J'ai une idée claire des tournois que je ciblerai particulièrement cette année, les Grands Chelems et les Jeux Olympiques évidemment. Je suis plus sélectif, j'écoute mon corps, mon équipe."

Est-ce à dire que son résultat lors de ce Masters 1000 d'Indian Wells est sans importance pour lui ? Après tout, il s'agira de son premier tournoi en deux mois, comme un second lancement de sa saison 2024, et il est fort possible qu'il manque de rythme au moment de l'aborder. Une défaite prématurée, comme cela lui était arrivé lors de sa dernière participation en 2019 au 3e tour contre Philip Kohlschreiber, serait d'autant moins dramatique qu'elle ne lui coûterait rien : sans point à défendre en mars, il est assuré de conserver sa place de numéro 1 mondial jusqu'à la saison sur terre battue.

"Il faut qu'il joue quand même de temps en temps, tout simplement aussi, acquiesce Arnaud Clément, consultant pour Eurosport. Il a un programme extrêmement allégé. Aller faire cette tournée nord-américaine, c'est logique de ce point de vue : il en a envie et besoin. Il ne va pas attendre trois ou quatre mois avant son prochain tournoi." Faire quelques matches, garder le contact avec la compétition, voilà donc les objectifs évidents. Oui mais voilà, cette fois, Djokovic ne s'est pas lancé idéalement en 2024, échouant en demi-finale de l'Open d'Australie, son terrain de jeu favori. De quoi changer peut-être sa perspective.

"J'ai souvent commencé mes saisons avec ce trophée, ce qui me donnait une bonne dose de confiance pour le reste de l'année, a avoué le numéro 1 mondial. J'ai eu une saison exceptionnelle l'an dernier, j'ai battu des records, marqué l'histoire du sport, ça m'a demandé beaucoup d'énergie. J'ai l'impression de ne pas avoir eu le temps de me reposer et d'avoir eu un bon bloc de préparation comme d'habitude. C'est ainsi. Je n'ai pas joué mon meilleur tennis en Australie contrairement à Sinner qui a mérité sa victoire."

Le Serbe a donc, peut-être plus qu'il n'y paraît, quelque chose à prouver à Indian Wells. Après avoir perdu une finale d'anthologie à Wimbledon l'été dernier contre Carlos Alcaraz, il avait pris une revanche majestueuse dans celle de Cincinnati un mois plus tard. Une manière de réaffirmer son autorité et de mettre à mal la théorie d'un changement d'ère.

Djokovic était alors en outre surmotivé à l'idée de marquer les esprits pour son grand retour aux Etats-Unis, comme il l'avait été à Melbourne quelques mois plus tôt pour effacer l'épisode surréaliste de son expulsion en 2022. A nouveau "autorisé" de séjour à Indian Wells, il pourrait y voir là un signe, surtout s'il parvenait à franchir les premiers tours et que la perspective d'une finale face à Sinner se précisait.

"On a l'impression que cette revanche à Cincinnati a permis à Novak Djokovic de reconquérir ce statut de meilleur joueur du monde qu'on avait pensé contesté pendant quelque temps. Peut-être qu'il peut se passer la même chose à Indian Wells… ou pas. Sinner peut prendre à nouveau le dessus. Il pourrait très bien y avoir un retour d'Alcaraz, qui nous manque un peu dans cette lutte depuis quelques mois", nuance Arnaud Clément. Les projecteurs sont d'ailleurs peut-être plus braqués sur l'Italien, seul cador encore invaincu en 2024. Mais il n'y a personne de plus dangereux qu'un "Djoker" piqué dans son orgueil.