Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

Finale du M1000 de Miami - Ski alpin, homme réfléchi, : les choses que vous ne savez pas sur Jannik Sinner

Alexandre Coiquil

Mis à jour 02/04/2023 à 13:52 GMT+2

MASTERS 1000 MIAMI - Finaliste pour la deuxième fois de sa carrière en M1000 face à Daniil Medvedev (19h00), Jannik Sinner peut s'offrir le plus grand titre de sa jeune carrière en cas de succès face au Russe. Actuel 11e au classement ATP, et de retour dans le top 10 dès lundi, le Transalpin est aussi quelqu'un d'assez discret en-dehors des courts. Voici ce que vous ne savez pas sur lui.

Sinner, l'heure du vice à Miami ?

Jannik, qu'est-ce que tu caches derrière tes coups gagnants ? Arrivé sur le circuit en 2018, l'actuel 11e joueur mondial commence à enfin se faire un nom chez le grand public, surtout à l'heure de disputer sa deuxième grande finale en carrière à Miami face à Daniil Medvedev ce dimanche (19h00). Mais, c'est incontestable, il demeure une petite part de mystère sur ce champion en puissance, dont la gestion de carrière et le sérieux ne sont plus à démontrer.
Caractère un peu fermé, très tennis-tennis au quotidien, adepte des conférences de presse plutôt scolaires, l'Italien aux airs de premier de la classe manque encore de présence dans les à-côtés de sa vie de sportif, là où d'autres comme Carlos Alcaraz, Holger Rune ou Stefanos Tsitsipas ont réussi cette transition. On a essayé de gratter un peu la carrosserie Sinner pour essayer de mieux comprendre celui qui est censé prendre la relève des Nicola Pietrangeli et Adriano Panatta en Italie.
picture

Des rallyes dantesques, 3h de combat : Alcaraz et Sinner ont livré l'une des batailles de l'année

Sinner, une enfance tout "schuss" !

Jannik Sinner est originaire de la province autonome de Bolzano, située au Nord de la Botte. Son nom ne trompe personne : Sinner est rattaché à deux cultures. Évidemment, l'Italie, son pays, mais aussi sa terre natale, lui qui est né à San Candido. En bon natif des Dolomites, Sinner a un nom qui sonne Autriche et le ski alpin est un passage presque obligatoire par là-bas. Dominik Paris (Merano), Christoph Innerhofer (Brunico), des noms que vous entendez chaque hiver sur Eurosport, sont aussi originaires du coin.
Comme nombre de ses collègues tennismen, Sinner a été rapidement placé dans la catégorie des surdoués pour le sport. Et comme beaucoup, il a dû faire un choix. Très doué en ski, Sinner l'a pratiqué en compétition de huit à douze ans. Avant de constater que la suite serait difficile pour lui. "Le tennis n'était que mon troisième sport quand j'étais jeune. J'ai aussi joué au football. Le ski était ma priorité, puis le football. Mais j'ai commencé à stopper petit à petit le foot car c'était beaucoup trop pour moi", raconte-t-il à l'ATP l'an dernier. J'ai donc continué le ski et le tennis. J'aimais le foot car je pouvais être avec mes amis, mais je les retrouvais sur les pistes de ski car on s'entraînait ensemble."
Trop fin, trop longiligne (il mesure 1,88m), Sinner a rapidement compris qu'il n'avait pas la morphologie pour aller plus haut sur les spatules. "J'ai senti que les autres étaient plus puissants. J'ai aussi chuté (lourdement) deux fois et je ne me suis plus jamais senti à l'aise. Lors de certaines chutes, je continuais à glisser et je ne pouvais pas m'arrêter. Des fois, vous êtes effrayé car vous ne savez pas où vous allez finir." S'il refuse d'évoquer la peur pour sa décision, Sinner explique qu'il y avait trop de risques à continuer le ski. Direction le tennis donc, un sport qu'il pratiquait, mais de manière plus récréative qu'autre chose. "J'aimais y jouer car toutes les cartes étaient de mon côté, j'avais le contrôle sur moi-même, ce qui en ski est très difficile."
Sinner n'a pas arrêté le ski malgré son statut de joueur professionnel. Il a par exemple skié avec Lindsey Vonn en octobre dernier dans le cadre d'un projet commun. Tous les hivers, il continue de le pratiquer chez lui, mais bien évidemment avec prudence. Il l'avoue volontiers, il aime la vitesse et l'adrénaline, mais il fait attention. "La seule chose dont j'ai peur, ce sont les serpents et les films d'horreur !"

La tête avant le reste

Jannik Sinner n'est pas quelqu'un de très expansif. Alors, oui, il célèbre ses victoires, mais du côté des colères il faut les compter sur les doigts d'une main. Pour les raquettes cassées, circulez, il n'y a plus rien à voir ! Il a de fait ce caractère un peu glacial par moment, mais cette tranquillité fait sa force. Son leitmotiv : être toujours concentré vers son objectif. D'où tient-il cette attitude qui le met à l'opposée de son compatriote Fabio Fognini ?
"Chacun a son style que ce soit sur le court ou en-dehors. J'ai ce trait de caractère de mes parents. Ils travaillent tous les jours, ils ont un métier qu'on peut appeler modeste (le père de Jannik est cuisinier et sa mère est directrice de salle, les deux travaillent ensemble, ndlr). Ils savent ce que c'est de travailler dur. Ils m'ont donné cet état d'esprit. Toujours donner son meilleur en travaillant et ne pas perdre d'énergie en cours de route."
Venu très tard au tennis, Sinner a fait de son sérieux à toute épreuve le moteur exclusif de sa réussite. Machine à enregistrer, il aime prendre le côté positif des défaites pour continuer à avancer. Avoir des temps de passage en retard sur les autres membres de la nouvelle génération ne lui pose pas de problème, lui qui a été classé au mieux à la 9e place du classement ATP. "Pour moi, le progrès est la chose la plus importante", tonne-t-il souvent après ses matches.
Très actif pour son pays pendant la pandémie de Covid 19 - il avait recolté des fonds pour le secteur de la santé - Sinner a fait de son cerveau la clé de son succès. Il y a deux ans, il avait ouvertement évoqué les problèmes mentaux des sportifs, sujet qui reste tabou. "Ma santé mentale est importante", avait-t-il avoué à la sortie des confinements, une période qui l'a énormément marqué. "Beaucoup n'en parlent pas, mais moi j'ai besoin d'en parler. J'ai passé des moments difficiles, taper la balle m'a manqué."
picture

Sinner après sa victoire face à Alcaraz : "Ce succès signifie énormément"

Il s'est séparé de Riccardo Piatti pour... progresser

C'était une information qui avait surpris le petit monde du tennis. En février 2022, à la sortie d'un Open d'Australie passable sur le plan du jeu, Jannik Sinner prenait alors la décision la plus radicale de son début de carrière, à savoir mettre fin à la collaboration avec son mentor, un certain Riccardo Piatti. Un crime de lèse-majesté. Du côté de Bordighera, où est située l'académie du super coach, Sinner est devenu celui qu'il devait être. Il le reconnaît lui-même : sans Piatti, tout aurait été différent. Quand il avait décidé de stopper le ski pour réussir dans le tennis, très tardivement, à 13 ans et demi, Sinner avait fait lui-même la démarche d'aller voir Piatti pour vivre une vie 100% dédiée à la balle jaune.
Créateur de champions devant l'éternel, le Transalpin, qui a eu sous sa coupe Ivan Ljubicic, Novak Djokovic, Richard Gasquet, Milos Raonic, Borna Coric et plein d'autres, a pris une belle claque au visage. Pour Sinner, c'était pourtant la meilleure solution pour passer un cap. Tuer le père en quelque sorte, pour exister. "J’ai été courageux, d’autres n’auraient peut-être pas opté pour un changement aussi radical, mais je suis convaincu que je parviendrai à trouver l’équilibre", commentait-il à Rome, l'année dernière. De son côté, Piatti sait qu'il a mis un champion sur les rails. En février dernier, il estimait que son ancien poulain était l'Italien le mieux placé pour gagner un Grand Chelem, avec Matteo Berrettini (à Wimbledon pour ce dernier).
Désormais coaché par Simone Vagnozzi à l'année, Sinner a remplacé Piatti par un certain Darren Cahill, un autre super coach, ex mentor d'Andre Agassi et Simona Halep, avant de jouer Wimbledon. Avec l'Australien, Sinner a mis en place un chantier d'évolution de son jeu pour lutter avec les meilleurs joueurs, comme son nouveau rival, Carlos Alcaraz. Sinner l'avait énormément répété lors de l'exercice 2022 : il devait changer pas mal de choses sur le plan technique, lui qui se définit comme un joueur de fond de court "dominant".
Régularité de sa première balle, secondes balles trop imprécises, manque de variété (slice, jeu au filet) : le chantier était plus gros que les observateurs ne pouvaient le penser. "Lachose la plus importante avec les grands joueurs, c'est qu'il faut continuer à améliorer les points forts. Jannik bouge incroyablement bien. Donc on travaille beaucoup cet aspect. C'est bien de voir qu'il est ouvert à essayer de nouvelles choses et s'améliorer, tout en ne s'éloignant pas trop du type de joueur qu'il est", analysait Cahill récemment dans un entretien à La Repubblica.
Preuve de ses progrès, Sinner peur se targuer d'avoir déjà atteint les quarts de finale des quatre tournois du Grand Chelem. Une performance pas si banale. A l'exception de Novak Djokovic et Rafael Nadal, seuls Karen Khachanov, Marin Cilic et Matteo Berrettini ont réussi telle performance dans l'actuel top 30 au classement ATP. Ni Carlos Alcaraz, Stefanos Tsitsipas, Casper Ruud, Daniil Medvedev, Andrey Rublev et Félix Auger-Aliassime n'ont coché ces quatre cases alors qu'ils sont en avance sur bien des points sur le Transalpin. Bref, Sinner c'est carré, c'est du tout-terrain. C'est du solide.
picture

Jannik Sinner (Miami Open 2023)

Crédit: Getty Images

Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Partager cet article
Publicité
Publicité