M1000 Paris-Bercy : Corentin Moutet élimine Cameron Norrie à plus de 3h du matin !

Un dernier lob subtil dans la lucarne opposée, comme il a su en distiller toute la nuit. Un énorme cri de rage à genoux sur le Central de Bercy en se tournant vers son clan. A 3h03 du matin, Corentin Moutet a enfin réussi à mettre un terme à son combat éreintant, physiquement et mentalement, contre Cameron Norrie, pour s'offrir ce qui, sur le fond comme sur la forme, est sans doute sa plus probante victoire à ce jour. 6-3, 5-7, 7-6 après 2h52 de match, le jeune Français a offert un joli cadeau aux courageux qui étaient restés pour cette rencontre, entrée dans l'histoire du tournoi parisien comme la plus tardive jamais vue à Bercy.

On ne dira pas que le gaucher parisien méritait de gagner, car les victoires ne s'accordent pas au mérite, mais il aurait été cruel pour lui d'aller se coucher dans la peau du perdant. Pendant deux sets moins deux points, il a été le meilleur joueur sur le court. Plus entreprenant, plus vif, plus lucide, Moutet a dominé le demi-finaliste du dernier Wimbledon. Au-delà de sa main soyeuse et des arabesques dont on le sait capable, rarement on l'avait vu construire un match aussi intelligemment que celui-ci, en tout cas face à un adversaire de cette ampleur.

Mais il lui a donc manqué deux points. Après avoir sauvé une balle de break à 3-4, Cameron Norrie a évolué sur un fil deux jeux plus tard. C'est là que Moutet s'est retrouvé à plusieurs reprises à deux petits points du bonheur. Mais si le Britannique a plié, il n'a pas rompu. Le message envoyé était limpide : si Moutet voulait ce match, il devrait aller le chercher, jusqu'au dernier point. Au lieu de quoi, c'est Norrie qui a placé un fantastique coup d'accélérateur pour se relancer, en remportant les... 10 derniers points de ce deuxième acte.

La suite fut compliquée, forcément. Corentin Moutet a dû surmonter sa frustration et une cuisse endolorie. Il a breaké le premier pour mener 3-1 avant de voir Norrie recoller aussi sec. Il a même obtenu une balle de match à 5-4 en sa faveur, mais son adversaire l'a écartée de façon absolument magistrale. Tout ceci commençait à faire beaucoup et on pouvait craindre que le Tricolore ne paie au bout du compte la note. Mais non. C'est lui qui a survolé le tie-break décisif (7-3). Il avait bien mérité d'exulter. De la qualité, des tripes et de la tronche, il n'a rien manqué.

Compte tenu de la fatigue et de l'heure à laquelle il aura trouvé le sommeil, difficile d'imaginer qu'il lui restera assez d'essence dans le réservoir jeudi soir face à une pointure plus élevée encore en la personne de Stefanos Tsitsipas. Peu importe. Le voilà en huitièmes de finale, aux portes du Top 50 mondial et, surtout, il a prouvé qu'il était capable de s'impliquer du premier au dernier point dans un match de ce niveau. C'est peut-être cela, sa plus grande victoire du soir. De la nuit, pardon. Elle ouvre certaines perspectives. Peut-être pas pour son huitième de finale (encore que), mais à plus long terme.