Jannik Sinner bat Casper Ruud 6-0, 6-1 : "Le message qu'il envoie, c'est qu'il a envie de croquer tout le monde", considère Justine Henin

Jannik Sinner a transformé Casper Ruud en faire-valoir, jeudi à Rome. Son succès 6-0, 6-1, en quart d'un Masters 1000 qui marque son retour à la compétition après une suspension de trois mois, est un "message", selon Justine Henin. Notre consultante a vu un n°1 mondial "au sommet de son art". Elle souligne tout de même – comme Sinner – un rapport de force assez propice à une telle démonstration.

Le résumé d'une boucherie : Quand Sinner écrase Ruud

Video credit: Eurosport

Le Masters 1000 de Rome a failli être le théâtre d'un clin d'œil au Giro. Jannik Sinner est passé à un jeu d'infliger à Casper Ruud deux roues de bicyclette, en quart de finale ce jeudi. Le sourire désabusé arboré par le Norvégien, lors de leur accolade au filet, a traduit le sentiment d'impuissance qui a dû l'envahir face à la maîtrise du numéro 1 mondial, dont le retour aux affaires est de plus en plus convaincant, à dix jours de Roland.

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"Mon objectif sur ce tournoi était d'évaluer mon niveau, et il augmente jour après jour", a commenté Sinner, lors de son interview sur le court. Pour sa reprise après une suspension de trois mois, l'Italien de 23 ans avait déjà écarté Mariano Navone, Jesper de Jong et Francisco Cerundolo sans perdre de set… mais sans en gagner sur un score plus écrasant que 6-2. Son succès 6-0, 6-1 face au récent lauréat du tournoi de Madrid est d'autant plus significatif.

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Ce qui est incroyable, c'est de retrouver ses repères aussi vite et de cette manière

Justine Henin, consultante pour Eurosport, a vu un Jannik Sinner "au sommet de son art" à de nombreuses reprises, en ce jeudi qui l'a vu décocher 22 coups gagnants (à 7), pour seulement 10 fautes directes (à 17). Le vainqueur des deux derniers tournois du Grand Chelem était dans la zone, "sur un nuage", estime-t-elle, partageant son expérience de cet état de grâce : "C'est un moment un peu suspendu, on peut en sortir, mais quand on est dedans, on ne pense pas à ça."

La championne belge souligne la forme affichée par Sinner : "Il a manifestement énormément travaillé physiquement ces dernières semaines. Il arrive avec une telle fraîcheur." Et elle note, comme lui, sa "montée en puissance" : "Ce qui est incroyable, c'est de retrouver ses repères aussi vite et de cette manière. Il capte tout. Il a pris tous les signaux, tout ce qu'il pouvait améliorer, avec beaucoup d'intelligence, depuis son premier match à Rome."

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Ruud, l'adversaire parfait pour marquer le coup

Une réserve, tout de même ? "Il faudra voir face à d'autres styles de jeu. (Casper Ruud) est un joueur face auquel il n'a jamais vraiment souffert." L'idole des "Carota Boys" n'en pense pas moins, fort de trois victoires 2 sets à 0 contre Ruud dans leur "head-to-head" avant cette démonstration : "On a tous des adversaires qui nous réussissent plus ou moins. J'ai essayé de reproduire ce que j'ai fait dans le passé face à lui, sur des surfaces différentes."

Dans cette optique, un affrontement en début de soirée l'arrangeait dans la capitale italienne : "Jouer en 'night' contre Casper m'est plutôt favorable, parce qu'il ne peut pas donner autant de rebond à la balle (qu'en journée)." Ne comptez pas sur Sinner pour pavoiser, quand il est interrogé sur la ténuité de la marge subsistant entre sa prestation et la perfection : "C'est difficile à dire…" Il préfère prévenir : "Tout a bien fonctionné aujourd'hui (jeudi), mais tout peut changer en un jour."

Justine Henin se projette sur la perception d'un tel récital par la concurrence : "Le message qu'il envoie, c'est qu'il a envie de croquer tout le monde." Mais ce circuit sans patron (en son absence) peut aussi être boosté par un leader si difficile à déboulonner. Alors, stimulant ou décourageant ? Notre experte se refuse à trancher : "Ça va faire du bien à tout le monde… ou ça va faire peur à tout le monde." Tommy Paul, rival de Sinner en demie ce vendredi, est le prochain à incarner cette dualité.