ATP Rotterdam : Stefanos Tsitsipas, un statut à cimenter

Stefanos Tsitsipas a de l'orgueil. Il l'a montré à ceux qui en doutaient en ce début de saison. Alors que l'on pouvait craindre pour lui qu'il ne se fasse déborder par la nouvelle génération - comme ce fut le cas en 2022 -, il a réussi à endiguer la vague aux Antipodes. Derrière un Novak Djokovic encore intouchable à Melbourne, le Grec s'est imposé comme le meilleur des autres. Mais 2023 ne fait que commencer et le plus important se joue pour lui dans les semaines à venir : que va-t-il faire de ces fondations intéressantes ?

Pour son retour à la compétition à Rotterdam, Tsitsipas a apporté un premier élément de réponse lors de son entrée en lice mardi. Mal parti (mené 5-3 par le Finlandais Emil Ruusuvuori), il n'a pas paniqué, bien au contraire : la machine s'est ensuite mise à route et a tourné à plein régime, s'adjugeant 10 des 11 derniers jeux (victoire 7-5, 6-1). Une fois pleinement acclimaté aux conditions indoor, il a déroulé, écartant vraisemblablement l'hypothèse d'une "dépression" post-défaite en finale de Grand Chelem.

"Djokovic est très respecté dans notre sport et il l'est pour de bonnes raisons : il a gagné tant de Majeurs, a battu tant de records. Je n'avais pas la tâche facile, mais j'ai fait de mon mieux pour le contrarier et lui 'voler' pour ainsi dire cet Open d'Australie. Mais ce n'est pas arrivé. En ce qui me concerne, les impressions sont bonnes, mon jeu a l'air tranchant. Je suis heureux d'atteindre autant de finales, même si certaines n'ont pas tourné en ma faveur récemment. J'ai hâte de me plonger à nouveau dans cette saison qui a commencé de manière différente et intéressante pour moi. Le fait d'avoir démarré si fort, ça me donne du courage pour continuer comme ça", avait d'ailleurs prévenu le Grec avant son entrée en lice aux Pays-Bas.

Tsitsipas n'est donc pas venu à Rotterdam juste pour se remettre dans le bain de la compétition, ou pire : jouer les touristes. Sa première finale à Melbourne et ses 13 victoires en 14 matches depuis début janvier lui ont redonné un élan qu'il avait quelque peu perdu. Aussi frustrant soit son deuxième échec sur la dernière marche en Grand Chelem, il a la conviction d'être sur la bonne voie. Et si cela ne suffisait pas, le numéro 3 mondial a aussi une petite revanche personnelle à prendre aux Pays-Bas. Car l'an dernier, il y avait connu l'une de ses cinq défaites en finales (sur sept disputées).

"J'avais eu affaire à un grand joueur et ça n'avait pas tourné dans mon sens, mais j'avais tout donné. Félix (Auger-Aliassime) avait joué un match incroyable, servant très bien notamment, s'est-il remémoré. Finaliste, ce n'était pas si mal même si j'aurais espéré mieux. J'ai pu goûter à une première finale dans ce tournoi, et j'espère que ce sera différent cette année. J'ai remarqué qu'avec mon statut désormais, j'ai une cible dans le dos. Tous les joueurs que j'affronte donnent le meilleur d'eux-mêmes contre moi. Mais je suis préparé pour ça, je sais comment ces choses fonctionnent. Je me suis longtemps préparé mentalement pour être à ce niveau, et l'heure est venue d'assumer."

Plus que de simples défaites, cet échec contre Auger-Aliassime en finale comme celui contre Holger Rune quelques mois plus tard à Stockholm toujours en indoor ont amplifié l'impression d'une stagnation. Mais en Australie, un nouveau Tsitsipas, plus calme dans la gestion de ses matches, plus aguerri mentalement, a fait son apparition. Des qualités qui lui ont permis de résister notamment à la remontée de Jannik Sinner en huitième de finale (victoire en cinq sets).

Mais cette belle réaction demande confirmation à moyen et long terme pour qu'elle ne se limite pas à un sursaut sans lendemain. Cela tombe bien, Sinner, encore lui, lui fera face jeudi. Sur la lancée de son titre à Montpellier et sur une série de cinq victoires en indoor, l'Italien ne manquera pas de confiance. Le défi est donc loin d'être anodin pour Tsitsipas. Mais à Rotterdam où "F2A" et Rune font aussi partie du tableau, il a une belle occasion de montrer aux jeunes loups qu'il reste encore devant eux. Avant d'espérer à nouveau titiller "Djoko" en finale de Majeur.