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Raonic, Rahan supersonique

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 21/02/2011 à 21:35 GMT+1

Milos Raonic est-il au tennis ce que Greystoke est au gentleman du All England Court ? Ou est-il le dernier avatar d'une modernité téléguidée qui pointe cliniquement sa raquette vers ses cibles ? A 20 ans, ce garçon bien élevé d'1.96 m est déjà le Canadien le mieux classé de l'histoire (37e).

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Crédit: Eurosport

Quand un garçon de 20 ans est capable, lors de son 9e tournoi ATP, de placer 129 aces en une semaine dont deux matches à plus de 30 aces, une terreur toute primitive saisi l'amateur de tennis, comme autrefois le lecteur de la bande dessinée Rahan quand ce dernier, héros préhistorique, frappait ses adversaires avec un gourdin d'occasion.
Milos Raonic n'a pourtant rien d'un joueur brutal, ni dans son jeu, ni dans ses manières. Natif du Montenegro, débarqué au Canada à l'âge de 3 ans, c'est un jeune homme affable, posé quand il s'exprime, et bigrement explosif raquette en main. Du Roddick tout craché en somme.
"Le plus intéressant sur le circuit depuis un bon moment"
Andy Roddick, dominé, balloté, scotché aux baches par les 32 aces de Milos, mais finalement vainqueur à Memphis, n'a pas été avare en compliments à son égard : "Ce gars est le joueur le plus intéressant à arriver sur le circuit depuis un bon moment. Avec ce service il va continuer d'enchaîner les matches et donc il va apprendre très vite. Je n'ai pas beaucoup vu de serveurs plus impressionnants que lui".
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Milos Raonic San Jose

Crédit: Reuters

A-Rod n'est pourtant pas l'idole américaine de Milos. C'est Pete Sampras sa référence. Il a commencé le tennis à 8 ans, et qui a intégré le Central National d'Entraînement de Montreal en 2007. La formation de Milos, c'est au père, Dusan, ingénieur de son état comme sa mère Vesna, qu'il en doit les fondations. Dusan se souvient du temps où son fils construisait la mécanique qui fait si peur aujourd'hui : il louait des "machines à lancer les balles de 18h30 à 21h00, car c'était moins cher à l'époque". Pendant une dizaine d'années, Milos a fait ses gammes de Robocop du circuit.
Mieux que Rusedki
Le gamin n'étant pas qu'un cyborg dénué de toute conscience, il a pu développer un jeu autour de son service, dans le sillage d'un John Isner aux Etats-Unis, mais en plus dense et plus mobile. Il faut dire que l'apprentissage aux côtés de Casey Curtis, son coach depuis l'âge de 8 ans, n'était pas à prendre à la légère : "Quand il avait 13 ou 14 ans, je le regardais dans les yeux et je lui disais : "Tu vas le faire, il faut prendre ça au sérieux..."
Pendant un temps, sorte de Bambi gigantesque, à l'instar d'un Juan Martin Del Potro, il a dû patienter que ses jambes soutiennent une croissance forte, pour recevoir le retour sur investissement. En 2009, il gagne son premier titre pro sur le circuit Future à Montreal puis se casse le scaphoïde (os de la main). Il faut attendre quelques mois pour le voir gagner un autre titre en Thaïlande. Il remet ça l'année suivante à Montreal et obtient une invitation pour la Rogers Cup, le Masters 1000, à Toronto.
9 tournois ATP plus tard, il a fait son impression en Grand Chelem (huitièmes à Melbourne en sortant des qualifs) et compte donc deux finales consécutives dont un titre à San Jose. 373e en décembre 2009, 156e en décembre 2010, il a gagné 119 places en deux mois : "Maintenant je vais me reposer, dit-il à Memphis après sa défaite, Je suis fier, j'ai donné tout ce que j'avais. Ce n'est que le début, je vais continuer à travailler et à m'améliorer."
La belle histoire commence en effet pour Milos (37e cette semaine) qui a doublé, Greg Rusedski, le Canadien le mieux classé de l'histoire du pays (41e) avant que la Fédération britannique l'appâte. Un autre serveur émérite, qui n'a cependant pas eu la consécration que son classement lui laissait espérer (N.4 en 1997). Comme bien d'autres joueurs de son gabarit et de sa génération (Isner, Querrey) Raonic doit apprendre à développer un jeu complet et à supporter la pression. La mécanique du service et sa sauvage efficacité ne suffisent pas. Demandez à Roddick, demandez à Karlovic : frapper des aces n'est pas jouer, culminer n'est pas gagner. Même à Wimbledon...
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