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Peyre : "On fait front"

Eurosport
ParEurosport

Publié 03/12/2008 à 08:45 GMT+1

Guillaume Peyre a une totale confiance en Richard Gasquet, en son talent et sa capacité de travail. Au début de la préparation 2009, nous lui avons demandé de nous expliquer sa collaboration avec le Biterrois au sein du Team Lagardère.

Vous êtes l'entraîneur de Richard Gasquet depuis plus de six mois, dans des conditions il est vrai particulières, pouvez-vous nous expliquer comment se construit le binôme fragile joueur-entraîneur au plus haut niveau ?
GUILLAUME PEYRE : "La priorité des priorités, quand on démarre une relation avec un joueur, c'est d'arriver à créer comme un cordon entre le bébé et sa maman, et cela passe par le relationnel, par la confiance. Ça, c'est le début. A partir de là, quand la confiance s'installe, autant sur le plan professionnel et humain, tu peux démarrer sur quelque chose de solide."
Et où en êtes-vous maintenant ?
G.P. : "Quand j'ai récupéré Richard, il était dans une situation critique. Je pense que je lui ai montré qui j'étais. Je pense qu'il me fait confiance. Je lui fais énormément confiance, quoi qu'il arrive. Moi je sais très bien ce qu'il est capable de faire. C'est dans les moments difficiles que l'on voit si ça tient ou si ça pète. Pour l'instant, on fait front. Ce n'est pas parce qu'il perd un tournoi ou parce qu'il fait une saison moyenne que je vais arrêter de croire en lui et lui en moi. Ça se passe bien. Il est très réceptif, on s'entend bien et il travaille dur. Maintenant, il faut du temps."
Vivez-vous de nombreux conflits ?
G.P. : "Il peut y en avoir, comme dans un couple. Mais nous n'avons pas eu de conflits pour l'instant. Il y a beaucoup de clarté. Je lui dis ce que je pense. Quand je pense qu'il a été bon, je lui dis, quand c'est l'inverse aussi. C'est une forme de respect. Lui aussi fait cet effort-là. Lui qui a quelques fois des difficultés à communiquer parce qu'il ne veut pas faire de la peine. Je lui ai dit : "Parfois, il vaut mieux faire de la peine". "
Richard Gasquet souffre-t-il de son exposition médiatique ?
G.P. : "C'est un peu caricatural ce que je vais dire, mais par rapport à son image, il faut par moments jouer la comédie. Richard, ce n'est pas quelqu'un qui va jouer la comédie. Il s'exprime à sa manière, qui peut être parfois maladroit, mais ce n'est jamais pour faire mal. Les plans de communication, ce n'est pas lui."
"Je me suis rendu compte que le regard des gens était son pire ennemi. C'est ce qui le bloque. Richard est un perfectionniste. Même à l'entraînement, il ne supporte pas de rater un coup. Il ne veut pas décevoir et il veut tout le temps bien faire. "
"Quand on exploite la moindre maladresse avec la presse, cela ne lui rend pas service... Alors moi, je lui dis : "Il faut te blinder. Tu n'es pas le seul dans ce cas, et c'est ce que font les tops joueurs."
Peut-on protéger un joueur contre des problèmes d'image ?
G.P. : "Oui. on peut l'orienter. Lui dire ce qu'il ne faut pas dire, ne pas faire. Mais le meilleur filet de protection : ce sont les résultats. C'est notre métier et ce sera son meilleur bouclier."
Richard Gasquet peut-il être un joueur "comme les autres" ?
G.P. : "Il a un parcours spécial, médiatisé depuis l'âge de neuf ans. Mais il sait qu'il fait un métier extraordinaire. Tous les jours il me le dit. Il est conscient des difficultés que peuvent vivre d'autres personnes au quotidien. Lui, il adore le tennis, il veut jouer au tennis, il veut gagner un Grand Chelem, être le plus fort possible."
"Il aimerait aussi que l'on arrête de dire qu'il a un talent incroyable. C'est dur quand même. Les autres aussi sont talentueux. Et le talent ne suffit pas. Entendre ça tout le temps, cela le dessert. Les comparaisons, cela n'arrange rien. Roger Federer lui-même le dit : "Il faut le laisser tranquille." Bon, cette année, Jo et Gilles (Jo-Wilfried Tsonga et Gilles Simon, ndlr) ont fait une super saison. Et c'est mérité. Richard doit progresser, il doit s'améliorer en vivant sereinement sa carrière."
A-t-il connu des difficultés à enchaîner les tournois cette saison ?
G.P. : "Depuis qu'il est avec moi, le seul tournoi auquel il n'a pas participé est Bercy. Tous les tournois que j'avais programmés, il les a joués. J'en ai même rajouté un, Bucarest, parce qu'il avait perdu au premier tour à l'US Open. Il a répondu présent, il a enchaîné les séances d'entraînements sans problème. Bercy, c'est un choix que j'assume avec lui entièrement. "
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TENNIS Richard Gasquet Toronto Masters 2008

Crédit: Reuters

"S'il avait joué à Bercy - et il avait très envie de jouer Bercy comme moi par ailleurs - il aurait mis en danger la préparation. C'est un choix sportif, un choix professionnel, et je ne le regrette pas. La difficulté d'enchaîner, elle s'est sentie surtout par le fait qu'il n'ait vraiment joué qu'une moitié de saison. Il a manqué de continuité dans le travail et cela s'est ressenti physiquement, puis mentalement."
Pouvez-vous préciser le discours que vous lui tenez ?
G.P. : "La seule chose que je lui dis : c'est que quoi qu'il arrive, il n'a pas à rougir de ce qu'il fait ou ne fait pas. Sa vie lui appartient. Elle n'appartient pas à des gens qui écrivent des choses sur lui, qui ne sont pas en majorité des joueurs de tennis et qui connaissent moins bien son propre métier par exemple. D'ailleurs, si on regarde "l'entreprise Gasquet" - disons qu'une carrière c'est comme une entreprise - elle n'est pas dans un mauvais état. Quand un gamin est connu à 9 ans, débute sur le central de Monte-Carlo à 16 ans et fait le Masters à 20 ans, ça va... Cela pourrait être mieux, d'accord, mais tout va bien. Il faut relativiser. Son projet lui appartient. Il faut se dire qu'il ne faudra pas avoir de regrets à la fin et bosser. Se remettre en question en permanence. Si tu crois que t'es le meilleur parce que tu as gagné un tournoi, tu te trompes."
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