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La terre en questions

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ParEurosport

Mis à jour 07/07/2010 à 17:27 GMT+2

L'opposition de Coupe Davis entre la France et l'Espagne à Clermont-Ferrand se jouera sur dur indoor, et non sur terre battue. Une évidence pour certains. Un malaise pour d'autres. Entre les résultats médiocres des joueurs français et la formation des plus jeunes à revoir, le débat bat son plein.

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Crédit: Eurosport

Dès vendredi, ne vous attendez pas à une entrée en fanfare sur le court central ocre de Roland-Garros : les Bleus reçoivent l'Espagne dans la salle indoor de la Grand Halle d'Auvergne à Clermont-Ferrand. "Sans vouloir faire offense à la ville auvergnate, c'est un mini-scandale", ironise Hughes Cavallin, actuel membre du comité de direction de la FFT et président la Ligue de Paris. "Si les Français étaient plus compétitifs, on aurait pu jouer cette rencontre Porte d'Auteuil, et remplir les travées du court Philippe-Chatrier sans aucun problème, comme nous l'avions fait il n'y a pas si longtemps. Mais il faut reconnaître que nous n'avons pas une équipe pour faire concurrence à l'Espagne sur terre battue."
Pour beaucoup, jouer ce quart de finale à Roland-Garros aurait été une enceinte idéale pour recevoir cette affiche haute en couleurs. Ce qui aurait signifié défier le tenant du titre sur sa surface fétiche. Mais si l'Espagne est une nation qui brille surtout par ses résultats sur terre battue, la France est tout le contraire, soit un pays qui a des joueurs mondiaux qui ne sont pas à l'aise sur terre battue, surface qui fait pourtant partie de sa culture. Une culture mise à mal par le manque de résultat des Tricolores sur surface ocre. Et il suffit de voir le dernier Roland-Garros pour comprendre que la terre n'était effectivement pas propice à un combat équitable face aux Espagnols. Et de reconnaître qu'il y a un véritable aveu de faiblesse.
Redonner goût à la terre battue
Il faut comprendre que cette décision a été prise le 9 avril dernier en connaissance de cause : "Nos Français ont de meilleurs résultats en dur indoor", nous a expliqué Patrice Hagelauer, Directeur technique national à la FFT. "Le constat est qu'on a moins de joueurs spécialistes de la terre battue que d'autres pays. En France, 14% des courts seulement sont en terre battue.En Espagne ou en Amérique du Sud, c'est 95%. Résultat, on joue six mois de l'année sur 14% des terrains à disposition. Cela s'explique par un climat qui ne favorise pas la propagation des courts en terre dans l'Hexagone. Et aussi par leur coût d'entretien qui avoisine entre 2000 et 3000 euros par terrain."
En marge de Roland-Garros 2010, Patrice Dominguez, ancien DTN, a dénoncé un manque de formation de jeunes Français sur terre battue au sein de la Fédération Française. "Il faut que la Fédération fasse l'effort de pousser ses jeunes à jouer d'avantage sur terre et dès leur plus jeune âge. On tombe dans la facilité de les former sur dur, et les résultats se ressentent." Lors d'une question posée à la N.1 française, au soir de son élimination au 3e tour de Roland-Garros, Marion Bartoli a confirmé : "On apprend beaucoup plus à jouer sur dur que sur terre battue. Quand vous mettez pour la première fois les pieds sur une terre battue à quinze ans alors que toutes les Espagnoles ou joueuses étrangères s'entraînent en Espagne et jouent toute la journée sur cette surface, c'est difficile de concurrencer. Ce n'est pas une excuse, c'est une constatation."
La terre battue, la meilleure formation qui soit
La semaine dernière s'est tenu le Mondial Paris Cadet - Trophée Lagardère 2010 (16 ans et moins) à la Croix-Catelan dans le 16e arrondissement de Paris. Révélateur de talents précoces, ce tournoi regroupe tous les espoirs du tennis mondial depuis treize années. Et ce, du quatre coins du globe, en passant par des pays insoupçonnés comme le Zimbabwe ou encore la Bolivie qui ont déjà des joueurs étonnants. Côté français, 56 étaient en lice dans les tableaux de simple garçons (25) et filles (31). Seulement deux garçons sont parvenus à atteindre le dernier carré : Alexandre Favrot et Enzo Py. Deux jeunes suivis de près par la Fédération. Mais personne du côté des filles. Une timide relève serait donc en route. Signe que le chemin est encore long pour que la France soit compétitive sur cette surface.
Patrice Hagelauer explique : "Il faut donner à nos jeunes goût à la terre, car la terre battue est la meilleure formation qui soit. Aussi bien physique que mentale. Sur terre, tout ne se joue pas en deux coups de raquette. Il faut réfléchir comment gagner un point en variant son jeu au maximum. La force n'est pas le seul moyen de parvenir à ses fins. C'est un véritable jeu d'échec." Et Hughes Cavallin de surenchérir : "Il faut savoir se faire mal pour gagner un match sur terre. Et ce n'est pas donné à tout le monde de repousser ses limites quand on a joué sur dur la majorité du temps à ses débuts. Peut-être que les résultats de nos Français s'expliquent aujourd'hui pour cette raison."
La Fédération a donc décidé de réagir. Sous l'égide de Patrice Hagelauer depuis septembre 2009, la DTN a mis en place différentes actions qui verront le jour d'ici à deux ans pour essayer d'associer les tout jeunes joueurs à la terre battue. Cela commence dans les régions avec les centres de ligue qui prévoient, en accord avec les élus locaux, la construction de courts à 50% sur terre battue et 50% sur dur. Une nouvelle structure fédérale va voir le jour courant 2011 près de Nice, avec des courts indoor et en extérieur sur terre. Enfin, à Paris, l'INSEP a prévu la construction de quatre courts ocres également d'ici 2011. "L'idée derrière toute ça, termine l'ancien coach de Yannick Noah, sera d'avoir au moins un terrain en terre battue sur quatre en France en 2012. Si les jeunes ont goûté à la terre avant d'arriver au CNE de Roland-Garros, les résultats suivront." Dans les tournois individuels comme en Coupe Davis.
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