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Indian Wells Vintage : Courier et le grand tournant du désert

Laurent Vergne

Mis à jour 21/03/2020 à 19:58 GMT+1

Coronavirus oblige, il n'y a pas de tennis cette année à Indian Wells. L'occasion de se replonger dans quelques pages épiques vécues dans le désert californien. En 1991, Jim Courier remportait face à Guy Forget une finale mémorable, 7-6 au 5e set. Le jeune Américain décrochait là son premier titre d'importance pour s'émanciper enfin de l'ombre des Agassi, Sampras et Chang.

Jim Courier, Indian Wells 1991.

Crédit: Getty Images

Edition : 1991
Tour : Finale
Vainqueur : Jim Courier (Etats-Unis)
Adversaire : Guy Forget (France)
Score : 4-6, 6-3, 4-6, 6-3, 7-6
C'était il y a près de trente ans ce qui, ne nous le cachons pas, colle une petite claque. Trente ans ou pas, cette finale 1991 reste un grand classique du premier Masters 1000 de la saison. Parce qu'elle a tenu la distance (c'est d'ailleurs la seule à s'être achevée au tie-break du 5e set), qu'elle fut spectaculaire et pleine de rebondissements. Surtout, elle a marqué un tournant incontestable dans la carrière de Jim Courier. Un point de départ vers les trois années les plus prolifiques de l'Américain.
Révélé en 1989 par sa victoire contre Agassi à Roland-Garros alors qu'il n'avait que 18 ans, le dernier né des Bollettieri's boys se cherche depuis des mois. De la nouvelle génération dorée made in US, le voilà à la traine. Un retard qui en dit plus sur les autres que sur lui. Après tout, il n'a encore que 20 ans. Mais Michael Chang a brisé toutes les barrières en remportant ce même Roland-Garros 1989, pour devenir le plus jeune vainqueur de l'histoire du Grand Chelem, ce qu'il est d'ailleurs toujours aujourd'hui. Pete Sampras vient lui aussi d'intégrer la galaxie des champions, en claquant son premier Majeur à l'US Open, en 1990. Chang et Sampras sont pourtant ses cadets.

Courier sort de l'ombre, Forget explose

Seul Andre Agassi, de la cuvée 1970 comme lui, n'a pas non plus mis dans le mille. Mais il a tout de même gagné le Masters et joué deux finales de Grand Chelem. Puis il est déjà une authentique star. Courier, lui, regarde ce ballet de derrière. Et d'un peu loin. Alors il prend une décision qui va s'avérer payante : travailler avec José Higueras. Sous l'impulsion de son nouveau coach espagnol, il gagne en confiance et saupoudre son jeu, sinon de fantaisie, en tout cas d'un peu de variation.
A Indian Wells, à la sortie de cet hiver 91, le tandem recueille les premiers fruits de cette collaboration. Alors classé au 26e rang au classement ATP, Courier sort Agassi (4e mondial) en huitièmes de finale puis Emilio Sanchez (8e) en quarts. Il prend ensuite le meilleur sur Michael Stich pour rallier la deuxième finale de sa carrière après celle remportée à Bâle un an et demi plus tôt. Face à lui, le Floridien retrouve un autre joueur en pleine ascension. Il s'appelle Guy Forget et traverse la période la plus faste de sa carrière.
Il explose, même, le natif de Casablanca. Longtemps tapi dans la double ombre imposante et charismatique de Noah et Leconte, Forget a mis du temps à exploiter le potentiel de sa grande carcasse de gaucher. Ce début d'année 1991 est celui de la désinhibition. Titré à Sydney et Bruxelles, quart de finaliste à l'Open d'Australie où il n'a cédé que contre le futur vainqueur Boris Becker, il vient d'intégrer le top 10 et en accédant à la finale d'Indian Wells, le voilà même assuré de rentrer parmi les cinq premiers mondiaux.
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Guy Forget, 1991.

Crédit: Getty Images

Deux sets à un, break, puis...

Le gaucher français, en pleine bourre, vient de déposer en deux sets la tête de série numéro un, Stefan Edberg, en demi-finale. Lorsqu'il rentre sur le court pour affronter Courier en finale, il a remporté 21 de ses 23 matches depuis le début de la saison. "Guy est probablement le joueur le plus 'chaud' du circuit en ce moment, et quand il est chaud comme ça il n'y a pas grand-chose à faire contre lui", constate Jim Courier avant la finale. On se dit que, pour le jeune Américain, la mission s'annonce complexe. On n'a pas tort, et quand Forget mène deux manches à une et 3-1 dans le 4e set, c'est le plus grand titre de sa carrière qui se profile.
Pendant plus de deux heures, Forget se comporte en patron. Mais Courier a changé. Il ne lâche rien, débreake, arrache un 5e set décisif au cours duquel il ne perd que... trois points sur sa mise en jeu. "Je crois que je n'ai jamais aussi bien servi de ma vie que dans la dernière heure et demie du match", dira-t-il. Le Français n'est pas davantage mis en danger et c'est donc au jeu décisif du 5e set que ce titre va se jouer.
Ce tie-break bascule tôt. Dès le 3e point. A 1-1, Courier réussit un mini-break que jamais Forget ne comblera. Le Français pousse un coup de gueule après l'arbitre Dana Loconto : il a vu la balle de Courier faute. "Elle arrive lentement, ce n'est pas un coup droit à 140 km/h, elle est clairement dehors, c'est un point qui en vaut deux", peste Guy.

Courier 2, Forget 0

Déconcentré, Forget laisse Courier s'envoler pour mener 6-2. Le jeune Yankee tremblote un peu sur ses deux premières balles de titre mais la 3e est la bonne. Après trois heures trente de combat, il signe sa plus belle victoire. "J'ai été très nerveux pendant la première moitié du match, puis c'est comme si quelque chose avait cliqué dans ma tête pour me libérer, explique-t-il. Je réfléchissais trop, mais j'ai réussi à me calmer. C'est génial de gagner ici." Il est lancé, et pour de bon. Dans la foulée, il s'impose à Key Biscayne (le Miami d'alors) pour apparaitre dans le top 10. Au printemps, il remportera Roland-Garros, son premier Majeur, puis atteindra la finale de l'US Open.
Sur le coup, Guy Forget, lui, digère mal : "on me dit que c'était un grand match, mais non. Moi, je n'ai pas joué un grand match. Sinon, je l'aurais gagné. A deux sets à un et break, je gagne dans 80% des cas..." Frustré, Guy l'est plutôt deux fois qu'une. En finale du double, associé à Henri Leconte, il s'était déjà incliné face à Javier Sanchez et... Jim Courier. Courier 2, Forget 0. Quand ça ne veut pas... Mais Forget oubliera vite ses frustrations californiennes. 1991 sera sa plus belle année. Après avoir grimpé jusqu'à la 4e place mondiale, il ira chercher en fin de saison ses deux plus grands titres : Bercy et, surtout, la Coupe Davis.
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