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Masters 1000 d'Indian Wells : Del Potro, 3107 jours plus tard

Laurent Vergne

Mis à jour 19/03/2018 à 18:36 GMT+1

INDIAN WELLS - En septembre 2009, Juan Martin Del Potro domptait Roger Federer en finale de l'US Open. Un avènement qui, pour bien des raisons, n'a pas eu de lendemain. Dimanche, en Californie, l'Argentin a de nouveau battu le Suisse dans une finale, pour s'offrir son premier Masters 1000, et son premier titre d'importance depuis sa révélation new yorkaise.

Juan Martin del Potro après sa victoire en finale contre Roger Federer à Indian Wells

Crédit: Getty Images

3107 jours. Huit ans, six mois et quatre jours. Voilà ce qui sépare la finale de l'US Open 2009 de celle d'Indian Wells, dimanche. Les deux points communs de ces deux matches sont évidemment Juan Martin Del Potro et Roger Federer, le premier dans le rôle du bourreau du second, plutôt deux fois qu'une.
Ce 14 septembre 2009, quand l'Argentin de Tandil a mis fin à cinq années de règne new yorkais de Federer, j'étais comme beaucoup : convaincu que le sacre de ce grand gaillard qui n'avait pas encore 21 ans avait vocation à ne pas être sans lendemain. Parce que, à son jeu dévastateur par bien des aspects, transpirait aussi de lui ce caractère de champion qui séparent les très bons des très grands.
La suite des opérations (sans mauvais jeu de mots) a éparpillé cette conviction au gré des blessures et de ses passages sur le billard. Le colosse était fait d'argile, son poignet de cristal. Non seulement Del Potro n'a plus jamais gagné de Grand Chelem, mais jusqu'à ce dimanche, il n'avait même jamais remporté le moindre Masters 1000.
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Juan Martin del Potro et Roger Federer après leur finale à l'US Open en 2009.

Crédit: Getty Images

40 Masters 1000 manqués en sept ans

Personne ne peut prétendre savoir quelle tournure aurait pris la carrière de JMDP s'il n'avait pas connu ces coups d'arrêt à répétition. Peut-être compterait-il aujourd'hui dix Majeurs et quinze Masters 1000. Peut-être cela n'aurait-il rien changé à sa carte de visite. Ceci est pure spéculation. Reste une vérité : en sept ans, de 2010 à 2017, il a raté quatorze tournois du Grand Chelem et quarante M1000. Quarante... Cela n'aide pas à se construire un palmarès.
Au cumul de ses voyages à l'infirmerie, Del Potro a perdu environ quatre années de sa carrière. Il a été coupé en plein élan dès le début de l'année 2010, quelques mois à peine après son triomphe à Flushing. C'est son histoire mais au fond, c'est aussi cette résilience, devenue sa marque de fabrique au fil des ans et des comebacks, qui lui confère cette place particulière dans le tennis masculin actuel, d'autant que le personnage est affable et éminemment sympathique. Si vous trouvez quelqu'un prêt à dire du mal de Del Potro, faites-le moi savoir.

Le temps de s'inventer un avenir

Il lui aura donc fallu plus de huit années pour décrocher ce qui est désormais le deuxième plus grand titre de sa carrière. Au moins a-t-il bien fait les choses car cette finale d'Indian Wells contre Federer, qu'il s'agisse de la qualité de jeu et de sa dramaturgie (on a même décelé un zest de tension au cours des débats ce qui, dans le tennis actuel, n'est pas si fréquent), a valu son pesant d'empanadas. Une balle de match pour lui évaporée dans le deuxième set, trois autres, contre lui, sauvées dans le troisième, c'est un scénario rêvé.
Mais le plus intéressant dans tout cela, ce n'est pas la belle histoire, le retour vers le futur, la revanche sur le destin, son corps ou tout ce que vous voudrez. Non, le mieux dans tout ça, ce n'est pas ce qu'il y a derrière, mais ce qui se trouve devant. Car Juan Martin Del Potro n'a encore que 29 ans et peut-être le temps de s'inventer un avenir.
Il y a maintenant un petit moment que l'Argentin est dans le vrai. Mine de rien, depuis un an et demi, il peut s'exprimer sans problème particulier. Il l'a évoqué dimanche soir après la finale, le point de départ du chapitre actuel de sa carrière remonte aux Jeux Olympiques de Rio, et à ce fameux match face à Novak Djokovic. "Après ce match, ma vie tennistique a à nouveau changé", a-t-il dit.
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Djokovic et Del Potro lors des JO 2016

Crédit: AFP

Bientôt sur le podium ?

Depuis, il a gagné une Coupe Davis, retrouvé le dernier carré en Grand Chelem, repris place dans le Top 10 (en attendant mieux) et, donc, remporté un Masters 1000. Indian Wells, c'est tout sauf un miracle. Depuis six mois, il a enquillé les bons résultats, décroché trois titres et disputé deux autres finales. C'est simple, sur les trois derniers mois comme sur le dernier semestre, seul Roger Federer a inscrit davantage de points que lui au classement. En février 2014, au point culminant de son précédent comeback, il s'était hissé à la 4e place. Il pourrait aller plus haut cette fois.
Le rêve absolu, pour lui, serait de soulever à nouveau un trophée en Grand Chelem. La dimension physique s'avèrera peut-être problématique pour lui, comme on l'a vu à Flushing, mais il continue de faire évoluer son jeu, qu'il s'agisse de son revers à deux mains ou de son retour, bien plus agressif qu'auparavant, et sa confiance est plus haute que jamais. Alors, pourquoi pas ?
Dans un paysage ravagé par une armée de hauts gradés à terre, son retour est en tout cas une bénédiction. Quand d'autres claudiquent, Del Potro est tout feu tout flamme. Drôle de boomerang de l'histoire. En ces temps compliqués pour tant de ténors, qui sait si 2018 ne sera pas l'année Del Potro...
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