ATP Monte-Carlo : Djokovic espère monter en puissance face à Fritz

Il est passé par toutes les émotions. D’abord calme et apparemment en contrôle, puis tendu et vindicatif, Novak Djokovic n’a pas connu un premier match de tout repos sur le Rocher mardi. La faute à un niveau de jeu sinusoïdal qui n’a pas manqué de le frustrer, mais aussi à un adversaire qu’il craignait un peu. "J’ai eu beaucoup de hauts et de bas et je me suis senti un peu rouillé sur le court. Philipp Kohlschreiber m’a battu à Indian Wells il y a un mois, donc je l’avais bien sûr un peu dans ma tête", a ainsi convenu le numéro 1 mondial.

Quasiment injouable en demi-finale et en finale à Melbourne, le Serbe montre depuis ce 15e sacre en Grand Chelem des failles surprenantes, à la fois tennistiques et mentales. Mais si à Indian Wells et Miami, il a semblé par moments démobilisé, son attitude de défi à l’égard du public sur le court Rainier-III a quelque chose de rassurant pour le Djoker et ses fans. Le désir de gagner ou plutôt la haine de la défaite sont de retour. Reste à retrouver ce que son coach historique Marian Vajda se plaît à appeler le "cosmic tennis".

Djokovic en est pour le moment très loin et le sait mieux que quiconque. Plus que ses errements de la tournée américaine, le Serbe pointe le changement de surface avec un mot d’ordre : prendre son temps. "D’une certaine façon, c’est bien de passer deux heures et demi sur le court pour mon premier match sur terre de la saison. Cette surface est très exigeante sur le plan physique. Tactiquement aussi, il faut construire le point, être plus patient, mettre plus d’effet dans la balle, ce qui n’est pas naturel pour moi, surtout côté revers. J’aime davantage prendre la balle tôt et à plat. Ce sont des petites choses auxquelles il faut que je m’habitue et sur lesquelles je dois travailler", observe-t-il.

Car si le prestige de cette semaine princière a un attrait, c’est avant tout la perspective d’un potentiel deuxième Grand Chelem à cheval sur deux saisons qui motive le numéro 1 mondial. Et il a encore un mois et demi avant le rendez-vous capital de la Porte d’Auteuil. "Je dois accepter mon niveau actuel… pour essayer de l’améliorer. Est-ce que je suis à mon top sur terre battue ? Non, loin de là. Mais je mets en place un processus de travail au terme duquel j’arriverai au niveau souhaité. Est-ce que ça arrivera dès cette semaine ou pas ? Je ne le sais pas… Je dois prendre les choses jour après jour", indique-t-il, aussi philosophe devant la presse que tendu lors de son entrée en lice.

De l’autre côté du filet, se dressera jeudi un jeune Américain. Après avoir profité de l’abandon de Jo-Wilfried Tsonga au 1er tour, Taylor Fritz a surpris son monde en dominant nettement (6-4, 6-2) l’Argentin Diego Schwartzman, spécialiste de la surface et quart-de-finaliste à Roland-Garros l’an dernier. "Quand je dis aux gens que je pense que la terre battue pourrait être ma meilleure surface, ils pensent que je blague. Mais j’aime vraiment la terre, je me sens à l’aise dessus et je m’y déplace bien. Ce sera une expérience vraiment cool de jouer contre Novak. J’espère être aussi bon du fond que contre Schwartzman mais en servant mieux", a-t-il déclaré.

En temps normal, le Serbe n’aurait pas grand-chose à craindre de l’Américain et de ses grandes frappes à plat. Mais il ne s’en cache pas, il n’est pas encore au point. De là à prendre la porte ? L’hypothèse semble tout de même farfelue : le numéro 1 mondial a un orgueil certain et pourrait être tenté de répondre à Rafael Nadal, impressionnant contre Roberto Bautista Agut mercredi. Mais qui rentrera sur le court Rainier-III jeudi : Docteur Djokovic ou Mister Novak ?