Monte-Carlo, là où tout démarre vraiment pour Rafael Nadal

Les choses sérieuses commencent pour Rafael Nadal. Depuis son retour à la compétition en février, l'Espagnol n'a pas hésité à tester ses genoux dans tous les sens de Vina del Mar à Indian Wells. Bilan : 17 victoires, une défaite et trois titres, dont un Masters 1000. On peut dire, sans trop prendre de risques, que tout va beaucoup mieux pour Nadal. Et cela ne pouvait tomber plus à pic à l'heure d'entamer son sprint européen sur terre battue, qui va l'emmener de Monte-Carlo à Roland-Garros, en passant par Barcelone, Madrid et Rome. Quatre étapes aussi importantes les unes que les autres jusqu'à Paris qui conditionnent la réussite de sa saison.

Contrairement à la majorité des joueurs qui seront en lice à Monte-Carlo, Nadal a passé un mois d'entraînement intensif sur son île de Majorque, après avoir fait l'impasse à Miami. Le but : être encore plus prêt physiquement qu'il ne l'est déjà pour le lancement de la saison européenne sur terre à Monte-Carlo. Lieu incontournable que le Majorquin a marqué au fer rouge depuis huit ans. S'il y a un rendez-vous dans la saison qui caractérise le plus sa domination sur terre battue, c'est bien ici. Depuis 2005, personne n'a réussi à le battre. Il faut remonter à la saison 2003 où Guillermo Coria, futur finaliste malheureux de Roland-Garros en 2004, avait réussi à dominer ce jeune fougueux qui n'avait pas encore 17 ans.

Après avoir manqué l'édition 2004 de Monte-Carlo, Nadal y a, depuis son retour en 2005, enchaîné 42 succès. Beaucoup de joueurs s'y sont cassé les dents, notamment Roger Federer qui y a été battu trois fois consécutives en finale entre 2006 et 2008. Dans l'ère Open, aucun joueur ne peut se targuer d'avoir autant de réussites à la suite dans un tournoi ATP, d'autant plus dans un Masters 1000, tournois les plus importants après les tournois du Grand Chelem (voir infographie ci-dessous). Seul Guillermo Vilas, autre référence sur terre battue, pourrait lui contester ce chiffre, l'Argentin s'étant imposé sur la terre de Buenos Aires à huit reprises entre 1973 et 1982, mais pas consécutivement. En somme, si Nadal venait à s'imposer cette semaine, il serait le seul joueur de l'ère Open à décrocher neuf fois un même tournoi ATP. A moins qu'un joueur fort bien inspiré parvienne à briser cette série et dominer Nadal sur terre comme Horacio Zeballos en finale de Vina Del Mar, seul adversaire à l'avoir fait tomber cette saison lors de son tournoi de reprise. En tout cas, Federer et Ferrer, souvent victimes du Majorquin sur terre battue, ne se risqueront pas à lui contester son hégémonie monégasque cette année.

Huit sacres dans un même tournoi ATP est une statistique qui peut donner le vertige, mais cela n'est pas sans précédent dans l'histoire. En remontant au début du XXe siècle, on retombe sur un certain Jean Borotra qui a remporté treize fois le Championnat d'Angleterre sur court couvert, qui se disputait à l'époque sur un parquet en bois, entre les années 20 et 40. Un record d'un autre temps. Cette semaine, Nadal prendra part au premier Masters 1000 de la saison sur terre battue avec un premier record en vue à Monte-Carlo, qui en appellera d'autres, mais bien moindre comparé à celui qu'il battrait avec la conquête d'un huitième titre à Roland-Garros. Cela ferait de lui le premier joueur à remporter autant de fois un titre du Grand Chelem, devant Pete Sampras et Roger Federer, vainqueurs sept fois à Wimbledon. Mais quoi de plus naturel pour l'Ogre de l'ocre qui aura 27 ans en juin prochain ?