Nadal n'a pas oublié

Ce n'est pas forcément le genre de souvenirs qu'il aime voir resurgir à la surface. Mais Rafael Nadal a de la mémoire. Il n'ignore donc pas que ces deux dernières années, il a disparu de l'Open d'Australie en quarts de finale. Deux défaites qui se ressemblent, l'une face à Murray, l'autre contre Ferrer. Leur point commun? Un Nadal blessé, mal en point. D'où une frustration légitime. Le Majorquin a le sentiment de ne pas avoir pu défendre pleinement ses chances à Melbourne depuis sa victoire en 2009 devant Roger Federer.

Une double mauvaise expérience, d'autant qu'il s'agit là du seul cas, depuis 2007, où Nadal a été absent deux ans de suite du dernier carré d'un même tournoi du Grand Chelem. "Ce n'est pas agréable du tout de perdre en quarts de finale d'un tournoi comme l'Open d'Australie, a-t-il convenu dimanche après avoir expédié Feliciano Lopez en trois sets. En, 2010, j'avais abandonné parce que je ne pouvais plus continuer. L'année dernière, j'ai décidé de ne pas me retirer, mais j'avais un problème depuis le deuxième ou troisième jeu du match. Donc j'avais joué un match entier avec un mauvais feeling. Mais chaque année est différente".

Une manière de se convaincre que le "jamais deux sans trois" ne s'appliquera pas. Physiquement, en tout cas, tout va bien pour l'instant pour le numéro deux mondial. Il y a bien eu cette alerte bizarre dimanche dernier, la veille de son entrée en lice, lorsque son genou s'est mystérieusement bloqué. Mais sur le court, Rafa pète les flammes. Il enchaine les victoires sans trainer. En quatre tours, il n'a pas perdu un seul set et personne n'a réussi à lui prendre plus de quatre jeux dans une manche. Cela dit, ça ne garantit rien. En 2011, il s'était montré plus expéditif encore (23 jeux perdus en quatre matches) et cela ne l'avait pas empêché de se blesser en quarts contre David Ferrer.

Au-delà de l'aspect "économique" de ses victoires en termes d'énergie, c'est davantage son niveau de jeu qui comble l'Espagnol. "Bien sûr, c'est important de gagner rapidement pour le physique. Mais la façon dont vous jouez l'est encore plus, non? Si vous gagnez en quatre sets et que vos sensations sont fantastiques, c'est bien aussi", note le champion de Manacor. La véritable (bonne) nouvelle pour lui, c'est qu'il est rentré tout de suite dans sa quinzaine. "Parfois, explique-t-il, j'ai l'impression de monter en puissance doucement au fil des matches, mais là, je joue vraiment très bien depuis le premier match. Aujourd'hui encore, je trouve que j'ai joué un match complet, sérieux."

Au prochain tour, à l'instar de Federer face à Del Potro, Nadal débutera un tout autre tournoi. Avec Tomas Berdych de l'autre côté du filet, l'opposition ne sera pas la même. Mais ce Nadal-là a tout pour franchir l'obstacle. Berdych s'attend d'ailleurs au pire. "Rafa joue avec énormément de confiance ici et il a l'air très costaud, constate le Tchèque. Je crois que j'ai déjà perdu neuf ou dix fois contre lui alors je sais que ça va être très dur pour moi." Nadal, lui, croise les doigts pour que son corps le laisse tranquille. Histoire de passer ce maudit cap des quarts.