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Même déshydraté, même malmené, Djokovic reste le taulier

Laurent Vergne

Mis à jour 02/02/2020 à 19:06 GMT+1

OPEN D'AUSTRALIE - Novak Djokovic a souffert. Au propre comme au figuré. Mal en point au score et physiquement dans cette finale 2019 contre Dominic Thiem, le Serbe a senti souffler le vent du boulet. Mais il s'est requinqué à temps pour chaparder les deux derniers sets et s'offrir sa 17e victoire en Grand Chelem. Pas sa plus belle finale, mais il savoure à sa juste valeur.

Novak Djokovic avec son 8e titre à l'Open d'Australie.

Crédit: Getty Images

"Turbulent". Voilà comment Novak Djokovic a résumé son match, dimanche. Contraste saisissant avec la démonstration implacable de la finale 2019, lorsqu'il avait détruit Rafael Nadal en trois sets. Sans doute son chef d'œuvre. La finale 2020, elle, aura accouché d'un drôle de match, au cours duquel le champion serbe est apparu souvent tendu, puis à bout de forces, mené, malmené, avant de se retrouver pleinement pour s'imposer en cinq sets. Contraste, oui, mais un dénouement identique : à la fin, c'est lui qui gagne.
Pourtant, ce Djokovic-là était sans doute prenable. Et Dominic Thiem a bien failli le prendre. Lorsqu'il s'est retrouvé mené deux sets à un, le Serbe, franchement dominé et étonnamment apathique sur le court, semblait bien mal en point. Il a pris un temps mort médical à l'issue du 2e set, puis un autre une fois le 3e acte achevé. Il n'a pas enfreint la moindre règle, mais son attitude a suscité des réactions parfois sévères. Mais il l'assure, il n'était vraiment pas bien. Et Thiem n'a d'ailleurs pas épilogué : "je n'ai aucun problème avec ça. Il n'était manifestement pas bien. Je n'ai rien de spécial à dire, ce sont juste deux interruptions."
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"Djokovic n'est peut-être pas fair-play, mais il reste un monstre dans une époque fantastique"

C'est compliqué à gérer, mais c'est une situation que vous devez accepter
"Après avoir perdu le 2e set, a expliqué 'Nole', je me sentais vraiment mal sur le court. Mon énergie était au plus bas. Pour être franc, je ne comprends pas pourquoi c'est arrivé parce que j'ai fait les mêmes choses que d'habitude avant tous mes matches. Alors j'étais un peu sous le choc de me sentir comme ça." Les médecins lui ont signifié qu'il souffrait de déshydratation. "C'est ce que le docteur m'a dit, confirme-t-il. C'est compliqué à gérer, mais c'est une situation que vous devez accepter."
Voilà sans doute pourquoi il est apparu aussi nerveux et ce dès le début de la rencontre, même au cours d'une première manche qu'il a globalement contrôlé. Mais quelque chose ne tournait pas rond. Une tension qui a atteint son paroxysme en fin de 2e set, lorsque le nouveau numéro un mondial (à partir de lundi) a concédé un break décisif à 4-4, sur un jeu émaillé de deux avertissements pour dépassement de temps au service.
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Deux avertissements, break concédé et embrouille avec l'arbitre : Le moment où Djokovic a craqué

Ce n'était pas du vin rouge
En regagnant sa chaise, Djokoivc n'a pas été loin de perdre les pédales. Très remonté après l'arbitre français Damien Dumusois, il a donné une petite tape sur ses chaussures avant d'entamer un monologue au ton acerbe depuis sa chaise : "Super, bon travail mec". "Le premier avertissement, aucun problème, mais le deuxième n'était pas nécessaire, a-t-il jugé. A mon avis, il aurait pu réagir un peu mieux, vu le contexte. C'était un jeu très important. Oui, j'ai touché sa chaussure. Mais ce n'est pas complètement interdit, c'était une tape sympathique (sourire). Je le remercie de ne pas m'avoir donné un autre avertissement pour ça, c'est tout ce que je peux dire. Mais je n'ai pas été agressif, je lui ai parlé, mais je ne l'ai pas insulté."
Mais son vrai problème, c'était donc ces jambes flageolantes. Heureusement pour lui, il s'est vite requinqué. Dès le début du 4e set, il s'est à nouveau davantage impliqué à l'échange, jusqu'à reprendre progressivement le contrôle du match. Qu'a-t-il pris lors de son second temps mort médical ? "Une potion magique que mon physio prépare dans le laboratoire, a-t-il plaisanté. C'est tout ce que je peux dire. Ce n'était pas du vin rouge ! Je ne bois pas d'alcool. Mon frère, oui. Non, c'est une boisson pour se réhydrater, une boisson antioxydante."
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Djokovic - Thiem : Le résumé de la finale

Le cran de forcer sa chance

Le point de bascule s'est ensuite opéré au milieu du 4e set, lorsque Novak Djokovic s'est retrouvé avec cette fameuse balle de break contre lui. "C'était un moment critique, décrypte le Belgradois. Dominic était le meilleur joueur sur le court à ce moment-là, et je n'étais pas loin de la défaite. Il n'y a probablement pas plus d'un point ou deux qui nous séparent ce soir et ça aurait pu basculer de son côté. Mais après avoir sauvé cette balle de break, j'ai retrouvé de l'énergie, j'ai pu à nouveau servir plus vite et le match a changé."
Sa plus grande satisfaction ? Peut-être d'avoir eu le cran de forcer sa chance dans la difficulté. Comme il l'a rappelé, c'est en enchainant service-volée qu'il a écarté le danger dans le 4e set sur son service puis sur une autre balle de débreak en faveur de Thiem dans le 5e. "Je ne suis pas habitué à ça, je ne le fais pas souvent, mais vu les circonstances, j'ai pensé que ça pouvait être une tactique payante et je suis content de voir que ça a marché."
La force de l'habitude a encore frappé. Celle qui l'a hissé à huit reprises sur le toit de l'Australie. Celle qui lui a permis de remporter neuf de ses dix dernières finales de Grand Chelem. Même en dedans, même déshydraté, même bousculé, Novak Djokovic trouve encore et toujours la porte de sortie. A défaut de chef-d'œuvre, il est allé cueillir ce 17e Majeur avec son bleu de chauffe. Dans les palmarès, ça compte pareil.
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Australian Open 2020 | Novak Djokovic

Crédit: Getty Images

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