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S'il n'y a pas eu photo, c'est la faute de Djokovic, pas celle de Federer

Laurent Vergne

Mis à jour 30/01/2020 à 17:45 GMT+1

OPEN D'AUSTRALIE – La demi-finale entre Roger Federer et Novak Djokovic était la grande affaire du jour à Melbourne. Diminué, le Suisse a tenté tout ce qu'il a pu, mais s'est incliné en trois sets. Mais ce n'est pas dans la cuisse bâloise qu'il faut trouver les raisons de ce scénario, plutôt ans le bras et plus encore la tête de son adversaire.

Novak Djokovic

Crédit: Eurosport

L'histoire du jour

Il y a eu match, mais pas de dramaturgie. Loin de leur duel final de Wimbledon l'an dernier, cette demi-finale australienne a ressemblé d'assez près à tous les autres matches joués par Novak Djokovic et Roger Federer à Melbourne : pas inintéressant, mais sans souffle épique.
C'est une curiosité de la rivalité entre le Serbe et le Suisse, qui a produit quelques monuments du tennis moderne à peu près partout sauf ici. Roland-Garros a sa demi-finale de 2011. Wimbledon ses deux finales de 2014 et 2019. L'US Open ses deux demies de 2010 et 2011. Et encore suis-je ici restrictif. Mais en Australie, rien de tout ça. Le lointain succès de Federer en 2007 comme les quatre de Djokovic par la suite ne laisseront pas un souvenir impérissable.
La demi-finale de ce jeudi n'a pas fait exception à la règle et ce serait mentir que de feindre la surprise. La faute à qui ? La facilité serait de considérer que la blessure de Roger Federer a ruiné l'intérêt de cette demi-finale. Ce n'est que partiellement vrai. La preuve, elle n'a pas empêché le Bâlois de prendre les devants en début de match. En poussant même le bouchon un peu plus loin, je dirais qu'elle a servi ses desseins dans la première demi-heure. Les deux hommes en ont d'ailleurs convenu : le contexte un peu particulier du jour a provoqué un accès de nervosité chez le tenant du titre.
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Il y a pile un an, Federer perdait contre Djokovic à Melbourne et il n'a plus rejoué depuis

Si Federer n'a pas réussi à composter ce 1er acte, ce n'est donc pas parce qu'il avait un souci à la cuisse. Mais simplement parce que, comme souvent lorsqu'il croise Djokovic en Grand Chelem, il lui manque cette faculté à appuyer là où ça fait mal quand il en a l'occasion. Ce que le Djoker, à l'inverse, sait faire à merveille. Ce génial clinicien n'a ni la grâce inégalable de sa victime du jour ni l'énergie presque animale si fascinante d'un Nadal.
Mais à défaut de ces façades bankables, il offre tout le reste. Il sert mieux qu'il ne l'a jamais fait. Il relance comme personne, non seulement aujourd'hui, mais probablement dans l'histoire. C'est un roc en défense capable au besoin de dicter le tempo s'il le souhaite. Reste que sa plus grande force, c'est vraiment de vous porter le coup le plus douloureux au moment le plus opportun. A ce titre, le 1er set de ce vendredi a presque quelque chose de caricatural. Quand Federer saccage ses trois balles de double break à 4-1, vous savez que la suite a quelque chose d'inexorable. S'il fallait un adjectif pour résumer Djokovic, ce serait peut-être ça : inexorable. Il impose une forme de fatalité.
Un Federer à 100% aurait-il gagné vendredi ? Personne ne le saura jamais mais, à défaut de preuves, chacun peut arborer son intime conviction. La mienne me dit que non. Cela n'aurait rien changé. Ce n'est pas parce que Federer n'était pas tout à fait Federer qu'il a pris trois sets. Mais parce que Djokovic était Djokovic.
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Nole Djokovic, Roger Federer, Getty Images

Crédit: Getty Images

Les tops

Avoir eu un vrai match entre Djokovic et Federer : Honnêtement, ce n'était pas gagné. D'abord que cette demi-finale puisse avoir lieu. Heureusement, la blessure de Roger Federer ne l'a pas empêché de s'aligner. Vu le contexte, il était à craindre que le Suisse soit forfait ou qu'il soit tant handicapé que son duel face à Novak Djokovic tourne à la mascarade. Ça n'a pas été le cas. Si le Serbe l'a emporté en trois sets comme on pouvait l'envisager, il y a eu une vraie opposition en face. Ne serait-ce que pour la bagarre du 1er set, cela valait le coup.
La demie Muguruza – Halep : Une grande qualité de jeu de part et d'autre, de l'intensité, du suspense : la demi-finale entre Garbine Muguruza et Simona Halep, remportée par l'Espagnole (7-6, 7-5) n'a pas déçu. Il a peut-être manqué trois sets pour lui conférer une dimension épique mais ça n'en reste pas moins un des plus beaux matches de cette quinzaine dans le tableau dames.
Le parcours de Sofia Kenin : On la sentait émerger, mais la jeune Américaine a tout de même bluffé tout le monde en atteignant sa première finale majeure. Le plus remarquable dans son parcours, c'est la diversité des réponses qu'elle a su apporter dans des contextes très variables. Notamment en seconde semaine. Elle a stoppé Cori Gauff dans un match compliqué à aborder pour l'une comme pour l'autre, mis fin à l'aventure de Ons Jabeur en gérant son statut de favorite, et battu la numéro un mondiale Ashleigh Barty chez elle. Une magnifique briseuse de rêves qui à réponse à tout pour l'instant.
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Barty - Kenin : le résumé

Les flops

Le service de Federer : Novak Djokovic a encore justifié son statut de meilleur relanceur du monde. Le Suisse s'est trop souvent retrouvé sous pression sur son engagement. Quatre breaks et onze occasions concédés, et des pourcentages bien trop faibles. Il n'a gagné que 66% des points derrière sa première et seulement 42% sur sa seconde balle. Et encore, le dernier set a adouci cette statistique. Mais il ne pouvait s'en tirer en étant déficient dans ce domaine. A titre de comparaison, lors de sa démonstration londonienne face à Djokovic en novembre, il avait remporté respectivement 81% et 69% des points sur ses premier et deuxième services.
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7-1 : Comment Djokovic a puni Federer dans le tie-break du 1er set

Le "soulagement" de Barty : Jouer un Grand Chelem à domicile est un formidable privilège et une chance énorme. Mais c'est aussi parfois un poids. Ashleigh Barty, lestée en prime par son statut de numéro un mondial, semble avoir eu du mal à s'émanciper des attentes colossales autour de sa personne. Elle n'a jamais été aussi épanouie… qu'après son élimination contre Sofia Kenin vendredi. L'Australienne est arrivée en conférence de presse avec un bébé, sa nièce, sur les genoux : "elle s'appelle Olivia. Oui, la vie est belle... elle m'a remis le sourire aux lèvres dès ma sortie du court". Il aura donc fallu qu'elle perdre pour retrouver le sourire.
La fausse polémique Djokovic : Certains ont reproché au "Djoker" d'avoir manifesté de manière exagérée sa joie après le gain du 2e set, alors que son adversaire était diminué, ce qui n'avait pas échappé au Serbe lui-même. C'est la polémique la plus ridicule de la quinzaine. Il y avait en face une vraie opposition, et elle avait pour nom Federer. Même sans être à 100%, il restait dangereux. Par ailleurs, cette balle de 2e set n'était pas vilaine et "Nole" savait qu'elle scellait quasiment le sort de cette demie. Bientôt, on lui reprochera d'être content de gagner un match.
La programmation : Ce n'est pas une nouveauté et cette formule a ses adeptes, mais je ne suis toujours pas un grand amateur de cette demi-finale masculine jouée dès le jeudi. Outre qu'elle crée une disparité de principe entre les deux finalistes du tableau messieurs, elle diminue l'exposition des demi-finales dames, privées de session nocturne. Depuis l'Europe, il est par exemple regrettable que le superbe Halep – Muguruza ait été disputé si tôt.
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Halep - Muguruza : le résumé

Juste pour savoir

Les années 2020 seront-elles sous la coupe des Américaines ? Entre Sofia Kenin, qui s'apprête à disputer sa première finale majeure samedi, Amanda Anisimova (18 ans) et Cori Gauff (15 ans), la relève s'annonce prometteuse derrière Serena Williams.
Y a-t-il vraiment un favori dans la demi-finale entre Dominic Thiem et Alexander Zverev ?
Reverra-t-on Roger Federer sur les courts à Melbourne ?

3 stats à avoir en tête

7. Symbole d'un tennis féminin ouvert à tous les vents et toutes les ambitions, sept des onze derniers Grands Chelems ont accouché d'un premier titre majeur. Sofia Kenin, en cas de victoire samedi face à Garbine Muguruza, porterait ce total à huit sur les douze derniers tournois majuscules, soit trois années pleines. La jeune Américaine rejoindrait Jelena Ostapenko, Sloane Stephens, Caroline Wozniacki, Simona Halep, Naomi Osaka, Ashleigh Barty et Bianca Andreescu.
8. Nous étions assurés d'avoir un nouveau record jeudi. Roger Federer et Novak Djokovic étaient avant ce tournoi co-recordmen des finales disputées à l'Open d'Australie, avec sept participations. Ils étaient à égalité avec Jack Crawford, John Browmich et Roy Emerson. En battant Federer en demi-finale, Djokovic est donc devenu l'unique recordman avec cette huitième finale. Il n'en a jamais perdu une à ce jour...
100. Novak Djokovic a signé face à Federer la 100e victoire de sa carrière contre un membre du Top 5. Son bilan ? 100 victoires, 66 défaites. Sur ces 100 victoires, 30 ont été obtenues en Grand Chelem. Et son bilan à l'Open d'Australie contre les Top 5 est tout simplement délirant : 13 victoires, 2 défaites.
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Australian Open 2020 | Novak Djokovic

Crédit: Getty Images

Le quiz du jour

La réponse à la question d'hier était : John Bromwich.
Le quiz de ce vendredi. c'est un quiz photo. Qui est ce joueur qui a signé à l'Open d'Australie la meilleure performance de sa carrière en Grand Chelem en atteignant les demi-finales ?
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Quiz Australian Open

Crédit: Eurosport

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