Open d'Australie : Radek Stepanek, la nouvelle arme secrète de Sebastian Korda

Vingt-cinq ans après son père, le destin guiderait-il les pas de Sebastian Korda à Melbourne ? En tout cas, l'intéressé ne le cache pas : à chaque fois qu'il passe devant le nom de Petr, vainqueur du tournoi en 1998, dans le couloir d'entrée de la Rod Laver Arena, il lui adresse un petit signe. Une manière de se le représenter à ses côtés comme il l'a confié en conférence de presse. Cela étant dit, ce geste superstitieux n'a vraisemblablement que peu d'influence sur les performances du jeune Américain, sa qualité de tennis bien davantage.

Et sans doute aussi les conseils précieux de son nouveau coach, Radek Stepanek. Ce dernier l'avait déjà accompagné à Roland-Garros au printemps dernier, avant d'accepter de s'engager totalement à ses côtés à l'automne. Un "mariage" pour ainsi dire qui ne doit rien au hasard. Car le Tchèque connaît Sebastian Korda depuis sa plus tendre enfance. Et pour cause, il a lui-même été entraîné par… Petr Korda. D'une certaine manière, la boucle est bouclée.

"En 2001, j'avais appelé Petr et lui avait demandé s'il pouvait m'aider, a confié Stepanek à Eurosport. Et il m'a entraîné pendant quasiment toute ma carrière professionnelle. Donc j'ai un petit peu d'ADN tennistique de Korda en moi. Je suis très proche de la famille et j'ai vu Sebi grandir, de l'enfant qu'il était à l'homme qu'il est devenu aujourd'hui. Après le dernier US Open, il m'a appelé et m'a demandé si je pouvais être son coach à temps plein. Et j'ai dit oui, parce que dix ans plus tôt, Petr m'avait dit : 'Peut-être que tu entraîneras mon fils un jour, une fois que tu auras terminé ta carrière.' Et voilà, c'est le cycle de la vie."

Une manière de renvoyer l'ascenseur donc ? Pas seulement. Si Stepanek a accepté le job, c'est aussi et surtout parce qu'il connaît parfaitement l'animal et son jeu complet. Son apport ne s'évalue d'ailleurs pas vraiment techniquement. Korda possédait son arsenal, sa fluidité, sa capacité à faire avancer la balle très vite sans effort apparent (notamment côté revers), bien avant qu'il n'engage le Tchèque.

Mais il avait connu quelques frustrations dans des matches à couteaux tirés en Majeurs, notamment à Wimbledon en 2021 face à un certain… Karen Khachanov (vainqueur 10-8 au 5e set en huitième de finale, NDLR) qu'il retrouvera pour son premier quart de finale en Grand Chelem mardi. C'est d'ailleurs à la suite d'une autre défaite en cinq sets contre Tommy Paul à Flushing Meadows l'été dernier que Sebastian Korda a décidé de faire appel à Stepanek. Comme s'il avait ressenti la nécessité d'un nouvel élan.

"J'ai opté pour le tennis (il faisait aussi du hockey sur glace à 9 ans, NDLR) parce que j'ai accompagné mon père et Radek à l'US Open en 2009. Il est allé jusqu'en huitième de finale et il a joué Novak (Djokovic) sur le court Arthur Ashe à partir de 22h30. C'était à guichets fermés. Le lendemain, sur le chemin du retour, j'ai dit : 'C'est ce que je veux faire'. Je suis tombé amoureux de l'énergie du public, de la manière dont le sport se joue, de son côté mental", a dévoilé la tête de série 29 de cet Open d'Australie.

Korda avait besoin de fraîcheur, il a donc renoué avec sa passion enfantine pour le jeu en faisant le choix de Stepanek. Il était aussi persuadé qu'il franchirait avec lui un cap fondamental… dans la tête.

"Pour arriver à ce stade du tournoi, vous allez passer par des jours difficiles où les sensations ne seront pas les meilleures, a expliqué le Tchèque à Eurosport. Et les plus grands joueurs sont capables dans ces circonstances de survivre. Pour y parvenir, il faut rester positif autant que possible. C'est plus facile à dire qu'à faire bien entendu, nous le savons. Mais je pense qu'avec cet état d'esprit, Sebi est sur la bonne voie non seulement pour ce tournoi, mais aussi pour le reste de la saison. Les matches seront de plus en plus difficiles, et donc l'exigence de rester positif sera de plus en plus grande."

Être conquérant malgré les aléas, c'est sans doute ce qui a permis à Korda de reprendre l'initiative dans le super tie-break final contre Hurkacz en huitième de finale. Il faut dire que le jeune homme apprend vite. Voici un peu plus de deux semaines en finale du tournoi d'Adélaïde face à Novak Djokovic, il s'était incliné malgré une balle de match. Avec le recul, il s'était trouvé trop passif au moment de saisir cette occasion de battre le monstre serbe.

Plus question désormais de manquer d'agressivité dans les moments chauds. D'autant que son tennis et ses armes l'incitent à adopter cette approche. "Avec sa taille, sa qualité de frappe de balle et de déplacement, je pense qu'il fera le jeu dans 98 % de ses matches. Son tennis est très agressif, il sait faire tous les coups. Donc l'axe de progression majeur, c'est d'utiliser le bon coup au bon moment sur le plan tactique. Il va davantage vers l'avant, en s'appuyant sur ses grandes frappes", a encore souligné son nouveau coach.

Adepte du jeu au filet, Stepanek n'a jamais manqué d'audace. Et s'il a un objectif, c'est de transmettre ce goût à son poulain. Y compris par des célébrations démonstratives en tribune comme ce fut le cas au 3e tour et en huitième de finale. "Je vais essayer de lui apporter toute l'énergie positive possible. Il a superbement contrôlé ses émotions jusqu'ici. Par moments, il a besoin que je lui transmette, et je le fais quand je sens que c'est important."