Arthur Fils après sa victoire au 1er tour : "Il y a deux ans, j'aurais probablement perdu ce match"

"Easy with the Australian accent". Arthur Fils a eu beau vouloir plaisanter au moment de débriefer sa victoire avec le speaker de la Margaret Court Arena, on l'a senti soulagé. Soulagé de cette qualification, forcément, mais surtout d'un scénario qui a fini par tourner en sa faveur malgré une grosse frayeur. Face au bombardier Otto Virtanen, le Français a subi les assauts répétés de son adversaire pendant près de deux sets. Le Finlandais a même servi pour mener deux sets à zéro. Mais Fils n'est plus tout à fait le même.

Ces dernières années, en Grand Chelem, lorsque les choses ne tournaient pas rapidement en sa faveur, il avait tendance à se frustrer, à se résigner presque. Alejandro Davidovich Fokina, Mattéo Arnaldi ou Tallon Griekspoor avaient pu, à l'époque, surfer sur ces coups de mou pour éliminer le Français des tableaux bien trop rapidement. Mais, en 2025, Fils n'est plus tout à fait le même joueur, malgré ses 20 printemps. Cette victoire, finalement obtenue en quatre sets, porte la marque d'un mental impeccable et d'une attitude irréprochable.

"Franchement, c'était un match vraiment compliqué face à un super adversaire, a-t-il détaillé après coup. Être mené un set à zéro, lui qui sert pour gagner le deuxième… J'étais un peu court. Il m'a mis la pression, en frappant fort et vite. Mais je suis franchement content de la fin du second set". Il peut l'être. Mené 5-4, Fils a renversé la vapeur avec autorité et beaucoup de personnalité. Son tie-break, notamment, fut un modèle de justesse tactique.

"Je suis vraiment resté calme tout le match, a-t-il encore détaillé. Même à 5-4, je n'ai pas paniqué car je sentais que j'étais là, que je ne jouais pas si mal. J'avais de bonnes sensations même si je ratais des trucs. Je me suis simplement dit 'même si tu es mené deux sets à zéro, tu auras l'occasion de breaker et construire à partir de ça'. Si je pète les plombs, aucune chance que je puisse avoir ces occasions. Donc la seule chose à faire est de rester calme et faire de son mieux. Mais je crois que j'aurais probablement perdu ce match il y a deux ans".

Voilà sans doute le plus beau symbole de la progression du Français ces derniers mois. Au-delà de ses qualités pures, notamment physiques, Fils a appris à gérer le rythme d'un match de Grand Chelem, avec ses hauts, ses bas et ses adaptations nécessaires, comme ce dimanche où la pluie sur Melbourne a transformé la Margaret Court Arena en court indoor.

"À la base, le plan était de le faire jouer le plus de balles possibles, raconte-t-il encore. Et puis, on a fermé le toit, mon coup droit rebondissait moins, mes effets prenaient moins donc tout était à la bonne hauteur pour lui. Dans ces conditions indoor, il joue très bien, il loupe peu et frappe très fort. Donc mon plan était faussé." Mais Fils a été digne de son statut de tête de série pour finalement trouver les bonnes réponses et sortir vainqueur d'un premier jour piégeux.

S'il jure ne pas avoir d'ambition autre que celle de jouer les matches les uns après les autres, le Français aura une nouvelle fois le visage d'un favori au 2e tour, face à Quentin Halys ou Adam Walton. Et après ? Un potentiel 3e tour face à Ugo Humbert. Sûr qu'il aura bien besoin de cette sérénité nouvelle pour un duel si compliqué à gérer émotionnellement.