Qui finira numéro 1 mondial ? Qui ira au Masters ? La fin de saison en 4 questions

L'interrogation peut paraître farfelue tant le matelas de 3260 points d'avance sur lequel Novak Djokovic est assis semble épais au classement technique. Oui mais voilà, cette marge est une illusion dans la course à la place de numéro 1 mondial en fin d'année. En fait, le Serbe ne dispose que de 770 unités de plus que Carlos Alcaraz à la Race (depuis le 1er janvier). La différence entre les deux classements s'explique par les points dont bénéficie toujours "Nole" à ce jour datant de fin 2022 : titres à Tel Aviv (250), Astana (500) et au Masters (1500) ainsi qu'une finale à Paris-Bercy (600).

Dans le même temps, Carlos Alcaraz n'avait atteint qu'une demi-finale à Bâle (180) et un quart à Paris-Bercy (180). L'Espagnol aura beaucoup plus à gagner d'ici novembre qu'à perdre, contrairement à son rival. Et ce d'autant plus qu'il ira en Asie à Pékin (ATP 500) puis à Shanghaï (Masters 1000) dans les prochaines semaines, tandis que Djokovic a choisi de faire l'impasse pour se reposer. "Carlitos" aura donc une belle opportunité de reprendre la main et la tête à la Race et pourrait revenir en Europe avec son destin en main. Le suspense serait alors à son comble, puisque le Serbe, lui, ferait son retour frais et motivé sur un dur indoor qui lui réussit particulièrement bien.

A ce stade de la saison, ils sont trois à avoir déjà composté leur billet pour Turin : Carlos Alcaraz (dont ce serait la première participation puisqu'il en avait été privé par une blessure en 2022), Novak Djokovic et Daniil Medvedev. Restent donc cinq sésames à distribuer. Comme pour la place de numéro 1 mondial en fin de saison, pour savoir qui a le plus de chances d'accompagner l'Espagnol, le Serbe et le Russe, un rapide coup d'œil à la Race s'impose. En l'état actuel des choses, Jannik Sinner, Andrey Rublev, Stefanos Tsitsipas, Holger Rune et Alexander Zverev se succèdent de la 4e à la 8e places.

Mais entre l'Allemand et Frances Tiafoe (13e), il n'y a que 820 points. C'est à la fois peu et beaucoup vu que 4000 points restent encore à distribuer à un joueur qui gagnerait toutes les semaines jusqu'au Rolex Paris Masters (soit 7 titres en 7 tournois), un cas de figure très improbable pour ne pas dire impossible. C'est pour cela qu'accuser plus de 1000 longueurs de retard (Khachanov, 14e, est 1120 points derrière) sur Zverev semble déjà presque rédhibitoire dans le sprint final, à moins d'enchaîner les exploits. Taylor Fritz (9e à 20 points de l'Allemand), Casper Ruud (10e à 405 points), Alex de Minaur (11e à 525 points), Tommy Paul (12e à 595 points) et donc Frances Tiafoe ont encore en revanche des raisons d'espérer.

Si aucun Français n'a atteint la seconde semaine cette saison en Grand Chelem, l'été américain a de quoi rendre légèrement plus optimiste. D'abord parce que, contrairement aux autres Majeurs, deux Bleus se sont présentés à l'US Open avec le statut de têtes de série dans le sillage d'une bonne tournée US : Adrian Mannarino et Ugo Humbert. Ensuite, parce que ce mois d'août a aussi vu le retour en forme (que l'on n'osait plus attendre) de Gaël Monfils qui a enchaîné les victoires de référence contre les Top 20 (et même un Top 5 en la personne de Stefanos Tsitsipas à Toronto).

Or, le dur indoor qui se profile à l'automne est une surface qui convient autant aux deux gauchers qu'à La Monf'. Il y a donc de bonnes raisons d'espérer voir l'un de ces trois Bleus nous surprendre agréablement dans les semaines à venir. Un quatrième larron pourrait venir épicer le tableau en la personne d'Arthur Fils. A 19 ans, ce dernier est déjà dans le Top 50 et avait percé pour la première fois cette saison en… salle à Montpellier puis Marseille où il avait atteint deux demi-finales consécutives. Une belle lutte à trois pour la place de numéro 1 tricolore se profile d'ailleurs puisque Fils (44e) n'est qu'à 10 rangs et 254 points de Mannarino cette semaine.

Un joueur se mêlera-t-il à ce sprint final comme arbitre inattendu ? Pour la course au trône, Daniil Medvedev pourrait bien avoir un rôle à jouer en faveur de Djokovic ou d'Alcaraz. Mais le statut de numéro 3 mondial du Russe fait de lui un favori, pas un outsider tombeur de têtes. Ben Shelton, en revanche, correspond davantage au profil. Grand serveur, gaucher, explosif et insouciant, l'Américain n'a rien à perdre et a le profil pour faire des dégâts contre n'importe qui. Tout juste entré dans le Top 20, il serait bien inspiré de surfer sur la confiance de sa demi-finale à l'US Open, d'autant qu'il a annoncé la couleur, espérant confirmer dans les semaines à venir.

Son passage en Laver Cup pourrait lui donner encore plus d'élan, mais attention à garder les pieds sur terre. Rappelons qu'entre l'Open d'Australie et l'US Open, Shelton n'a pas eu de résultats, il doit gagner en régularité semaine après semaine. Et si finalement un vieux de la vieille comme Stan Wawrinka ou Andy Murray, auteurs tous les deux d'une saison solide et de retour dans le Top 50, remontait encore le temps ? Une place de tête de série pour le prochain Open d'Australie serait peut-être à la clé. De quoi garder intacte leur étonnante motivation.