Remonter le temps, l'immense défi de Marion Bartoli
Marion Bartoli prépare depuis maintenant six semaines son retour à la compétition. Techniquement, physiquement, il lui faut redevenir la joueuse de haut niveau qu'elle a été. Un sacré challenge, dont elle tente d'intégrer toutes les composantes, comme elle nous l'a expliqué.
TENNIS 2013 WIMBLEDON Marion Bartoli
Crédit: AFP
Combien de temps faut-il pour redevenir une joueuse de haut niveau à 33 ans après plus de quatre années d'inactivité ? C'est à cette question que Marion Bartoli va chercher à répondre dans les semaines et mois à venir. La dernière française à avoir remporté un titre en Grand Chelem met les bouchées doubles à l'entraînement depuis maintenant six semaines au Centre national d'entraînement afin de remonter le temps.
Elle se trouve face à une double composante, tennistique et physique. Sur le premier plan, purement technique, elle est plutôt agréablement surprise. Les sensations sont vite revenues. "Sur le plan tennistique, honnêtement, je ne pensais pas rejouer si vite à ce niveau-là. Je pensais que ça prendrait un peu plus de temps", nous explique-t-elle. "J'ai toujours du mal à m'autojuger, ajoute-t-elle, parce que je suis très exigeante avec moi-même. Ce n'est jamais assez bien. Mais de l'avis extérieur, de personnes en qui j'ai confiance, ils me disent que je joue très, très bien."
Changement de geste complet au service
Il y a toutefois un défi au plan technique qui s'est imposée à elle : le service. Si elle a repris là où elle s'était arrêtée sur le reste de son jeu, elle a dû repartir de zéro sur son engagement, à cause de cette épaule droite, celle-là même qui la faisait souffrir à la fin de sa première carrière. "Je servais avec le bras tendu, et ça a provoqué des tensions très importantes sur mes tendons et ces douleurs à l'épaule", explique la native du Puy-en-Velay.
A 33 ans, Martin Bartoli a donc dû apprendre un nouveau geste. Pas évident. "Ce n'est pas évident quand on a servi d'une certaine façon pendant dix ans, mais il a fallu que j'apprenne à servir avec le bras plus fléchi, ce qu'on appelle en aile de pigeon, avec la raquette qui descend", décrypte-t-elle. Ce qui a donné, au moins au début, des scènes cocasses. "Je n'y arrivais pas du tout, d'ailleurs, ça faisait beaucoup rire Rodolphe [Gilbert, son entraîneur, NDLR]. Mais j'ai appris et, au fur et à mesure, j'ai pu arriver à me synchroniser. Je pense l'avoir intégré."
Opération endurance
Reste la dimension physique, sans aucun doute la plus délicate à gérer après une inactivité aussi inhabituelle. On ne reste pas impunément éloigné du haut niveau pendant près de cinq ans. "Sur le plan physique, concède-t-elle, ça va être plus compliqué. C'est pour ça que je me fixe le mois de mars comme date de reprise, parce qu'il faut que mon niveau d'endurance soit là pour pouvoir enchaîner les matches. Il faut une endurance qui nécessite ces mois supplémentaires pour être prête."
Mais elle cravache tellement depuis un mois et demi qu'elle semble plutôt confiante quant à ses capacités à retrouver un niveau physique suffisant. "Je me sens déjà beaucoup plus forte physiquement", assure-t-elle. Le risque, en l'occurrence, serait plutôt de trop en faire. S'imposer une charge de travail trop importante, trop vite, peut fragiliser et provoquer des blessures. "J'ai une équipe médicale qui me suit pour voir si tout va bien et si je ne suis pas dans le rouge en permanence, même si, parfois, je ressens une fatigue extrême. Mais ça fait partie de l'entrainement."
Souffrir aujourd'hui pour regagner demain, se réinventer, au moins partiellement, c'est un challenge personnel d'une ampleur assez invraisemblable qui attend Marion Bartoli. Mais elle semble prête à tout faire pour redevenir celle qu'elle a été et gagner ce pari un peu fou.
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