Un vrai miracle !

Gaël Monfils peut parfois être frustrant. Agaçant, même. Il l'a été jeudi soir à Montréal contre Viktor Troicki. Incapable de prendre le jeu à son compte, beaucoup trop passif, il a longtemps montré son visage des mauvais jours. C'était le Monfils qu'on a envie de secouer. Mais il faut lui reconnaître une qualité: il ne lâche rien. Dans un match qu'il aurait dû perdre 20 fois, le numéro un français a toujours trouvé le moyen de s'en sortir.

Résultat, au terme d'une bagarre de deux heures trente, il a fini par s'imposer pour décrocher sa place en quarts de finale, où Novak Djokovic l'attend. Un autre serbe, mais d'une autre dimension... Si Monfils est encore en vie dans ce tournoi, il le doit à sa volonté mais aussi (surtout?) à l'invraisemblable incapacité de Troicki de conclure un match. Le Serbe était sans aucun doute le meilleur dans cette partie. Mais il faut savoir finir et, manifestement, ce n'est pas son fort. Alors que Monfils n'a jamais réussi à trouver le bon rythme du fond du court, Troicki semblait en route pour une victoire tranquille, presque anodine tant son adversaire lui facilitait sa tâche.

En fin de deuxième manche, il a ainsi bénéficié de trois balles de match sur le service du Français. Monfils allait toutes les sauver, avant de s'envoler irrésistiblement dans la foulée lors du jeu décisif, remporté 7-0. Premier miracle. Cet improbable sursis aurait pu donner un coup de fouet au Français, mais ce ne fut pas le cas. Troicki continuait d'avoir l'emprise sur le jeu et, en toute logique, le Serbe réussissait le break dans la troisième manche. Mené 5-3, Monfils s'est retrouvé à nouveau dos au mur. Et une fois de plus, il est parvenu à rétablir la situation, avec la complicité de Troicki, qui a complètement dégoupillé au moment de servir pour le match à 5-4. Second miracle.

Tout s'est donc décidé sur un nouveau jeu décisif. Enfin libéré, Monfils a alors fait preuve de l'agressivité qui lui avait manqué pendant plus de deux heures. Et s'il lui aura fallu quatre balles de match (il a mené 6-2 avant de s'imposer 7-5), lui a su terminer. Sa victoire s'apparente presque à un petit hold up, vu les circonstances. Monfils a gagné avec sa tête, plus qu'avec son bras. S'il veut avoir une chance d'infliger à Novak Djokovic sa deuxième défaite de la saison vendredi, il devra à l'évidence offrir autre chose. Mais à défaut d'avoir parfaitement mis son jeu en place, le numéro 7 mondial a de la confiance. Il en faut pour sortir indemne d'un match comme celui-ci ou celui gagné la semaine dernière à Washington, face à Isner. Toutefois, contre Djokovic, ça risque de s'avérer insuffisant.