Roland-Garros 2025 - Le nouveau Nole : A 38 ans, comment Djokovic s’est réinventé avant son choc face à Jannik Sinner

Depuis quelques mois, Novak Djokovic a modifié des aspects essentiels de son jeu. A 38 ans, le Serbe ne s’est pas totalement réinventé mais avec un peu moins de gaz dans le moteur, il a nécessairement fallu s’adapter. Plus agressif, l’homme aux 24 titres du Grand Chelem écourte l’échange et s’appuie sur une arme plus efficace désormais : son service. Décryptage du nouveau Nole.

Comment Djokovic doit jouer pour battre Sinner : l'analyse de Corretja

Video credit: Eurosport

Corentin Moutet y croyait ferme et le Suzanne Lenglen avec lui. Il rêvait de cuisiner Novak Djokovic, le rendre fou et avec l’appui du court le plus chaud porte d’Auteuil… qui sait… La plaisanterie a duré un peu plus de trois heures et trois sets : 6-3, 6-2, 7-6. Moutet arrivait pourtant à Roland-Garros avec le vent dans le dos, quelques références sur terre. Mais il a été balayé comme Mackenzie McDonald, Filip Misolic, Cameron Norrie et Alexander Zverev. Djokovic ne donne rien depuis le début des Internationaux de France ou pour être plus précis, il prend tout.
Le Serbe est en conquête à Paris avec des ailes dans le dos. Face à Corentin Moutet, par exemple, il est monté 69 fois au filet, une filière dont il n’est pourtant pas un spécialiste. Evidemment que Djokovic n’a jamais été maladroit à la volée, et on ne devient pas le plus grand joueur de son sport avec des failles, mais il insiste sur de nouveaux terrains. Moutet n’a pas été surpris : "De ce que j’ai vu de ses derniers matches, il est de plus en plus agressif, il monte beaucoup plus au filet, confiait-il en zone mixte après sa défaite. Il prend la balle tôt, dès qu’on joue un peu court. Il coupe les trajectoires."
Mon jeu est basé sur la course, mais à mon âge...
Une évidence : à 38 ans, Nole est animé par la volonté d’écourter les échanges. "Mon jeu est basé sur la course, mais à mon âge, ce n'est pas si facile de courir autant, admettait-il après sa victoire en quart de finale. J'ai essayé d'imposer mon rythme." Ce jour-là, face à Zverev, il a puni la passivité adverse en montant 27 fois au filet. Une façon aussi pour lui d’empêcher le 3e joueur mondial de s’installer dans la cadence qu’il aime tant.
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Novak Djokovic în duelul cu Alexander Zverev de la Roland Garros.

Crédit: Getty Images

Et le Djoko nouveau ajoute une autre arme : son service. Il est admis que le Serbe a le meilleur retour de service de l’histoire et que c’est ainsi qu’il a construit ses plus grandes conquêtes. Mais depuis quelques mois, c’est une autre musique qui se joue. Djokovic n’est pas encore un autre joueur mais il s’appuie sur de nouveaux points forts. En témoignent ses 76% de points réussis derrière sa première balle face à Zverev (pour 76% de premier service) et seulement trois balles de break concédés.
En carrière, son pourcentage de premières balles plafonne à 65%, depuis deux semaines, Djokovic l’a poussé à 75%. Le Serbe a toujours expliqué qu’on sous-estimait son service mais, aujourd’hui sans doute plus qu’hier.
Personne ne parle de son premier service
"Personne ne parle de son premier service, constatait Cameron Norrie après avoir pris une danse en trois sets (6-2, 6-3, 6-2). J'essaie de prolonger les points et de jouer mon jeu, mais il casse le rythme en servant très bien. Sa façon de servir est impressionnante. Je pense que c'est le domaine de son jeu qui s'est le plus amélioré. Je suis surpris par sa précision au service. C'est incroyable comme il gère le rythme du match, et il ne rate rien."
C’est à Miami, en mars dernier, qu’il a sans doute le mieux servi de sa carrière, dépassant les 79% de réussite sur sa première balle. Pourquoi aujourd’hui ? C’est d’autant plus surprenant qu’il avait sans doute traversé sa pire période après les JO et jusqu’à la fin de la saison. A l’US Open, il passait moins d’une première balle sur deux. Le principal bénéfice de sa collaboration avec Andy Murray tient sans doute à l’amélioration de ses mises en jeu. "Nous avons évidemment travaillé mon service avec Andy mais pas uniquement, analysait-il à Miami. Je pense que les courts jouent beaucoup aussi car ils sont bien plus rapides qu'avant."

Un signe qui ne trompe pas...

Aujourd’hui, un signe ne trompe pas. Quand il gagne le tirage au sort, Djokovic choisit de servir en premier. "Au début de ma carrière, j'aimais bien saisir les opportunités quand je servais, mais j'aimais encore mieux saisir les opportunités du retour. Donc, quand je gagnais au tirage au sort, je choisissais de retourner et non pas de servir, a-t-il rembobiné cette semaine en conférence de presse. Maintenant, ces dernières années, je pense que je choisis le service. Cela donne le ton, si vous voulez envoyer à votre adversaire : ‘je n'ai pas peur de démarrer le match’. Et c'est une déclaration que vous faites au début du match."
Mercredi, alors qu’il concassait Zverev mais qu’il restait sous sa menace sur l’un de ses derniers jeux de service, il s’est adressé à Feliciano Lopez, présent en tribune : "J’ai besoin de ton service", s’est marré le Serbe. C’est de moins en moins vrai.
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