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Roland-Garros au futur (2)

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 11/02/2011 à 16:51 GMT+1

La Fédération française a tout fait pour préserver l'équité dans la présentation des candidatures pour le projet du futur Roland-Garros, mais il faut constater que Paris, en tant que "tenant du titre", possède un avantage non négligeable.

ROLAND-GARROS FRENCH OPEN

Crédit: AFP

Le "tenant du titre" a toujours la pression, mais il a aussi l'avantage de l'expérience et un certain impact psychologique. Ça, c'est sur le court. Sur le chantier géant qu'a ouvert la FFT pour l'avenir de Roland-Garros, c'est à peu près la même chose. Seule différence majeure ici : il ne s'agit pas de battre tous les adversaires pour s'imposer en finale, il s'agit de trouver le meilleur projet pour défendre un tournoi face aux autres tournois du Grand Chelem et d'autres éventuels prétendants à ce statut.
Sans aucun favoritisme avéré, il faut convenir de l'avantage de la candidature parisienne sur les trois autres. La Fédération Française a tout fait pour maintenir l'équité entre chaque dossier mais il suffit de lire la presse ce vendredi matin, le jour même de la réunion du bureau fédéral (15 membres) pour le constater : "Avantage Paris", titre le Parisien. "Pourquoi Paris tient la corde", explique L'Equipe, "Paris peut-il perdre Roland-Garros", demande Le Figaro Magazine. La veille, Radio France avait révélé le document de 8 pages qui sera présenté aux délégués dimanche, en insistant sur la petite avance du dossier parisien...
PARIS, UN PROJET QUI TOUCHE AU COEUR
"Il ne faut pas toucher aux ancêtres, aux mythes", dit un lecteur du Parisien ce vendredi. A croire qu'un déménagement équivaudrait à exhumer les tombes du Panthéon ! Yannick Noah, qui prône sur son compte Twitter une "révolution de l'amour", est dans un registre encore plus sentimental : "Dans tous les coins de cet endroit, il y a un passé, une histoire, a confié le vainqueur de Roland-Garros en 1983. Les mousquetaires ont joué là. On a construit ce stade pour des gens qui ont marqué ce sport à jamais", expliquait-il sur RMC. Se retrouver ailleurs, c’est tirer un trait sur cette histoire. Ça me ferait vraiment un sentiment étrange de me retrouver en dehors de Paris."
Bertrand Delanoë, Maire de Paris qui, après de longues batailles autour de Jean Bouin et du Bois de Boulogne, s'est démené pour défendre le tournoi intra-muros. Dans un entretien donné à L'Equipe ce vendredi, lui qui avait vécu l'échec des Jeux Olympiques de 2012, évacue le nouveau dossier chaud des serres d'Auteuils (Un comité de défense mené par Françoise Hardy a rassemblé 30 000 signatures, mais "on ne touchera pas au plantes ni aux serres historiques", répond le Maire) et marque son intention de perpétuer "la magie" du lieu".
"Dans la compétition internationale féroce que se livrent les grands tournois, l'âme de Roland-Garros comptera toujours plus que la course au gigantisme des surfaces (...)", pose Delanoë. Le tournoi fait partie du patrimoine de la Ville, et son extension coûterait moitié moins cher que les autres projets. Patrimoine, affect et éviter l'encombrement d'un déménagement, voilà les atouts du tenant du titre. Rafael Nadal en personne espère que le tournoi restera à sa place. Mais Roger Federer a déjà fait savoir qu'il voulait plus de place. Qui en effet comblera l'écart déjà immense entre les autres tournois du Grand Chelem et le stade Porte d'Auteuil* ?
GONESSE ET MARNE-LA-VALLEE, LA REVOLUTION ?
Moins médiatisés, mais tout aussi actifs auprès de la Fédération, les projets de Gonesse (Val d'Oise) et de Marne-la-Vallée (Seine et Marne) ont été présentés le même jour, le 11 décembre 2010. Depuis, ils ont concentré leurs efforts sur la consolidation de leurs propositions. Leur communication, comme leur dossier, est ciblé : ouvrir le tournoi à d'autres horizons en offrant une qualité optimale et la sécurité : la FFT serait propriétaire des lieux et s'installerait dans des infrastructures idéales (espace, confort  pour tous les acteurs) , conformément à ce que l'US Open et l'Open d'Australie par exemple ont déjà fait.
Marne-la-Vallée est un peu plus loin que Gonesse, mais possède déjà un potentiel touristique fort avec la présence de Disney. Lilian Thuram, soutien de dernière minute, qui s'est fendu d'une tribune engagée en faveur du dossier jeudi dans Le Monde, valorise un "Roland-Garros ouvert à tous" loin du charme de l'Ouest parisien et de "l'ombre" que Versailles ferait à l'épreuve. C'est pourtant l'angle économique plutôt que social qui semble être plus visible dans le Val-de-Marne.
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ROLAND-GARROS FRENCH OPEN DISNEY

Crédit: AFP

C'est Gonesse qui représente le symbole d'une délocalisation "révolutionnaire", à l'image du Stade de France un peu plus bas sur la carte. Loin des bases historiques et sociales du tournoi, le tournoi prendrait le risque d'un déracinement et la chance d'une ouverture. Une dynamique d'ouverture qui pourrait être relayée par les développements du Grand Paris et qui correspond aussi à la politique actuelle de la Fédération dont le slogan est "Le tennis, un sport pour tous".
VERSAILLES : LE CHOIX DU ROI
Dans la diagonale opposée, tout près du Château de Versailles (Yvelines), un quatrième projet a été présenté le 8 janvier à la FFT.  Associer le rayonnement touristique du lieu (plus de 10 millions de visiteurs par an) et du tournoi, prolonger l'histoire du tennis (la salle du Jeu de Paume, berceau de ce sport, est à Versailles) et conjuguer le chic du printemps parisien au luxe du monument, ressemble fort à un fantasme marketing.
Malgré les coûts importants (540 millions contre 250 millions d'euros pour Paris par exemple) d'une simple concession sur 70 ans, les 35 hectares qui s'inscrivent dans la continuité des jardins du Château, sur un domaine qui appartient au patrimoine mondial de l'UNESCO, offrent une option de prestige tout à fait réelle. Des atouts pour rassurer sponsors inquiets, partenaires et VIP qui forment désormais la population la plus recherchée des rendez-vous sportifs.
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ROLAND-GARROS FRENCH OPEN

Crédit: AFP

Risque d'enclavement du tennis dans son ancienne image de sport d'élite ? C'est à considérer mais ce que redoutent le plus les observateurs ce sont les barrières patrimoniales et écologiques (dixit Le Figaro Magazine) et leurs recours juridique ad vitam aeternam que cela suppose. Comme à Paris, où la défense des serres d'Auteuil, "datant de Louis XV" précise Françoise Hardy, pourrait entraîner une bataille de longue haleine devant les tribunaux, de nombreuses associations des Yvelines seraient prêtes à s'impliquer contre la venue de Roland-Garros, selon L'Equipe. Pour chaque candidature, les délégués devront faire l'effort d'aller au-delà des polémiques. Ce n'est pas une guerre de clocher dont il s'agit, mais d'un événement qui devra rattraper son retard face aux trois autres tournois du Grand Chelem et résister à d'autres éventuels tournois émergeants.
A SAVOIR
. * US Open (14.5 hectares), Wimbledon et Melbourne (20 hectares), Roland-Garros (8.5 hectares).
. Projet de Paris (13.5 ha), projet de Versailles (35 ha), projet de Gonesse (32 ha), projet de Marne-la-Vallée (35 ha)
. Fin 2015, le terrain occupé aujourd'hui devra être libéré faute de prolongement de bail. Les dossiers sont très différents, tous plutôt avantageux pour la FFT, reste à s'engager sans hésitation.
. Si plus des deux tiers des voix ne sont pas réunies dimanche, un autre vote sera effectué dans les quinze jours suivants.
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