Federer dompte le colosse

Le colosse était finalement vulnérable. Roger Federer l'a fait chuter vendredi, à la nuit tombante. Cette demi-finale marquera assurément l'histoire de Roland-Garros. Durant 3h39, le court Philippe-Chatrier s'est mué en une arène surchauffée. Le Suisse en est sorti grandi. Au terme de quatre sets épiques (7-6, 6-3, 3-6, 7-6), il a écarté Novak Djokovic de sa route. Privant le Serbe d'un 42e succès qui l'aurait installé dans le fauteuil du numéro un mondial. Dimanche, Rafael Nadal sera toujours installé au sommet de la planète tennis lorsqu'il se mesurera à Federer. La finale - la 23e du Suisse en Grand Chelem ! - aura un parfum de déjà-vu : en 2006, 2007 et 2008, le Majorquin les avait survolées. Cette fois, ça risque d'être une toute autre histoire.

Car sans faire de bruit, son meilleur ennemi a retrouvé son niveau d'antan. Jamais il n'a semblé aussi fort sur la terre battue parisienne. Federer n'a perdu qu'un set dans cette quinzaine : celui remporté, à la force du poignet, par Djokovic. Durant les trois autres, le vainqueur de l'édition 2009 a fourbi ses armes. Celles que ni Stanislas Wawrinka (6-3, 6-2, 7-5), ni Gaël Monfils (6-4, 6-3, 7-6), n'avaient su contenir aux tours précédents. Face au Serbe, le Bâlois s'est appuyé sur un service XXL. Ses dix-huit aces l'ont maintes fois sauvé d'une situation mal embarquée. A la volée, Federer s'est montré tout aussi performant (79% de réussite au filet). Et pourtant, il a vendangé un nombre hallucinant d'occasions de tuer le suspense.

Cette demi-finale aurait sûrement tourné court si l'ancien n°1 à l'ATP avait su convertir ses balles de break. Pour n'en avoir concrétisé que quatre sur vingt-cinq, il a entretenu l'espoir de "Nole". Le vainqueur du dernier Open d'Australie n'en demandait pas tant pour contrarier un public acquis à la cause de Federer. Djokovic a donc survolé la troisième manche (6-3). Mais il n'a pas tenu le choc lors des deux tie breaks. Les statistiques laissaient de toute façon peu de place à un improbable renversement : en Grand Chelem, Federer gagne toujours lorsqu'il mène deux sets à rien. Même Djokovic ne pouvait pas lutter.