Good Morning Roland – Federer a-t-il vraiment un tableau idéal ?

L.V. : Pour tout dire, je ne trouve pas ça normal. Il y a eu cet "incident" à Rio en début de saison (Nadal avait mis son short à l'envers et a demandé à Carlos Bernades de le remettre à l'endroit mais pour la perte de temps il a pris un avertissement) sur lequel je n'ai pas d'avis sur le fond mais ça me gêne un peu qu'un joueur puisse récuser un arbitre, qui plus est excellent et que l'ATP accède à sa demande. Au passage, Djokovic, interrogé sur le sujet, a estimé que cette pratique n'était "pas juste pour les arbitres" et que, pour sa part, il n'avait jamais songé à récuser un arbitre.

L.V. : Ferrer est toujours Ferrer. C'est-à-dire un client. Un gros client. Pour le battre ici à Roland-Garros, il faut être costaud. En fait, depuis trois ans, un seul joueur l'a stoppé à Paris: Rafael Nadal. Il fait partie de ces joueurs, comme Berdych, qui comptent parmi les outsiders. Cela dit, si, à 33 ans, il n'a encore jamais gagné un Grand Chelem, il doit y avoir une raison. Ce sera dur pour lui s'il doit croiser la route de Nadal ou Djokovic en demi-finale. Je le vois bien en quarts, peut-être en demies. Au-delà, ce sera très compliqué pour lui. A moins qu'il n'y ait ni Nadal ni Djokovic à ce stade, mais c'est peu probable.

L.V. : On peut effectivement considérer que Federer a un tableau idéal pour aller en finale dans la mesure où il n'a ni Djokovic ni Nadal dans sa moitié de tableau. Mais souvenez-vous, c'était déjà le cas il y a deux ans et il avait disparu en quarts contre Tsonga. La donne est la même aujourd'hui : Federer peut se retrouver en danger contre beaucoup de joueurs sur terre, que ce soit Monfils, Wawrinka, Nishikori ou Berdych. D'autres aussi, peut-être. Granollers, pourquoi pas, si Federer n'est pas dans un bon jour. Il est capable de jouer à un très haut niveau et de battre n'importe qui ici, à part, sans doute, Djokovic et Nadal. Mais il n'a plus la marge suffisante sur le reste de la concurrence pour qu'on puisse considérer qu'il a un boulevard jusqu'à la finale.

L.V. : On parle beaucoup de Monfils, à juste titre, comme de la meilleure chance française dans ce tournoi. Mais Gasquet n'a pas si mal joué sur terre. Il a gagné à Estoril et en Masters 1000, il est tombé très tôt sur des gros clients comme Berdych et Ferrer. Un peu juste quand même je pense pour dire qu'il a été "très bon". Toutefois, si son physique le laisse tranquille, ni Berlocq ni éventuellement Kevin Anderson ne sont insurmontables pour lui lors des deux prochains tours. Le problème, c'est qu'après, il y aurait Djokovic. Et là… Sauf circonstances particulières, comment imaginer qu'il puisse ajouter une demie à Roland après celles à Wimbledon et l'US Open, sachant que Djokovic et Nadal sont sur le chemin ?

L.V. : Sock, ce n'était pas un cadeau comme premier tour. Il avait failli battre Tsonga et Simon à Madrid et Rome et son titre à Houston lui a donné beaucoup de confiance. On peut penser que l'Américain s'est ouvert son tableau en sortant Dimitrov, mais attention quand même. Carreno-Busta puis surtout le vainqueur de Coric-Robredo, ce n'est pas du tout cuit. Difficile aussi de savoir à quel point Dimitrov l'a aidé mardi. J'ai vraiment trouvé le Bulgare complètement hors sujet, sans vouloir réduire le mérite de Sock. Mais clairement, il a une vraie chance de disputer son premier huitième en Grand Chelem. Face à Nadal, ce serait un beau cadeau et cela pourrait faire de ce Roland-Garros 2015 une étape importante dans sa carrière.